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LE CANADA ET LA GUERRE DE CORÉE 1 partie

L'histoire de la Corée est marquée de conquêtes successives. Longtemps dominée par la Chine, la péninsule passa aux mains des Japonais en 1910, après la guerre entre la Russie et le Japon.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les chefs d'État des pays alliés de la Grande-Bretagne, des États-Unis et de la Chine se rencontrèrent pour décider du sort du Japon et des territoires qu'il avait conquis une fois les hostilités terminées. Dans leur déclaration au Caire, en novembre 1943, ils promirent qu’en temps opportun, la Corée deviendrait libre et indépendante.

Lorsque le Japon se rendit en 1945, l'Union soviétique occupait la Corée du Nord, tandis que les États-Unis contrôlaient la Corée du Sud. Le 38e parallèle fut choisi comme ligne de démarcation. On présumait que l'occupation serait temporaire et qu'un pays unifié et indépendant serait éventuellement formé.


Malheureusement, la défaite des puissances de l'Axe en 1945 n'apporta pas la paix dans le monde. Les alliés occidentaux se trouvèrent bientôt engagés dans une nouvelle lutte contre leur ancien allié, l'Union soviétique. Comme la guerre froide se répandait dans d'autres parties du monde, en Corée le 38e parallèle se transformait graduellement en une frontière permanente. Au nord, les Russes avaient établi un régime communiste qu'ils alimentaient en armes. Dans le sud, les États-Unis avaient installé une démocratie chancelante sous la gouverne de Syngman Rhee. Compliquée par la frontière artificielle, la situation politique et économique devenait de plus en plus désespérée et en 1946, Syngman Rhee réclamait la fin du morcellement de son pays.

En septembre 1947, les États-Unis annoncèrent leur intention de soumettre toute la question aux Nations Unies. L'Union soviétique répliqua en suggérant que les deux parties retirent leurs forces et laissent les Coréens libres de choisir leur propre gouvernement. Les Américains rejetèrent cette proposition qui aurait laissé les Sud-Coréens à la merci du Nord fortement armés; ils soumirent la question à l'Assemblée générale des Nations Unies.

Le 14 novembre 1947, l'Assemblée créa une commission temporaire sur la Corée afin de surveiller des élections libres par scrutin secret et de contrôler le retrait des forces d'occupation. Puisque les communistes refusèrent l'accès à la Corée du Nord à la Commission, celle-ci reçut l'ordre de mettre en oeuvre le programme dans les parties du pays où elle pouvait se rendre. Le 10 mai 1948, des élections eurent lieu en Corée du Sud; le 15 août, le gouvernement de la République de Corée était formé. Ce gouvernement fut reconnu par l'Assemblée générale des Nations Unies. L'Union soviétique créa immédiatement en Corée du Nord la République démocratique populaire de Corée sous le contrôle d'un chef communiste de guérilla, Kim II Sung.


En décembre, l'Union soviétique annonça qu'elle retirait ses troupes de la Corée du Nord forçant ainsi les États-Unis à faire de même en Corée du Sud. L'armée sud-coréenne, munie d'armes portatives et de mortiers et dépourvue de chars, d'artillerie lourde ou d'avions, était laissée à la merci des forces nord-coréennes nombreuses et bien armées.

Comme les deux parties en cause réclamaient le droit de gouverner toute la Corée, il y eut des escarmouches à la frontière. Des patrouilles de la Corée du Nord commencèrent à envahir la République du Sud et la commission des Nations Unies donna à plusieurs reprises l'alerte d'une guerre civile imminente.


Le 25 juin 1950, les Forces armées nord-coréennes franchissaient le 38e parallèle pour pénétrer dans la République de Corée. Cet événement marquait le début des hostilités qui devaient faire rage pendant plus de trois ans dans ce pays que ses habitants avaient baptisé le Pays du matin calme. L'importance de cette attaque démontrait qu'il s'agissait bien là d'une invasion en règle.

C'était la première attaque ouvertement lancée depuis la fondation de l'Organisation des Nations Unies (ONU) et la réaction de cet organisme revêtait une grande importance pour son prestige et sa crédibilité, en fait pour son avenir même. L'ONU déclara que cette invasion rompait la paix et 16 pays membres réunirent leurs forces pour combattre cette agression.

La participation du Canada, dépassée seulement par celles des États-Unis et de la Grande-Bretagne, témoignait de la volonté de notre pays de défendre les idéaux des Nations Unies et de prendre les armes pour sauvegarder la paix et la liberté. Au total, 26 791 Canadiens ont servi pendant le Conflit coréen et environ 7 000 ont continué à servir sur le théâtre des opérations entre le cessez-­le-­feu et la fin de 1955. Les noms de 516 Canadiens morts au combat figurent dans le Livre du Souvenir sur la Corée.

La participation canadienne au cours de ces hostilités marquait un revirement dans notre politique traditionnelle. C'était le début d'une nouvelle ère de participation aux affaires internationales au cours de laquelle on assista au déploiement des troupes canadiennes autour du monde dans des équipes de trêve, des commissions de maintien de la paix et des forces d'urgence. Une nouvelle page de la fière histoire militaire du Canada était écrite.

Le présent ouvrage est dédié aux Canadiens qui ont servi dans les Forces armées, dans les montagnes et les rizières, sur mer et dans les airs, pour freiner l'agression et rétablir la paix mondiale.

LE COMBAT À KAPUOMG

Il était évident que les Chinois se préparaient à une contre-attaque en force. Leur retraite antérieure leur avait permis de redresser leur ligne, d'installer leurs forces sur un terrain élevé au nord de la rivière Imjin, de remplacer leurs troupes fatiguées et de réorganiser leur matériel.

