INTRODUCTION GUERRE DE CORÉE 1partie
GUERRE DE CORÉE 1partie
La guerre de Corée eut lieu de 1950 à 1953 entre les forces de la Corée du Nord communiste, soutenues par la République populaire de Chine et l'Union soviétique, et celles de la Corée du Sud non communiste, soutenues par les États-Unis, les autres puissances occidentales et les Nations unies.
À la conférence de Yalta (du 4 au 11 février 1945), Staline avait promis à Roosevelt que l’URSS entrerait en guerre contre le Japon trois mois après la capitulation de l'Allemagne ; en même temps, les Alliés avaient convenu qu’en Corée les forces japonaises stationnées au nord du 38e parallèle se rendraient aux Soviétiques, et celles qui occupaient le Sud aux Américains. Les Soviétiques intervinrent dans le Nord le 9 août 1945, le lendemain même de la déclaration de guerre au Japon. Pour leur part, les Américains débarquèrent, le 8 septembre suivant, au surlendemain de la proclamation à Séoul d'une éphémère République démocratique par les partis de gauche à majorité communiste qui avaient été actifs dans la résistance à l'occupation japonaise.
Cependant, ni les États-Unis, ni les Soviétiques, ni a fortiori les Coréens eux-mêmes ne considéraient comme définitive la partition de facto de la péninsule coréenne qui découlait de la double présence américaine et soviétique : en effet, une commission mixte américano-soviétique se mit en place dès janvier 1946, mais ses travaux n'aboutirent pas en raison de la tension croissante entre les deux Super-puissances. En septembre 1947, les Américains portèrent la question coréenne devant les Nations unies. L’Assemblée générale de l'organisation désigna alors une commission chargée d’organiser et de superviser des élections libres en tant que préliminaires à la formation d’un gouvernement national. Toutefois, les Soviétiques, qui considéraient les Nations unies comme une organisation liée aux États-Unis (avant la décolonisation, la plupart de ses membres appartenaient au bloc occidental), refusèrent d’admettre la commission dans leur zone d’occupation.
Les partis de gauche de tout le pays, ainsi que des organisations nationalistes antiaméricaines, se réunirent à Pyongyang en avril 1948 et décidèrent le boycott de ces élections. Celles-ci ne furent finalement organisées que dans la zone occupée par les États-Unis, sous la surveillance de l'ONU ; elles portèrent au pouvoir le vieux leader nationaliste et anticommuniste Syngman Rhee, qui avait été le chef du gouvernement coréen en exil constitué en 1919. Le 19 juillet 1948, la République de Corée fut proclamée à Séoul qui devint sa capitale. En réaction, des élections non surveillées par l'ONU furent organisées dans la zone d’occupation ; elles donnèrent la majorité aux partis de gauche dominés par les communistes. En même temps, des élections clandestines se déroulèrent dans le Sud : les délégués ainsi élus vinrent siéger à Pyongyang, où l'Assemblée populaire suprême proclama la République populaire démocratique de Corée. Tout comme la République de Corée, celle-ci prétendait représenter l'ensemble de la péninsule. L'homme fort du nouveau régime nord-coréen était Kim Il-sung, secrétaire général du Parti du travail de Corée et ancien résistant à l'occupation japonaise. Leader d’un petit groupe de partisans coréens à partir de 1930, Kim avait en effet dirigé plusieurs raids contre les avant-postes japonais en Corée à partir de la Mandchourie où, enfant, il s’était réfugié avec ses parents. En 1941, il quitta la Mandchourie, devenue un état fantoche du nom de Manchukuo, et reçut un entraînement militaire en Union soviétique. Il retourna en 1945 dans son pays en tant qu’officier de l’Armée rouge.
Syngman Rhee ou Rhee Syngman, né le 26 mars 1875 et mort le 19 juillet 1965
Syngman Rhee et Kim Il-sung désiraient tous deux réunifier la péninsule, mais chacun selon sa propre idéologie politique. Avec la conscription rétablie en 1947 dans le nord, qui provoqua une certaine résistance armée dans une partie de la population, l'armée nord-coréenne appelée Armée populaire de Corée, équipée en chars et en armes lourdes d'origine soviétique, était davantage en mesure de prendre l'initiative, tandis que l’armée sud-coréenne, en raison d’un soutien américain plus limité après le retrait des troupes d'occupation (décembre 1948 et juin 1949), était en état d’infériorité, matérielle (aucun char et pas d'avion de combat), mais surtout numérique.
Dans les heures précédant l'aube du 25 juin 1950, sous la protection d'un formidable barrage d'artillerie, 135 000 Nord-Coréens franchirent la frontière entre les deux Corées. Le gouvernement nord-coréen annonça que des troupes commandées par le traître et bandit Syngman Rhee avaient traversé le 38e parallèle, et que par conséquent le Nord avait été obligé de riposter à une grave provocation des fantoches de Washington, selon L'Humanité du lendemain. De son côté, Jean-Paul Sartre, compagnon de route du Parti communiste français, affirma que c’était la Corée du Sud qui avait attaqué la Corée du Nord à l'instigation des États-Unis. Conseillée et équipée par les Soviétiques, qui ne s'engageront toutefois jamais ouvertement, l'armée nord-coréenne mit en ligne 7 divisions, 150 T-34, 1 700 pièces d'artillerie, 200 avions de combat et d'importantes réserves. L'attaque nordiste fut dévastatrice. Au moins les deux tiers de la petite armée sud-coréenne (à peine 38 000 hommes répartis sur 4 divisions d'infanterie) étaient alors en permission, laissant le pays largement désarmé. Les Nord-coréens attaquèrent en plusieurs endroits stratégiques, parmi lesquels Kaesong, Chunchon, Uijongbu, et Ongjin. En quelques jours, les forces sudistes, surclassées en nombre et en puissance de feu, furent mises en déroute et durent battre en retraite. Tandis que l'attaque au sol progressait, l'armée de l'air nordiste bombarda l'aéroport de Gimpo à Séoul où se trouvaient les 22 avions de liaison et d'entraînement de l'aviation du sud. Séoul fut prise dans l'après-midi du 28 juin. Les Nord-Coréens n'avaient toutefois pas réussi à atteindre leur objectif principal, à savoir la reddition rapide du gouvernement de Rhee et la désintégration de son armée.
L'invasion de la Corée du Sud (République de Corée, RdC, ROK en anglais) semble avoir été une surprise complète pour les États-Unis et leurs alliés ; quelques jours avant l'offensive nord-coréenne, le 20 juin, Dean Acheson, le nouveau Secrétaire du Département d'État, avait déclaré officiellement au Congrès qu'une guerre était improbable. Truman lui-même fut contacté quelques heures après le déclenchement de l'offensive ; il crut qu'il s'agissait du début de la troisième Guerre mondiale. En tout état de cause, une partie de l'état-major américain aurait accueilli avec enthousiasme l'annonce, espérant pouvoir ainsi endiguer (stratégie du containment) la progression des communistes en Extrême-Orient.
Les Coréens nous sauvent, aurait déclaré le secrétaire d’État Acheson quand il reçut le 25 juin la nouvelle du déclenchement des hostilités. Malgré la démobilisation partielle des forces américaines et alliées après la défaite du Japon, ce qui causa de sérieux problèmes logistiques aux troupes américaines dans la région - hormis les Marines, les divisions d'infanterie envoyées en Corée ne comptaient que 40 % de leurs effectifs et la majeure partie de leur équipement était inutilisable -, les États-Unis avaient encore 83 000 hommes destinés à l'occupation du Japon répartis en 3 divisions d'infanterie plus la 1re division de cavalerie, sous le commandement du général Douglas MacArthur. À part les unités du Commonwealth en Corée, aucune autre nation ne pouvait fournir des renforts importants. Le président Harry S. Truman, à la nouvelle de l'invasion, ordonna à Mac Arthur de transférer des munitions au profit de l'armée sud-coréenne (en anglais ROK Army, ROKA) et de fournir une protection aérienne afin de permettre l'évacuation des citoyens américains. Toutefois, Truman était en désaccord avec ses conseillers, qui voulaient lancer des raids aériens contre la Corée du Nord. Il autorisa cependant la Septième flotte américaine à protéger Taïwan, mettant ainsi fin à la politique américaine de désengagement vis-à-vis du gouvernement nationaliste du Kuomintang, confiné à Taïwan - réplique américaine redoutée par Mao avant l'attaque nord-coréenne -. Tchang Kaï-chek proposa de participer à la guerre, mais cette demande fut rejetée par les Américains au motif que cela ne ferait qu'encourager une intervention des communistes chinois.
CONTRE-ATTAQUE SUD-CORÉENE ET ONUSIENNE
Au Conseil de sécurité des Nations unies, les États-Unis, profitant de l'absence de l'Union soviétique (politique dite du siège vide, pour dénoncer le refus américain d'admettre la Chine communiste au Conseil), firent adopter le 27 juin 1950 la résolution 83 condamnant l'agression nord-coréenne ; le 7 juillet, la résolution 84 leur confia le commandement d'une force onusienne. Seize pays acceptèrent de venir en aide à la Corée du Sud. Parmi ceux-ci, les plus importants étaient la Grande-Bretagne et diverses forces du Commonwealth dont celles du Canada, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande. Parmi les autres participants à la force des Nations Unies, les Philippines, la Turquie, la France, la Belgique, la Grèce, la Thaïlande et la Colombie envoyèrent plusieurs milliers de soldats. Les autres pays participants se limiteront à envoyer des équipes médicales.
En septembre les forces nord-coréennes avaient occupé la quasi-totalité de la Corée du Sud. Les débris de l'armée sud-coréenne ainsi que la 8e armée des États-Unis envoyée en renfort avaient dû reculer jusqu'à être réduits à se défendre au sud-est de la péninsule, dans la petite poche de Busan, parvenant à stabiliser le front le long de la rivière Nakdong avec le secours d'un important appui aérien, empêchant les Nordistes de prendre le contrôle de la péninsule tout entière. Bien qu'encore en attente de renfort de nouvelles forces alliées, le général américain MacArthur décida de lancer une contre-offensive. Le 15 septembre 1950, les marines débarquèrent à Incheon (Opération Chromite), prenant à revers les troupes nord-coréennes et coupant leurs lignes de ravitaillement. Celles-ci, encerclées, se désagrégèrent rapidement et Séoul fut reprise dès le 26 septembre 1950.