Dans la nuit du 22 au 23 avril 1951, les forces chinoises et nord-coréennes attaquèrent dans les secteurs ouest et centre-ouest. Les 1er et 9e Corps d'armée américains reçurent tous deux l'ordre de se replier. Dans le secteur du 9e Corps d'armée, c'est la 6e Division de la République de Corée qui essuya l'offensive. Écrasée et forcée de battre en retraite, elle était dangereusement menacée d'être coupée du reste des troupes et d'être complètement détruite.

Heureusement, l'emplacement qu'occupait la 27e Brigade du Commonwealth, qui était alors en réserve, constituait une route idéale d'évasion que pouvaient emprunter les Sud-Coréens. Ce secteur se trouvait dans la vallée de la Kapyong près de l'endroit où elle rencontrait la rivière Pukhan. À cet endroit, la largeur de la vallée atteignait quelque 2 800 mètres. Au nord, elle se rétrécissait, décrivait un méandre et était dominée par les collines avoisinantes. De ces collines, on pouvait contrôler les entrées et les sorties de la vallée. Une position défensive y fut installée : le 3e bataillon du Royal Australian Regiment s'installa sur la côte 504; le 2ebataillon du PPCLI s'accrocha à la côte 677 et le 1er Régiment du Middlesex se fixa au sud des Patricias.

Les premiers à subir l'attaque, les Australiens résistèrent à un engagement massif durant la nuit du 23 au 24 avril. Le lendemain, l'infiltration chinoise s'intensifia, forçant les Australiens à se retirer sous un feu nourri. Le retrait des Australiens exposa aux attaques ennemies les positions des Patricias. Les postes du bataillon étaient répartis sur le versant nord de la côte 677 : la compagnie (A) à la droite, la compagnie (C) au centre et la compagnie (D) sur le flanc gauche.

La compagnie (B), qui occupait d'abord une saillie devant la compagnie (D), fut retirée plus au sud sur une colline immédiatement à l'est du poste de commandement tactique. De cet endroit, elle pouvait observer l'ennemi concentrer ses troupes à travers la vallée de la Kapyong vers le nord et l'est, près du village de Naechon. Vers 22 heures, l'ennemi commença à bombarder au mortier les positions des Patricias et, peu de temps après, le peloton de tête subit l'attaque. Celui-ci fut partiellement débordé mais put se désengager et rejoindre les postes du restant de la compagnie d'où l'on put préparer une contre-attaque.

Pendant que la compagnie (B) subissait l'attaque, l'ennemi s'efforça également d'infiltrer d'autres points, y compris une tentative contre le poste de commandement tactique. Ces attaques furent repoussées par le tir de mitrailleuses et de mortiers du bataillon.

En raison de sa position exposée du côté nord-ouest, la compagnie (D) supporta le fort de l'attaque suivante lorsque l'ennemi l'assaillit en grand nombre des deux flancs. Lorsqu'un peloton et un groupe de mitrailleurs furent débordés et un autre peloton retranché, le commandant de compagnie fit appeler un tir d'artillerie sur sa propre position. Après deux heures de combat acharné, l'avance ennemie fut freinée. Pendant toute la nuit, l'ennemi renouvela ses attaques qui furent toutes repoussées par le tir d'artillerie. À l'aube, la pression s'évanouit et la compagnie (D) put réoccuper ses anciennes positions.

Bien que les Patricias aient maintenu leurs positions, le bataillon était encerclé et la voie d'approvisionnement contrôlée par l'ennemi. Ses réserves de munitions et ses rations d'urgence épuisées, le lieutenant-colonel Stone demanda l'approvisionnement aérien. Celui-ci lui fut parachuté à peine quelques heures plus tard. Vers 14 heures la route menant à la position du PPCLI fut réouverte après que le régiment du Middlesex eut balayé les troupes ennemies de son arrière.

Pendant ces combats, les Canadiens avaient maintenu leur position, vitale à la défense de la brigade, tout en infligeant de lourdes pertes à l'ennemi. Le nombre peu élevé des pertes (10 morts et 23 blessés) que les Patricia savaient eux-mêmes subies, témoignent de l'habileté et de l'excellente organisation avec lesquelles la défense fut assurée. En récompense de leur bravoure à Kapyong, le président des États-Unis octroya la citation présidentielle au 2e bataillon du Princess Patricia's Canadian Light Infantry et au 3e bataillon du Royal Australian Regiment.

Le 1er mai, l'offensive ennemie avait pris fin. Les 1er et 9e Corps d'armée américains détenaient alors une ligne irrégulière d'environ 30 kilomètres au sud du 38e parallèle, formant un arc au nord de Séoul. On prépara immédiatement des plans pour réoccuper la ligne Kansas, le nom codé d'une chaîne de collines juste au nord du 38eparallèle. En même temps on renforça la position défensive contre toute possibilité d'une nouvelle attaque chinoise. Au nord, les Chinois avaient déplacé leurs troupes vers l'est en vue d'un assaut contre le secteur occupé par la 8e Armée.

APPUI AÉRIEN ET NAVAL

Bien que le récit des hostilités en Corée soit dominé par les combats des forces terrestres contre l'ennemi dans les collines, les marécages et les rizières, sous les pluies torrentielles et la neige, il faut souligner que toutes les étapes de la campagne de Corée consistaient en des opérations conjuguées au cours desquelles les forces des Nations Unies sur mer et dans les airs jouèrent un rôle vital et prépondérant. Un des principaux délégués communistes aux pouparlers d'armistice en août 1951 affirma que : Sans l'appui de vos forces aériennes et navales ONU, vos forces terrestres auraient été chassées de la péninsule coréenne par nos forces terrestres puissantes et aguerries. Il ne fait aucun doute que l'appui aérien et naval fut vital aux accomplissements des Nations Unies en Corée.