Le 30 septembre 1950, les effectifs des forces des Nations Unies, essentiellement américaines, étaient de 230 000 hommes dont 165 000 pour les unités terrestres et 85 000 pour la marine et l'aviation. Le 7 octobre, les troupes des Nations unies franchirent à leur tour le 38e parallèle et pénétrèrent en Corée du Nord. Le 26 octobre, quelques unités atteignirent le Yalu, fleuve délimitant la frontière sino-coréenne.
INTERVENTION DES VOLONTAIRES CHINOIS
La Chine intervint alors de manière non officielle en déployant une armée des volontaires du peuple chinois, Zhōngguó Rénmín Zhìyuàn Jūn). Le 31 octobre, les effectifs terrestres des Nations-Unies étaient montés à 205 000, forces sud-coréennes non comprises ; c'est à cette date que 54 divisions chinoises comptant 270 000 hommes franchirent le Yalu, où elles entrèrent en contact avec des unités américaines.
Fantassins chinois au combat en 1952.
Il s'agissait de la IVe armée populaire, commandée par le général Peng Dehuai. Après des combats acharnés contre les forces chinoises, les Américains et les Sud-Coréens furent repoussés. Les Chinois se retirèrent et les Américains purent ainsi reprendre leur offensive jusqu'à ce que, à partir du 26 novembre 1950, plus d'un demi-million de soldats chinois de l'armée populaire de libération appuyant l'armée nord-coréenne repassent à l'attaque avec une couverture aérienne de l'aviation soviétique. Les forces des Nations unies, éparpillées et mal équipées contre le froid, furent rejetées au-delà du 38e parallèle entrainant dans leur retraite plus d'un million de civils nord-coréens fuyant le régime communiste ; Séoul fut repris par les Nord-Coréens et leurs alliés chinois. On assista en outre à l'évacuation par mer à Hungnam (environ 105 000 soldats, 98 000 civils, 17 500 véhicules et 350 000 tonnes d'équipements) et à Chinnampo du Xe corps d'armée américain et du Ier corps d'armée coréen encerclé par l'ennemi.
Le 4 janvier 1951, les chinois reprennent à nouveau Séoul. Au total, 70 % des membres de l'armée populaire de libération servirent en Corée, soit 2,97 millions de militaires en 3 ans de conflit, auxquels il faut rajouter 600 000 travailleurs civils.
Évacuation de réfugiés nord-coréens par l'US Navy.
RETOUR AU STATU QUO ANTE BELLUM
Pour redresser la situation, MacArthur suggère sans succès de lancer des dizaines de bombes nucléaires sur la Mandchourie et l'intervention des forces chinoises nationalistes du Guomindang. Le général Ridgway, alors commandant de la 8e armée, parvint à reprendre Séoul le 14 mars 1951 suite à plusieurs offensives acharnées et à repousser les forces communistes au-dessus du 38e parallèle. En désaccord avec Truman, MacArthur est limogé le 11 avril 1951 car le président redoutait un affrontement sino-américain dont l'Union soviétique aurait pu tirer profit. Il est remplacé par Ridgway. Le front se stabilisa sur la ligne de démarcation actuelle et bien que l'état-major américain eût planifié des débarquements en Corée du Nord pour réunifier la péninsule, ceux-ci furent suspendus par les autorités politiques car l’idée d’un statu quo ante bellum commençait alors à se répandre.
Durant cette phase, le bataillon français livra encore d'importantes batailles : du 23 mai au 5 juin 1951, la Bataille du Soyang également appelée le Massacre de mai, suivie d'une guerre de position. Du 5 au 10 octobre 1952, la bataille d'Arrow Head stoppe les attaques chinoises.
NÉGOCIATIONS,PROBLÈME DES PRISONNIERS ET ARMISTICE
Le major-général Lee Sang-Jo, officier de liaison nord-coréen a Panmunjeom le 10 avril 1953.
Le 23 juin 1951, Jacob Malik, délégué permanent de l’URSS aux Nations-Unies, insère dans un discours un passage où il suggère une négociation sur la base d'un retour à la situation antérieure : un tel scénario avait débouché deux ans plus tôt sur la levée du blocus de Berlin. Dès le 10 juillet 1951, les délégués des deux camps se rencontrèrent à Kaesong, à proximité de l’ancienne ligne de démarcation. Mais il faudra attendre le 27 juillet 1953 après le décès de Staline pour que les négociations aboutissent à Panmunjeom, mettant fin à un conflit qui aura duré trois ans et causé au moins un million de morts selon la plupart des historiens occidentaux (plus de deux millions selon les Nord-Coréens). Le cessez-le-feu consacra le retour au statu quo ante bellum : en effet, la Zone coréenne démilitarisée entre les deux Corées (coupant le 38e parallèle en diagonale, suivant une bande de 249 km de long sur 4 km de large) fait que la superficie de chacun des territoires des deux Corées seront sensiblement les mêmes qu'au début du conflit avec cependant un petit avantage pour le Sud, la ligne de front s'étant stabilisé un peu au-delà de l'ancienne frontière.
Prisonniers de guerres nord-coréens et chinois dans un camp à Pusan en avril 1951.
La proportion de pertes parmi les prisonniers de guerre sud-coréens et des Nations-Unies dans les camps nord-coréens et chinois atteint selon certaines études aux alentours de 43 %. Le caractère idéologiquedu conflit n’explique pas à lui seul cette extrême surmortalité, davantage conséquence des mauvaises conditions d’hygiène et de nutrition que des actions directes des geôliers, du moins après la première année de guerre. Les négociations sur les prisonniers de guerre furent très âpres et l'une des principales raisons de la lenteur des pourparlers de paix. Le 18 décembre 1951, les Nations-Unies fournirent les noms de 132 000 prisonniers sur 176 000 captifs. Le désaccord dans les chiffres provient du fait que 38 000 soldats nord-coréens étaient en réalité des citoyens du Sud enrôlés de force par le Nord. Il manquait aussi 6 000 morts ou évadés. La liste communiste comprenait les noms de 11 559 prisonniers, en contradiction avec le fait que la radio de Pyongyang, après 9 mois de guerre s'était vantée de détenir 65 000 prisonniers. Mais au 18 décembre 1951, les forces communistes déclaraient détenir 7 145 Sud-Coréens, 3 198 Américains, 919 Britanniques, 234 Turcs, 40 Philippins, 10 Français, 6 Australiens, 4 Sud-Africains, 3 Japonais, 1 Canadien, 1 Grec et 1 Néerlandais.
Des 10 000 Américains manquant, un tiers seulement avaient été retrouvés. Pas un seul des 1 036 prisonniers dont les noms à un moment ou un autre avaient été cités dans les médias du bloc de l'Est n'apparaissait sur la liste. Sur les 110 noms communiqués à la Croix-Rouge, il n'en restait que 44 sur la liste. Plus grave, 50 000 Sud-Coréens disparus avaient été libérés sur les lignes de front selon la Corée du Nord, embrigadés de force dans l'armée du Nord selon les Nations unies. Ce furent les méthodes de rapatriement des prisonniers aux mains des Nations unies qui freinèrent les négociations, la Chine et la Corée du Nord voulant que tous les prisonniers leur soient remis sans conditions tandis que les Nations unies prônaient la liberté de choix. Finalement, la deuxième solution fut adoptée, à la suite de compromis arrachés aux nations communistes qui pouvaient tenter de convaincre leurs citoyens de renoncer à leur choix. Sur les 75 000 prisonniers qui avaient demandé de rester dans le camp occidental, 5 000 renoncèrent à leur projet initial. Le retour des prisonniers se fit en 2 phases : l'opération Petit Échange, en avril 1953, où les Nations unies restituèrent 5 194 militaires et 416 civils nord-coréens tandis que le Nord rendait 471 Sud-Coréens, 149 Américains, 32 Britanniques, 15 Turcs, 6 Colombiens, 5 Australiens, 2 Canadiens, 1 Grec, 1 Sud-Africain, 1 Philippin et 1 Néerlandais. Puis l'opération Grand Échange consista en un échange massif de prisonniers après l'armistice : 70 159 Nord-Coréens et 5 640 Chinois furent rapatriés dans leurs pays respectifs tandis que 7 848 Sud-Coréens, 3 597 Américains et 1 312 membres des autres contingents des Nations unies furent libérés.
Environ 15 000 Chinois et 50 000 Nord-Coréens choisirent de rester au Sud, tandis que 305 Sud-Coréens, 1 Britannique et 21 Américains restèrent dans le Nord (3 Américains changèrent d'avis après coup).
STRATÉGIES, TACTIQUES ET MATÉRIELS
Le conflit qui éclata cinq ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale fait apparaître combien la recherche de la supériorité aérienne devint une priorité absolue pour le commandement des Nations-Unies, c’est-à-dire des Américains. Il vit les premiers combats entre avions à réaction alors que les avions à hélice vétérans de la précédente guerre furent largement utilisés. En effet, le rapport quantitatif des forces terrestres apparut, dès le début des opérations, favorable aux Sino-nord-coréens, de façon écrasante. Afin que ce grave déséquilibre n’entraînât pas un désastre pour les forces terrestres de l’ONU, il fut indispensable d’éviter que des avions nord-coréens ne puissent appuyer leurs troupes au sol. En fait, les forces aériennes nord-coréennes étaient constituées, pour une part importante, de pilotes soviétiques et polonais. La plupart des engagements en combat aérien contre les F-86 américains le fut par des MiG-15 (qui étaient au début du conflit l'un des plus performants au monde) aux mains de pilotes soviétiques (les escadrons soviétiques étaient relevés toutes les six semaines).