APPUI AÉRIEN


Dès le tout début de la guerre, les forces des Nations Unies jouissaient d'une suprématie complète des airs au-dessus du champ de bataille. Les forces aériennes nord-coréennes furent détruites au cours de l'été de 1950 et l'entrée des forces chinoises dans la guerre en novembre de la même année ne changea rien à la situation. Leurs avions à court rayon d'action, construits en Russie, exigeaient des terrains d'atterrissage en Corée et ceux-ci furent détruits avec succès par des bombardiers américains. Les bombardiers lourds des Nations Unies atteignirent des objectifs aussi loin au nord que le fleuve Yalu, frontière avec la Mandchourie, et infligèrent de lourdes pertes et des dommages énormes aux tunnels. Les chasseurs pilonnaient sans relâche les positions avancées de l'ennemi, le contraignant à déplacer hommes et matériel pendant la nuit, tandis que les reconnaissances aériennes facilitaient la tâche des troupes terrestres des Nations Unies dans leurs opérations.

La participation canadienne à l'effort aérien commença au tout début de la guerre avec le détachement du 426e escadron de transport de l'ARC auprès du Service du transport aérien militaire des États-Unis. En juin 1954, lorsque cette affectation prit fin, cette unité avait effectué 600 vols aller-retour au-dessus du Pacifique, transportant ainsi plus de 13 000 passagers et 3 000 000 kilos de marchandises et de courrier sans subir une seule perte.

Vingt-deux pilotes de combat de l'ARC et un certain nombre d'officiers techniciens ont servi dans la 5e Armée de l'air américaine. Les Canadiens portèrent à leur crédit 20 chasseurs ennemis détruits ou endommagés, ainsi que la destruction de plusieurs trains et camions ennemis.

APPUI  NAVAL

La Corée étant une péninsule, elle présentait une situation assez spéciale à l'appui naval. Pour assurer cet appui, un total de huit navires de la Marine royale du Canada (MRC) se joignit à la marine des Nations Unies et à celle de la République de Corée pour exécuter une grande variété de tâches. Ils maintinrent un blocus permanent de la côte ennemie, empêchèrent l'ennemi d'effectuer des débarquements amphibies, protégèrent les porte-avions de la menace d'attaques aériennes et sous-marines et appuyèrent les forces terrestres des Nations Unies en bombardant les zones côtières occupées par l'ennemi. De plus, ils protégèrent les îles amies et apportèrent aide et soulagement aux personnes malades et dans le besoin des villages de pêcheurs isolés de la Corée du Sud.

La destruction de l'armée de l'air nord-coréenne et de sa petite flotte de canonnières au tout début de la guerre avait pratiquement éliminé le danger d'attaques ennemies contre les navires des Nations Unies. Il restait cependant le danger des mines ennemies et des tirs de canons des batteries côtières, ainsi que celui que présentaient la géographie et le climat de la région.

Le 5 juillet 1950, seulement 11 jours après le début des hostilités, les navires Cayuga, Athabaskan et Sioux quittaient Esquimalt sous le commandement du capitaine J.V. Brock. Le 30 juillet, date locale, les destroyers canadiens arrivaient au port de Sasebo, au Japon, prêts à entrer dans la bataille pour établir la tête de pont de Pusan en Corée. Avant la fin de la guerre en 1953, cinq autres navires canadiens devaient aussi servir dans la Division des destroyers canadiens, en Extrême-Orient, au cours de la campagne de Corée : les navires Nootka, Iroquois, Huron, Haida et Crusader.

Comme la force navale canadienne en Corée se composait seulement de destroyers, il fallait habituellement les utiliser séparément. Ce n'est donc que très rarement que les navires canadiens servirent côte à côte dans les eaux coréennes. Ils furent d'abord rattachés au commandement britannique pour maintenir le blocus de la côte ouest, mais ils prirent également leur tour de service dans les opérations près de la côte est.

Dès leur arrivée, les destroyers canadiens furent chargés de fonctions d'escorte et de patrouille, car le besoin immédiat le plus urgent était le transport rapide d'hommes de troupe à la tête de pont assiégée de Pusan. En août, ils se déplacèrent vers la côte ouest de la Corée où ils prirent part au bombardement des positions ennemies et aidèrent au débarquement des forces de la République de Corée dans les îles nord-coréennes. Les trois navires participèrent ensemble à des opérations pour la première fois en septembre 1950 afin d'appuyer les débarquements d'Inchon. Aidés de quelques vaisseaux légers sud-coréens, les navires canadiens avaient pour mission particulière de protéger un flanc de la force d'invasion. Ils exécutèrent cette tâche sans rencontrer d'opposition ennemie.

Après les débarquements d'Inchon et les succès remportés par les Nations Unies à l'automne de 1950, il semblait que la guerre serait bientôt finie, mais l'intervention chinoise transforma complètement la situation. En décembre, des ordres furent donnés afin d'évacuer Chinnampo, le port de Pyongyang, et de préparer le retrait d'Inchon.

Le groupement stratégique du capitaine Brock, la plus grande force navale se trouvant dans la région, se composait de six destroyers, dont trois navires canadiens, deux australiens et un américain. Cette force fut chargée de protéger la flotte de retrait. La situation militaire était grave. Il y avait danger que l'ennemi attaque le port. Par conséquent, les destroyers reçurent l'ordre d'entrer dans le port et d'être prêts à fournir un tir de canon d'appui.

Dès qu'il eut reçu un message décrivant l'urgence de la situation à Chinnampo, à la fin de la journée du 4 décembre 1950, le capitaine Brock ordonna aux six destroyers de remonter la rivière Taedong à la faveur de la nuit afin d'atteindre le port situé à environ 32 kilomètres en amont. C'était une entreprise dangereuse. Le chenal, étroit et peu profond, avait été truffé de mines par les Nord-Coréens. Deux navires s'échouèrent et durent rebrousser chemin pour être réparés. Les quatre autres destroyers, guidés par le Cayuga, continuèrent à remonter lentement et avec précaution le chenal au cours d'un voyage particulièrement harassant dans l'obscurité et à marée basse. Après avoir terminé cette opération dangereuse, la force navale monta la garde contre toute attaque ennemie qui, heureusement, ne se produisit pas.