Le 64 OIAK (64e corps aérien indépendant de chasse) de l'armée de l'air soviétique déployé depuis février 1950 à Shanghai contre les forces aériennes de Taïwan furent déployé dans la province de Lianing et le 9 novembre 1950, une victoire et une perte au combat contre les forces aériennes américaines furent enregistrées. À cette situation militaire défavorable pour les forces aériennes de l'ONU (en fait américaines) s’ajouta une sévère contrainte politique. Il fut, en effet, interdit aux forces aériennes de l’ONU d’intervenir au sol comme en vol en territoire chinois, base de départ de nombreux raids nord-coréens. La recherche de la supériorité aérienne due donc être conduite plus au sud, dans ce qui fut nommé la MiG Alley : par le biais de la destruction des 75 terrains militaires nord-coréens par la 5e US Air Force, et par l’engagement en vol des forces aériennes ennemies. Même si les engagements furent fréquents dans cette allée, les résultats des destructions en vol furent faibles. En décembre 1952, qui fut un mois particulièrement actif, 3 997 MiG-15 furent aperçus par la chasse américaine, 1 849 furent engagés (46 %), 27 seulement furent abattus c’est-à-dire 1,5 % des avions engagés, la plupart du temps en combat tournoyant. De même, et sur l’ensemble de la guerre de Corée, les pertes d’appareils alliés en vol s’établirent à 44 avions détruits pour 10 000 sorties, soit moins de la moitié du taux de destruction en vol constaté lors de la Seconde Guerre mondiale malgré la pugnacité des pilotes du Nord. Ne pouvant intervenir au-dessus du territoire chinois, l’United States Air Force adopta rapidement la stratégie du containment, c’est-à-dire de l’endiguement, le long de la rivière Yalu, dès lors que les terrains de Corée septentrionale étaient devenus inopérationnels en raison des sévères destructions subies. La souplesse d’emploi de l’arme aérienne autorisa le respect rigoureux de la règle d’or de l’aviation de combat occidentale : la poursuite d’un objectif unique. La concentration des moyens dans le temps et l’espace, la quasi-permanence des sweeps de chasse dans ce quadrilatère, la rapidité des interventions constituèrent les éléments les plus représentatifs de la stratégie aérienne occidentale.
BOMBARDEMENT STRATÉGIQUE DÉVASTATEUR
Dans le même temps, le choix d'intensifier les campagnes de bombardement stratégique s'est traduit par la mort d'un nombre plus important de civils nord-coréens. L'US Air Force a, selon les statistiques officielles, largué 454 000 tonnes de bombes durant les 37 mois du conflit soit 12 270 tonnes par mois (À comparer avec les 537 000 tonnes larguées sur le Japon durant les campagnes du Pacifique, les 47 778 tonnes mensuelles durant l'ensemble de la Seconde Guerre mondiale et les 44 014 tonnes mensuelles durant la guerre du Viet Nam). Selon les Nord-Coréens, plus de 10 000 bombardiers (chiffre cumulatif) ont mené plus de 250 raids aériens sur la seule ville de Pyongyang entre mi-juillet et mi-août 1951, les cibles allant des hôpitaux, aux maisons rurales avoisinant la ville. Le nord de la Corée, bien que ne faisant qu’un tiers de la superficie du Japon, a été bombardé selon eux 3,7 fois plus que ce dernier lors de la Seconde Guerre mondiale, soit 600 000 tonnes de bombes (napalm et autres). L'historien américain Bruce Cummings ajoute que les experts américains en Corée développèrent ainsi une nouvelle forme de guerre aérienne, sophistiquant des méthodes déjà utilisées contre le Japon : La guerre de Corée passe pour avoir été limitée, mais elle ressembla fort à la guerre aérienne contre le Japon impérial pendant la Seconde Guerre mondiale, et fut souvent menée par les mêmes responsables militaires américains. Si les attaques d’Hiroshima et de Nagasaki ont fait l’objet de nombreuses analyses, les bombardements incendiaires contre les villes japonaises et coréennes ont reçu beaucoup moins d’attention.
Toujours selon la même source, Bruce Cummings observe que ces bombardements massifs ne correspondaient pas aux bombardements de précision invoqués par l'armée américaine : Au sein de l’armée de l’air américaine, certains se délectaient des vertus de cette arme relativement nouvelle, introduite à la fin de la précédente guerre, se riant des protestations communistes et fourvoyant la presse en parlant de bombardements de précision.
ENSEIGNEMENT DE LA GUERRE AÉRIENNE POUR LES EXPERTS AMÉRICAINS
Si le conflit de Corée constitue un cas particulier, compte tenu des données politiques et géographiques, il convient toutefois de souligner que les chefs aériens, nourris des riches enseignements de la Seconde Guerre mondiale, surent s’adapter afin d’atteindre rapidement cet impératif de la supériorité aérienne, en complétant l’action de neutralisation des terrains ennemis en Corée du Nord par la fixation des forces aériennes soviétiques et chinoises dans un quadrilatère choisi par eux. Cette stratégie de l’abcès de fixation fonctionna. En effet, le taux de pertes en vol fut faible, inférieur de moitié à celui observé pendant la Seconde Guerre mondiale, et l’appui au sol des forces nord-coréennes, écrasantes numériquement, fut en conséquence insignifiant.
FORCES EN PRÉSENCE NATIONS UNIES
Les forces aériennes des Nations unies sont essentiellement issues des forces américaines. Trois armées aériennes (La 5e, la 13e et la 20e Air Force) sont engagées sous le commandement général de la Far East Air Force. À cela s'ajoutera le groupe aéronaval, comprenant les appareils embarqués sur les 36 porte-avions qui participeront un moment ou un autre au conflit; à noter que le premier navire de ce type sur place fut de la Royal Navy. Environ 80 % des missions d'appui au sol au début de la guerre ont été assurés par des Chance Vought F4U Corsair.
1er janvier 1953 en Corée, des Corsairs survolent un peloton de Marines. Ce vétéran de la guerre contre l'Empire du Japon fut utilisé pour 80 % des missions d'appui au sol des forces de l'ONU
Fin juillet 1953, à la conclusion de la guerre donc, les forces aériennes des Nations unies sont les suivantes : 128 B-26 Invader, 218 F-84 Thunderjet, et 297 F-86 F Sabre ; des P-51 Mustang et F-80 Shooting Star ont également participé à la guerre en grand nombre, sans compter quelques chasseurs de nuit et les hélicoptères et, bien sûr, les quadrimoteurs B-29 basés au Japon ou à Okinawa. Également, plusieurs centaines d’avions embarqués ont participé (F4U Corsair et F9F Panther, entre autres). Un total de 800 pilotes, soutenus par 59 700 personnels au sol, serviront en Corée pour le compte des Nations unies. Il s’agit, encore une fois, principalement de personnel américain.
Un MiG-15 nord-coréen fut remis par un défecteur en 1953 aux forces américaines
La Corée du Nord commence la guerre avec une force aérienne relativement modeste, composée de 239 appareils, tous à moteurs à pistons. On compte 129 Yaks, 43 Il-10S (Version améliorée du célèbre Iliouchine Il-2 Sturmovik), ainsi que quelques Po-2 et autres appareils. Dans les premières semaines du conflit, l’armée de l’air nord-coréenne sera largement surclassée par les forces des Nations Unies, si bien que le 22 juillet 1950, elle est réduite à seulement 65 avions. En fait, l’armée de l’air nord-coréenne ne jouera en elle-même qu’un rôle mineur lors du conflit. Ce sont les Chinois et surtout les Soviétiques qui assureront le gros des combats sans que cela ne soit clairement explicité. En effet il est évident que, malgré la menace nucléaire, les États-Unis n’auraient pas pu faire autrement que de déclarer la guerre à l’URSS s’il était publiquement reconnu que des pilotes et des machines soviétiques combattaient en Corée. À la fin de la guerre, environ 125 Mikoyan-Gourevitch MiG-15 sont directement sous le contrôle des Nord-Coréens.
Dès les derniers jours du mois de juin 1950 la force aérienne chinoise déploie sa première brigade aérienne en Corée du Nord, sa composition est la suivante : 38 MiG-15, 39 La-11, 39 Tu-2 (bombardiers), 25 Il-10 (attaque au sol), et 14 Yak-12 (entraînement). Le 1er septembre 1951, on estime que pas moins de 525 MiG-15 servaient sous les cocardes nord-coréennes. Début juin 1952, les forces aériennes de la Chine populaire sont de l’ordre de 1 830 avions dont un millier de chasseurs. Le 31 juillet 1953, la Chine populaire possède encore sur le théâtre coréen neuf corps de chasseurs (près de 500 MiG-15) et deux corps de bombardiers (54 Tu-2). Malgré des effectifs qui apparaissent donc comme non négligeables, les forces aériennes communistes ne furent jamais en mesure de soutenir efficacement leur armée de terre et encore moins d'agir stratégiquement sur les arrières américains.
IMPLICATION SOVIÉTIQUE.CHINOISE ET MONGOLE
Les Soviétiques fourniront, avec les Chinois, une grande partie de l’effort de guerre aérien. En effet, les pilotes nord-coréens étaient loin d’être aussi bien formés au maniement des fameux MiG-15 que les affrontements ne le laissaient entendre. À plusieurs reprises, des pilotes occidentaux rapporteront avoir pu clairement apercevoir des pilotes de MiG-15 à la carrure trop forte pour des asiatiques, des Russes probablement. Le 10 octobre 1950, Staline promet d’envoyer à la Corée du Nord du matériel militaire et de transférer pas moins de 16 régiments de l’aviation soviétique afin de garantir la protection des territoires chinois et nord-coréen. Ce sont près de 72 000 Soviétiques qui serviront, sur trois années, en Corée et en Chine. L'historiographie soviétique n'a pas tardé à reconnaître et revendiquer cette participation destinée à accomplir son devoir internationaliste. Il faut aussi compter avec une intervention terrestre de la Mongolie extérieure : un pays qui fut le deuxième pays socialiste par ordre chronologique de formation (1920). Cela ajoutera à la qualité supérieure des pilotes chinois et surtout soviétiques qui fit de l’Armée de l’Air nord-coréenne un opposant redoutable aux forces de l’ONU.
Mécaniciens préparant un MiG-15bis soviétique au combat sur une base chinoise en 1952.