Une fois les troupes évacuées en sécurité, les destroyers bombardèrent le port afin de détruire les voies ferrées, les installations portuaires, ainsi que d'énormes approvisionnements de matériel stratégique qu'il avait fallu abandonner. Le lendemain, 6 décembre 1950, tous les navires avaient quitté le chenal et le capitaine Brock signalait que sa mission avait été accomplie avec succès.

Du 20 novembre 1950 au début de janvier 1951, pendant que les forces terrestres des Nations Unies subissaient de lourds échecs, les navires canadiens demeurèrent presque continuellement de service le long de la côte ouest. En plus de leur fonction de protection des porte-avions, ils escortèrent les navires marchands, effectuèrent des patrouilles de blocus et assurèrent une protection antiaérienne et un appui général aux forces évacuant Inchon. Le 22 décembre, l'Athabaskan fut retiré du service afin de subir des réparations et des travaux géneraux d'entretien. Le Sioux retourna à Sasebo le 2 janvier afin de se préparer à son retour au Canada, et fut remplacé par le Nootka. Le Cayuga, après avoir établi un record pour le Commonwealth avec 50 jours de patrouille, rejoignit les autres vaisseaux à Sasebo le 8 janvier.

À la mi-janvier 1951, les destroyers canadiens essuyèrent le feu ennemi pour la première fois au cours du Conflit coréen lorsqu'ils se joignirent aux forces des Nations Unies pour bombarder le port d'Inchon, alors aux mains de l'ennemi. Pendant que les navires Cayuga et Nootka quittaient le port d'Inchon le 25 janvier, l'ennemi ouvrit le feu. Heureusement, les canons ennemis étaient imprécis. Les navires firent machine arrière, et avec leurs canons de quatre pouces, firent taire les batteries côtières. Le Cayuga fut à nouveau attaqué par des tirs ennemis lors de son retour à Inchon deux jours plus tard, mais encore une fois, s'en tira indemne tout en poursuivant le bombardement.

À l'exception de ces combats, les premiers mois de 1951 furent assez calmes pour les navires canadiens. Ils consacraient la majeure partie de leur temps à la protection des porte-avions. C'était une tâche difficile, mais généralement sans imprévu. Les destroyers avaient mission de les protéger contre les attaques aériennes et sous-marines et les équipages devaient être toujours vigilants.

Un certain nombre de changements à l'égard des navires canadiens furent apportés au cours du printemps et de l'été de 1951. En mars, le Cayuga rentra au Canada et fut remplacé par le Huron. En mai, le Sioux retourna sur le théâtre de guerre afin de prendre la relève de l'Athabaskan. En juillet et en août, le Nootka et le Huron quittèrent la Corée à destination du Canada tandis que le Cayuga et l'Athabaskan retournèrent pour une deuxième période de service.

La période des offensives et des contre-offensives terrestres qui s'étendit d'avril à juin 1951 fut également une époque fort occupée pour les navires canadiens car ils commencèrent à mener des opérations beaucoup plus fréquentes sur la côte est et à effectuer de plus nombreuses patrouilles de blocus. Une patrouille régulière comprenait habituellement le bombardement des voies ferrées, des routes, des installations d'artillerie et de nombreux autres objectifs.

Sur la côte ouest, la protection des îles ayant une valeur stratégique devint une part importante des opérations des navires de ces unités spéciales. Sur la côte est, le port de Wonsan devint le point central des opérations navales.

Au cours des derniers mois de 1951, pendant que les négociations de trêve se poursuivaient sporadiquement, les forces aériennes et navales assistèrent à un accroissement des combats en raison d'attaques ennemies contre les îles. La chute de Taehwa illustre bien la difficulté de défendre ces îles. Cette île, située à l'intérieur du golfe Yalu à moins de deux kilomètres de deux petites îles aux mains des communistes, était défendue par deux officiers de l'armée américaine et un petit groupe de guérilleros coréens. Pendant plusieurs mois, les destroyers canadiens avaient participé à l'approvisionnement et à la défense de l'île. Puis, dans la nuit du 30 novembre 1951, une flottille de petites jonques en bois et d'embarcations pneumatiques franchit le bras de mer à la dérive pour atteindre les plages du nord. Les destroyers canadiens, munis d'installations de radar modernes, n'étaient pas de service dans le secteur cette nuit-là et, lorsque les embarcations furent détectées, il était déjà trop tard. Les troupes communistes bien armées envahirent rapidement les défenses des guérilleros.

Au début de 1952, la situation en Corée était sombre car les pourparlers de trêve étaient dans une impasse. Les opérations navales cependant se poursuivirent comme à l'habitude pendant toute l'année. Les destroyers canadiens s'occupèrent principalement d'activités de défense des îles, de protection des porte-avions et de patrouilles côtières. Sur la côte ouest, le secteur de Haeju, en particulier, devint le théâtre d'une activité navale canadienne intense. Ce secteur, qui s'étend de l'extrémité est de la baie de Haeju-man jusqu'à l'île de Kirin, se compose d'une agglomération hétéroclite d'îles et de péninsules fortement découpées. Pour le Nootka (revenu sur le théâtre des combats pour prendre la relève du Sioux en février), ce secteur devait être la scène d'une période fort occupée. Pendant qu'il opérait dans le voisinage de Haeju, au cours de la seconde moitié de juillet et des premiers jours d'août, il débarqua quotidiennement des équipes du service des renseignements militaires et à sept reprises se trouva sous le feu de l'ennemi. Heureusement, il n'y eut aucune perte.