Cela est d'autant plus vrai que, avant la mise en service du F-86 Sabre, les États-Unis et leurs alliés ne disposent d’aucun avion capable de rivaliser avec le MiG-15, le meilleur chasseur du monde à cette époque. Afin de pouvoir combattre plus efficacement le MiG-15, les États-Unis tenteront par tous les moyens d’en obtenir un exemplaire intact. Devant le peu de volonté à la défection dans les rangs communistes, ils iront jusqu’à offrir en avril 1953 une récompense de 100 000 dollars (une forte somme pour l’époque, assortie de la promesse d'un asile politique) pour un appareil intact. Aucun MiG-15 cependant ne se présentera avant la fin de la guerre et ce n’est qu’en septembre 1953 qu’ils obtiendront un appareil des mains d’un déserteur qui affirmera ne pas être au courant de la récompense promise.
RAPPORTS D'ENGAGEMENTS
Au 25 juin 1951, les Nations Unies revendiquent 391 avions détruits ou endommagés au cours de la première année de guerre. Les pertes sont les suivantes : 188 chasseurs, 33 bombardiers, 9 transports et 17 divers. Ce jour, 89 F-86 "Sabre" sont déployés en Corée et le nombre total de MiG-15 disponibles pour les communistes est de l’ordre de 445. Le 1er juillet de la même année, les Nations unies reconnaissent la perte de 246 appareils (surtout due à la DCA selon eux), 857 morts et disparus. Plus de 200 MiG sont revendiqués comme ayant été détruits. En avril 1952, Les Nations unies rapportent 243 avions détruits et 290 avions endommagés en un mois. Un total de 771 avions aurait été détruit par la DCA Nord Coréenne du 1er septembre 1951 au 30 avril 1952. Les Américains affirment de plus que le rapport MiG détruits pour F-86 détruits est de 11 pour 1. Le 26 juin 1952, les statistiques suivantes sont publiées par les Nations unies.
Nations unies : 1 180 victoires confirmées, dont 336 MiG, 75 victoires probables, 513 avions endommagés.
Communistes : 637 victoires confirmées (DCA comprise).
Ces chiffres sont à considérer avec précautions tant les annonces de victoires par rapport aux pertes subies par les deux camps sont discordantes. Ainsi que l'USAF annonce avoir perdu 16 bombardiers B-29 au combat, les pilotes soviétiques revendiquent 66 destructions en combat aérien de cet appareil sans compter les revendications chinoises et nord-coréennes. La United States Far East Air Force (FEAF) a perdu un total de 1 406 avions (accidents compris) et a eu 1 144 hommes tués et 306 blessés au cours de la guerre. Trente hommes de la FEAF qui avaient été portés disparus ont finalement été renvoyés au contrôle militaire, 214 prisonniers de guerre ont été rapatriés sous les termes de l'accord d'armistice, tandis que 35 hommes étaient toujours détenus en captivité en juin 1954. À partir du moment où les forces communistes refluent, l’essentiel des combats aériens entre les chasseurs des Nations unies et des communistes se dérouleront dans la zone connue sous le nom de MiG Alley. Opérant depuis des bases situées sur le territoire chinois, les MiG-15 parviendront à s’opposer avec succès aux forces occidentales, forçant notamment les bombardiers B-29 à ne plus opérer que de nuit. Même lorsque la situation au sol sera largement en leur défaveur, les pilotes communistes continueront d’effectuer des sorties pour contester la supériorité aérienne des Nations unies.
La zone de la MiG Alley correspond à tout ce qui se trouve à l’ouest du triangle formé par les villes de Huichon, Changju et Sinanju (en Corée du Nord actuelle). Les avions occidentaux avaient l’interdiction de franchir la frontière chinoise pour attaquer les bases des escadrons de MiG mais, dans le feu de l’action, plusieurs avions franchirent effectivement cette frontière. À la fin de la guerre, la République populaire démocratique de Corée publie un rapport qui estime les dommages lui ayant été infligés par l’arme aérienne :
Plus de 8 700 usines détruites.
Plus de 600 000 maisons détruites.
6 000 écoles et hôpitaux détruits.
En tout, 40 % du potentiel industriel du pays aurait été détruit. On notera la dramatisation de ce rapport qui insiste sur les destructions causées aux écoles, hôpitaux et maisons alors que les combats firent des dégâts similaires au sud, ce qui n’est pas mentionné.
La puissance aérienne joua un rôle clé : pour la première fois dans l’histoire, on fit usage en conditions opérationnelles d’avions de combat à réaction (si l'on excepte le cas du Me 262). La Chine était devenue une puissance aérienne et militaire majeure. La moitié de ses 1 400 chasseurs était des MiG-15 construits par les Soviétiques, avions considérés à juste titre comme étant les meilleurs du monde. Opérant à partir de bases situées en Mandchourie et ne s’aventurant que très rarement au-dessus des lignes de l’ONU, les MiG-15 menacèrent néanmoins la suprématie aérienne de cette dernière, en particulier au-dessus de la MiG Alley.Il fallut attendre que les États-Unis produisent les F-86 Sabre pour que les forces de l’ONU aient enfin à disposition un avion capable de rivaliser avec le MiG-15.