C'est en octobre 1952 que la Marine royale du Canada devait déplorer ses premières et seules pertes dans la guerre. Au cours d'une patrouille le long de la côte est, l'Iroquois fut atteint d'un coup direct par une batterie côtière. Trois hommes furent tués et dix autres blessés.

En novembre 1952, le Nootka et l'Iroquois repartirent pour le Canada; l'Athabaskan retourna sur le théâtre de guerre pour y accomplir une troisième période de service, et le Haida s'y rendit pour la première fois. Le Haida était le huitième destroyer canadien à être en service dans les eaux coréennes.

Sur la côte est où le terrain accidenté obligeait les voies ferrées à longer le littoral à maints endroits, les trains ennemis devinrent des cibles de prédilection pour les canons de la marine. Lorsqu'un club de Trainbusters (destruction de trains) fut constitué vers le milieu de 1952, les navires canadiens y participèrent volontiers. Le Crusader se distingua avec une fiche de quatre trains à son crédit. Ensemble, les navires canadiens inscrivirent huit des 28 trains détruits, soit un record hors de proportion du nombre des navires canadiens et de la durée de leur service dans le secteur.

C'est à Noël 1952 que l'on vit pour la première fois depuis le début des hostilités les trois navires canadiens au port. Malheureusement, avant la fin de l'année, ils reprirent une fois de plus les patrouilles pour affronter les dangers des batteries côtières ennemies, les risques de la navigation près du littoral et les caprices désagréables de l'hiver sur la mer Jaune.

Au cours des six derniers mois de la guerre, ce fut le retour aux activités régulières pour les destroyers canadiens. Ils s'adonnèrent à la protection coutumière des porte-avions et aux patrouilles le long de la côte ouest, ainsi qu'à des missions plus dangereuses et exaltantes sur la côte est.

Après la signatue de l'armistice le 27 juillet 1953, la force navale des nations Unies demeura sur place afin d'évacuer les îles qui devaient être remises à la Corée du Nord et d'effectuer des patrouilles opérationnelles de routine. Le dernier destroyer canadien quitta la Corée en septembre 1955.

La contribution de la Marine royale du Canada aux efforts de guerre des Nations Unies en Corée fut importante. Avec seulement neuf destroyers, la MRC a maintenu une force de trois destroyers sur le théâtre des combats pendant toute la campagne. Au moment où l'armistice fut signé, 3 621 officiers et marins de la Marine royale du Canada avaient servi en Corée.

Le 27 juillet 1953, la Convention d'armistice en Corée était signée à Panmunjom, mettant fin à trois ans de combats. La trêve qui y fit suite ne fut pas facile et la Corée demeura un pays divisé. Cependant, l'intervention des Nations Unies en Corée fut un geste d'une signification inestimable. Pour la première fois dans l'histoire, un organisme international était intervenu efficacement grâce à des forces armées multinationales, pour enrayer un acte d'agression. Les Nations Unies sortirent du conflit avec un prestige accru.

Juste avant la fin des hostilités, les deux parties belligérantes avaient atteint le sommet de leurs forces militaires. Du côté communiste, les effectifs totaux étaient évalués à 1 155 000 hommes dont 858 000 étaient des Chinois. De plus, il y avait peut-être quelque 10 000 hommes de troupes soviétiques occupant divers rôles non guerriers. Le commandement des Nations Unies se composait de 272 000 Sud-Coréens et de 266 000 hommes représentant 16 nations différentes. À ces chiffres s'ajoutent des milliers d'autres membres des effectifs affectés au maintien des lignes de communication et à des rôles paramilitaires.

Au total, 26 791 Canadiens ont servi pendant la guerre de Corée et environ 7 000 ont continué à servir sur le théâtre des opérations entre le cessez-le-feu et la fin de 1955. Le nombre de pertes au combat, morts et blessés, des Nations Unies (y compris les Sud-Coréens) se chiffre à environ 490 000. De ce nombre, 1 558 étaient des Canadiens. Les noms des 516 Canadiens morts à la guerre figurent dans le Livre du Souvenir sur la Corée.

La participation canadienne ne constitua qu'une petite partie de l'effort total des Nations Unies, mais elle fut néanmoins considérable. Elle fut plus importante en fonction de la population du Canada que celle de la plupart des nations qui ont fourni des troupes pour constituer la force internationale. Elle marque également une nouvelle étape dans l'évolution du Canada comme nation. La participation canadienne en Corée fut suivie par d'autres opérations de maintien de la paix où l'on vit des troupes canadiennes se déployer autour du monde dans de nouveaux efforts pour promouvoir la liberté internationale et maintenir la paix dans le monde.

ÉLÉMENTS DES FORCES CANADIENNES QUI ONT PARTICIPÉ AUX OPÉRATION DES NATION UNIES EN CORÉE DE 1950 -1953

La Marine royale du Canada (MRC)

L'Athabaskan, Le Cayuga, Le Sioux, Le Nootka, Le Huron, L'Iroquois, Le Crusader, Le Haida

L'Armée canadienne

Lord Strathcona's Horse (Royal Canadians)

2e Régiment de campagne, Royal Canadian Horse Artillery (RCHA)

1er Régiment, Royal Canadian Horse Artillery (RCHA)

81e Régiment de campagne, Artillerie royale canadienne

Le Génie royal canadien

Le Corps des transmissions royal canadien

The Royal Canadian Regiment (RCR)

2e Bataillon

1er Bataillon

3e Bataillon

Princess Patricia's Canadian Light Infantry (PPCLI)

2e Bataillon

1er Bataillon

3e Bataillon

Royal 22e Régiment (R22eR)

2e Bataillon

1er Bataillon

3e Bataillon

L'Intendance royale canadienne

Le Corps de santé royal canadien

Le Corps dentaire royal canadien

Corps des magasins militaires royal canadien

Le Corps du génie électrique et mécanique royal canadien

La Trésorerie royale canadienne

Le Corps postal royal canadien

Le Corps royal de l'Aumônerie de l'Armée canadienne

Le Corps canadien de la prévôté

Service canadien des renseignements

L'Aviation royale du Canada (ARC)

L'escadron no 426 (Thunderbird)

(22 pilotes de l'Aviation royale du Canada servirent avec la 5eArmée de l'air américaine)

LA GUERRE DE CORÉE ET LA MARINE ROYALE DU CANADA


Retiré du service le 15 août 1949, il entre aux chantiers l'année suivante. Converti en destroyer d'escorte, il devient le DDE-213. Il est alors mandaté pour servir en Corée où il effectue deux termes complets d'une année chacun. Il gagne le théâtre de guerre en passant par le canal de Panama. Son premier départ est en décembre 1950. En 1952, il revient au Canada en passant par la Méditerranée, ce qui fait du HMCS Nootka le deuxième navire canadien à effectuer un tour complet du globe, le premier étant le HMCS Québec (C66).


Il effectue trois termes complets en zone de conflit lors de la guerre de Corée. Il revient au Canada en 1954 après l'Armistice. En 1952, entre ses deuxième et troisième termes en Corée, il subit des transformations majeures.


En 1952 et 1953, il effectue deux séjours dans les eaux conflictuelles de la Corée. Le 2 octobre 1952, lors de sa troisième patrouille dans le secteur de Song Jin (Corée du Nord), il devient la cible d'une batterie côtière qui le touche après l'avoir manqué de peu lors de deux tentatives précédentes. L'obus explose contre sa coque à tribord, près de la tourelle B, tuant sur le coup le Capitaine de corvette John Quinn et le Matelot de 3e classe Elburne Baikie, et blessant mortellement le matelot de 3e classe Wallis Burden. Huit autres marins sont également blessés par la détonation. Le lendemain, les corps sont transférés à bord de l’USS Chemong et ramenés au Japon pour y être inhumés avec les honneurs militaires par l'équipage du HMCS Crusader.


Après la Deuxième Guerre mondiale, le HMCS Haida a subi d'importants travaux de carénage et ses systèmes radar, sonar et de communication sont améliorés. Dans les années 1950, il a pour nouvelle mission de participer à la guerre anti-sous-marine. Il est alors converti en destroyer d'escorte et son numéro de fanion passe de G63 à 215. Le réaménagement est achevé en 1952, alors que les tensions de la guerre froide commencent à se faire sentir.

Le Haida sert à deux reprises en Corée entre 1952 et 1954. Il combat aux côtés des forces des pays membres des Nations Unies pour bloquer les voies d'approvisionnement, protéger les porte-avions et détruire les trains d'approvisionnement communistes.


Après une longue période de modernisation, il devient un destroyer d'escorte (DDE-225) et reprend du service afin de participer à la guerre de Corée en 1950. Il effectue trois termes dans les eaux coréennes entre 1951 et 1955. Le HMCS Sioux est le dernier navire canadien à se rendre en Corée.


11/06/2013
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LE CANADA ET LA GUERRE DE CORÉE 2 partie

LA RÉACTION CANADIENNE À L'INVASION

Le gouvernement canadien, tout en ayant donné son accord de principe aux opérations déployées afin de freiner l'agression, n'engagea pas immédiatement ses forces dans le combat en Corée. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les forces armées du Canada virent leurs effectifs réduits au nombre réglementaire en temps de paix, effectifs spécialement entraînés pour défendre le pays. L'armée régulière (ou la force active comme on l'appelait alors) se composait de trois bataillons de parachutistes (la force mobile d'attaque), deux régiments blindés, un régiment d'artillerie de campagne et quelques unités fondamentales de soutien, telles que les transmissions et le génie. Les effectifs limités de la force active, 20 639 hommes de tous grades, signifiaient qu'il n'était pas possible de constituer un corps expéditionnaire sans gravement affaiblir les défenses du pays.


LE CONTINGENT  SPÉCIAL DE L'ARMÉE CANADIENNE

Le 7 août 1950, la crise s'aggrava en Corée et le gouvernement autorisa l'établissement du Contingent spécial de l'Armée canadienne (CSAC). Les membres de ce contingent devaient être spécialement entraînés et équipés de façon à pouvoir s'acquitter des obligations du Canada en vertu des dispositions de la Charte des Nations Unies ou du Traité de l'Atlantique-Nord.

Le CSAC devait être constitué et entraîné dans le cadre de l'armée régulière. Les nouveaux volontaires, dont bon nombre étaient d'anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale, s'enrôlèrent pour une période de 18 mois ou pour une période plus longue au besoin, selon certaines conditions. Les nouvelles unités de campagne furent incorporées aux régiments existants de la force active. Les rangs seraient comblés, au besoin, par des membres de la force active.

Plus tard, comme les besoins de renforts outre-mer se maintenaient, d'importants changements furent apportés à la politique. Un système de roulement fut adopté qui comprenait les unités de la force active. Ces unités partirent pour la Corée et furent remplacées au pays par des volontaires recrutés parmi les anciens combattants de Corée de retour au pays.

Les premières unités du Contingent spécial comprenaient les seconds bataillons du Royal Canadian Regiment (RCE), du Princess Patricia's Canadian Light Infantry (PPCLI) et du Royal 22e Régiment (R22eR), ainsi que l'escadron (C) du Lord Strathcona's Horse (Royal Canadians), le 2e régiment de campagne du Royal Canadian Horse Artillery (RCHA), le 57e escadron de campagne indépendant du Génie royal canadien, l'escadron des transmissions de la 25eBrigade d'infanterie canadienne, la 54e compagnie de transport de l'Intendance royale canadienne et la 25eambulance de campagne du Service de santé royal canadien.