EMPLOIE DES ARMES BIOLIGIQUES AMÉRICAINES
Dans une note datée du 21 décembre 1951, le secrétaire d'État américain à la Défense, Robert Lovett, demanda aux chefs d'état-major interarmes (Joint Chiefs of Staff) de fournir des directives pour l'emploi d'armes chimiques et bactériologiques. De 1938 à 1945, confrontée au même problème de l'énorme supériorité numérique chinoise, l'armée impériale japonaise avait employé à maintes reprises ces armes contre les troupes ennemies et les populations civiles, notamment lors de la bataille de Changde. Les Américains avaient par la suite soigneusement récupéré les résultats des travaux de Shiro Ishii en échange d'une exonération de poursuite devant le Tribunal de Tokyo, accordée à tous les membres de ses unités de recherche par Douglas MacArthur. Selon la Chine et la Corée du Nord, ces armes auraient été utilisées par les américains sur une grande échelle dès le début de l'année 1952. L'utilisation de l'arme biologique fut mise en cause, à tort, le 22 février 1952 lorsque le ministre des Affaires étrangères nord-coréen, Pak Hon-yong, accusa officiellement les Américains d’avoir répandu en Corée du Nord des insectes-vecteurs diffusant la peste, le choléra et d’autres maladies. Deux jours plus tard, Zhou Enlai porta la même accusation et, le 8 mars, il affirma qu’entre le 29 février et le 5 mars des avions américains avaient répandu à soixante-huit reprises des insectes porteurs de germes pathogènes sur la Mandchourie.
Le 12 mars 1952, le secrétaire d’État américain Dean Acheson sollicita officiellement le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de mener une enquête dans les régions signalées par les Nord-Coréens et les Chinois. Le CICR présenta sa requête le même jour à la Corée du Nord et à la Chine, puis de nouveau le 28 mars, le 31 mars et le 10 avril. Ses démarches ne reçurent jamais de réponse de la part des autorités chinoises et nord-coréennes. Les États-Unis soumirent alors au Conseil de sécurité des Nations unies un projet de résolution en vertu de laquelle le CICR serait invité à mener des investigations en Chine et en Corée du Nord. Malgré dix voix sur onze en faveur de la motion américaine, le projet de résolution ne put être adopté, l'URSS y mettant son veto. Après une nouvelle initiative américaine à l’ONU, en avril 1953, elle se déclara prête à retirer ses accusations, à condition que les États-Unis, de leur côté, renoncent à demander une investigation. Dès lors, il paraissait clair que les allégations de la Corée du Nord reposaient sur des preuves forgées de toutes pièces. Ce fut effectivement le cas. En effet, des documents soviétiques publiés en 1998 évoquent une mise en scène macabre organisée par les Nord-Coréens et leurs conseillers soviétiques. Ainsi, le 18 avril 1953, le lieutenant-général V. N. Razuvaev, ambassadeur soviétique en Corée du Nord, informa Beria, membre du Politburo et chef de la Sécurité d'État, le futur KGB, qu’en février/mars 1952, en collaboration avec des conseillers soviétiques, un plan d’action avait été imaginé par le ministère de la Santé nord-coréen) et que, par la suite, les mesures suivantes furent prises : mise en quarantaine de régions qu’on prétendait infectées de la peste ; enfouissement de cadavres dans des fosses communes, puis révélation de ces charniers à la presse internationale ; envoi à Pékin de matériel en vue de son exhibition, avant l’arrivée prévue des deux commissions internationales autorisées à l'examine.
L'armistice ne met pas fin aux incidents de frontières et raids de commandos venus du Nord attaquer le Sud et la tension reste vive entre les deux Corées. Le 27 mai 2009, dans le cadre de la crise nucléaire nord coréenne, la Corée du Nord estime ne plus être liée par l'armistice qui a fait cesser les combats de la guerre de Corée. La guerre du Crabe depuis les années 1990 a occasionné plusieurs batailles navales. À l'issue du second sommet inter-coréen des chefs d'État le 4 octobre 2007, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il et le président sud-coréen Roh Moo-hyun s'engagent en faveur d'un accord de paix dans la péninsule coréenne. Cependant en 2009 et 2010, des accrochages maritimes ont eu lieu le long de la Northern Limit Line (NLL), prouvant une nouvelle fois que les conflits inter-coréens sont toujours d'actualité.
Fin mars 2013, la Corée du Nord (gouvernée par Kim Jong-un) met fin aux traités de paix avec la Corée du Sud et annonce être de nouveau en état de guerre.
Engagée dans la guerre d'Indochine, la France apporte une participation réduite mais néanmoins marquante à l'appel des Nations unies. Cela s'est traduit par le détachement de l'aviso colonial La Grandière chargé des missions de protection des convois maritimes participant au renfort du périmètre de Pusan et au débarquement de Incheon, ainsi que par l'envoi de 3 421 hommes formant le bataillon français de l'ONU, intégré, avec des renforts coréens et deux bataillons américains, dans les effectifs du 23e régiment de la 2nd Indianhead Infantry Division. Cette division s'est illustrée dans plusieurs faits d'armes qui lui ont valu plusieurs citations. À l'issue de la guerre, le bataillon a eu 287 tués, dont 18 Coréens, 1 350 blessés, 12 prisonniers et 7 disparus.