Le 8 août 1950, le brigadier J.M. Rockingham quitta la vie civile pour revenir à la vie militaire afin d'accepter le commandement de la Brigade d'infanterie canadienne mise au service des Nations Unies. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le brigadier Rockingham avait commandé la 9eBrigade d'infanterie canadienne dans la campagne du nord-ouest de l'Europe.

LE DÉBARQUEMENT À INCHON

À la mi-septembre 1950 la situation militaire en Corée avait changé dramatiquement. Les forces des Nations Unies, confinées dans le périmètre de Pusan, résistaient toujours aux assauts soutenus lorsqu'une attaque amphibie audacieuse fut lancée à Inchon, le port de Séoul. Sur des navires partis du Japon, le 10eCorps américain débarqua le 15 septembre et terrassa rapidement toute résistance ennemie dans la zone portuaire. Le 26 septembre, Séoul était repris. Entre-temps, la 8e Armée américaine était sortie du périmètre de Pusan pour se rallier au 10e Corps. À la fin de la première semaine d'octobre, ils avaient repoussé l'ennemi en déroute au-delà du 38e parallèle.

Les forces des Nations Unies se déplacèrent alors vers le nord, franchirent la frontière nord-coréenne, prirent Pyongyang, la capitale, et se dirigèrent vers le fleuve Yalu, frontière entre la Corée du Nord et la Chine.

Après les débarquements d'Inchon et les succès des Nations Unies de septembre et d'octobre, la fin de la guerre en Corée semblait imminente. Ces événements incitèrent à réduire la nécessité de troupes supplémentaires. Il fut donc décidé de limiter la participation canadienne à un seul bataillon affecté aux fonctions d'occupation. Les autres unités du CSAC continueraient d'être entraînées à Fort Lewis (Washington) au cours de l'hiver imminent. Le déplacement vers Fort Lewis fut marqué par la tragédie lorsqu'un train transportant des hommes de troupe du 2e régiment de la Royal Canadian Horse Artillery entre en collision frontale avec un autre train le 21 novembre. Dix-sept soldats furent tués.

À Fort Lewis, les unités constituèrent la 25e Brigade d'infanterie canadienne, appellation qui servit généralement à désigner le Contingent spécial de l'Armée canadienne.

Le bataillon choisi pour servir en Corée fut le 2ebataillon du Princess Patricia's Canadian Light Infantry, sous le commandement du lieutenant-colonel J.R. Stone. Le 25 novembre, les Patricias s'embarquèrent pour la Corée avec un effectif de 927 hommes, y compris un élément administratif en surplus.

On avait prévu que le bataillon (qui n'avait encore suivi aucun entraînement poussé sérieux) serait prêt au combat vers le 15 mars 1951. Mais il se produisit que l'unité se rendit au front un mois complet plus tôt et connut ses premières pertes dans les collines de la Corée le 22 février 1951.

L'INTERVENTION CHINOISE

Lorsque les Canadiens quittèrent Seattle le 25 novembre 1950, la guerre en Corée semblait tirer à sa fin. Lorsqu'ils débarquèrent à Yokohama le 14 décembre, la situation avait complètement changé. La Chine communiste était intervenue.

Vers la fin d'octobre 1950, six armées chinoises avaient déjà franchi le fleuve Yalu et avec un effectif d'environ 180 000 hommes, s'étaient concentrées devant la force des Nations Unies qui avançaient. Menés à la faveur de la nuit dans le plus grand secret, ces vastes mouvements de troupes chinois avaient échappé à la surveillance des troupes de front et des unités de reconnaissance aérienne des Nations Unies. On n'avait pas cru des rapports de prisonniers non confirmés d'un rassemblement massif de troupes. Le 27 octobre, au moment où des milliers d'hommes de troupes chinois franchissaient le Yalu, le haut commandement des Nations Unies et de l'Extrême-Orient les croyait encore en place pour le combat en Mandchourie.

Au moment où les troupes chinoises grossissaient leurs rangs, les forces des Nations Unies continuaient leur avance vers le nord, atteignant les positions ennemies principales entre Pyongyang et le fleuve Yalu le 26 novembre. Puis, les Chinois lancèrent une contre-attaque massive qui transforma l'avance des Nations Unies en retraite vers de nouvelles positions le long de la rivière Imjin au nord de Séoul.

C'est dans une atmosphère de désastre insoupçonnée que le 2e bataillon du Princess Patricia's Canadian Light Infantry arriva en Corée en décembre 1950. Le rôle d'occupation qu'il s'attendait de jouer n'existait plus. C'était plutôt la rapidité avec laquelle le bataillon pouvait passer à l'action qui comptait. Le PPCLI entreprit un entraînement intensif à Miryang, près de Taegu, alors que des nouvelles sombres continuaient d'arriver du nord.

La nouvelle année débuta par une autre offensive écrasante des troupes chinoises qui forcèrent une nouvelle retraite générale. Séoul tomba à nouveau aux mains des communistes le 4 janvier 1951. Une nouvelle ligne de démarcation fut établie à quelque 64 kilomètres au sud de l'ancienne capitale.

Pendant que survenaient ces événements, le bataillon canadien subissait l'entraînement poussé en maniement des armes et en tactique, dont il avait besoin avant de pouvoir s'engager dans les combats, et s'acquittait de tâches opérationnelles limitées, telles que des patrouilles contre la guérilla.

LES TROUPES CANADIENNES AU COMBAT

À la mi-février 1951, le 2e bataillon du PPCLI entra dans le feu de l'action sous le commandement de la 27e Brigade d'infanterie du Commonwealth britannique. Cette formation, qui avait participé aux opérations en Corée depuis le tout début du conflit, se composait de deux bataillons britanniques et d'un bataillon australien. L'artillerie de soutien était assurée par un régiment de campagne néo-zélandais et les soins médicaux par la 60e Indian Field Ambulance. Les Patricias venaient compléter son caractère de Commonwealth.

L'arrivée des Canadiens coïncida avec la seconde avance générale des Nations Unies vers le 38eparallèle. Dans cette nouvelle offensive, la 27eBrigade du Commonwealth britannique devait pousser vers le nord-est avec comme objectif définitif les terrains élevés au nord-ouest de Hoengsong.

Partageant la tête de pont de la brigade avec les Britanniques du Argyll, les Patricias commençèrent, le 21 février, à remonter la vallée qui s'étendait vers le nord à partir du village de Sangsok. La pluie, mêlée de neige, rendait l'avance peu sûre, mais heureusement, l'opposition ennemie était faible. La compagnie (D) fut la première à prendre contact avec l'ennemi lorsque ses troupes de tête se trouvèrent dans le champ de tir de l'ennemi installé sur un terrain élevé au nord-est.

Dans les jours qui suivirent, les progrès devinrent plus difficiles. Des collines d'une altitude variant de 250 à 425 mètres s'élevaient de chaque côté; on devait creuser profondément dans la neige pour assurer les positions sur les collines; le temps était extrêmement froid et la résistance ennemie s'était accrue. Le 22 février, la compagnie (C) connut les premières pertes du bataillon au combat lorsqu'elle compta quatre morts et un blessé au cours d'une attaque sur la cote 444. Les autres troupes du Commonwealth connurent des difficultés semblables. Cependant, vers le 1er mars, la brigade avait franchi 25 kilomètres en terrain difficile malgré une résistance acharnée de l'arrière-garde.

Le 7 mars, l'avance était reprise. Comme objectifs, la cote 410 fut confiée aux Australiens et la cote 532 au 2ebataillon du PPCLI. Les vallées s'orientaient maintenant vers l'est et l'ouest, traversant l'axe d'avance, et offraient à l'ennemi une ligne de défense naturelle. Au départ, la résistance de l'ennemi qui était bien retranché et camouflé fut très forte. L'attaque se limita à une série de combats sectoriels menés avec acharnement. Puis soudain, l'ennemi se retira.

Dans les quelques jours qui suivirent, il devint évident que les troupes chinoises se retiraient sur toute la longueur du front. Le 15 mars, Séoul fut libéré par la 1re Division de la République de Corée. Poursuivant l'ennemi en retraite, la 24e Division d'infanterie américaine se dirigea vers le 38e parallèle à l'ouest de la rivière Kapyong, tandis que la Brigade du Commonwealth gravissait la vallée de la Chojong vers son premier objectif, une imposante colline portant le numéro 1036 sur la ligne Benton. Vers le 31 mars, cet objectif était atteint et la brigade se déplaçait à l'est, vers la vallée de la rivière Kapyong. Le 8 avril, les Patricias attaquaient avec succès des objectifs au-delà du 38e parallèle.

Entre-temps, la question de franchir le 38e parallèle était chaudement débattue tant dans les milieux militaires que politiques. Deux solutions s'offraient à la force de Nations Unies. La première consistait à talonner l'ennemi jusqu'à la victoire militaire totale. Pour y arriver il fallait obtenir des troupes supplémentaires et porter le conflit au-delà des frontières de la Corée jusqu'en Mandchourie. L'autre solution comportait une stabilisation militaire conjuguée à des négociations des Nations Unies visant à mettre fin au conflit.


Le général MacArthur prônait des efforts concertés pour mener à la victoire, même au risque d'une guerre ouverte avec la Chine communiste, et exprimait publiquement son insatisfaction devant les Nations Unies et l'administration Truman qui favorisaient la négociation. Le 11 avril 1951, on lui retira son commandement et il fut remplacé par le lieutenant-général Matthew B. Ridgway.

Le renvoi du général MacArthur ne signifiait nullement un changement immédiat de tactique et l'avance entreprise en février se poursuivit. Vers la mi-avril, presque tout le front des Nations Unies se trouvait au nord du 38eparallèle.

L'ARRIVÉE DE LA 25E BRIGADE


Le 21 février 1951, le ministre de la Défense nationale, l'honorable Brooke Claxton, annonçait la décision d'envoyer le reste de la 25e Brigade d'infanterie canadienne en Corée, tel que prévu.

La brigade débarqua à Pusan au début de mai et, après une courte période d'entraînement, se dirigea vers le nord afin de rejoindre la 28e Brigade du Commonwealth britannique (laquelle avait pris la relève de la 27e Brigade) sur la rivière Han. Elle arriva au front au moment où les forces des Nations Unies entreprenaient leur troisième avance générale vers le 38e parallèle. Le régiment d'artillerie fut affecté immédiatement à l'appui de la 28e Brigade, au nord de la Han, exécutant son premier tir opérationnel le 17 mai.

Comme l'opinion qui régnait aux Nations Unies favorisait toujours la stabilisation de la situation militaire et la négociation, le but général de cette nouvelle opération visait à supprimer les pressions sur les secteurs disputés, tout en empêchant les armées communistes de refaire leurs forces et de lancer une autre offensive en masse.

Les tactiques et les stratégies de combat étaient déterminées par la force et la nature des troupes belligérantes. La suprématie aérienne et la supériorité du matériel étant assurés, le but des troupes des Nations Unies sur le champ de bataille n'était pas de prendre contact avec l'ennemi et le détruire, mais de le forcer à reculer derrière le mur des montagnes qui s'étiraient le long du 38eparallèle, en utilisant des effectifs réduits. Chez les Chinois, la tactique se fondait sur leur atout principal, le potentiel en hommes de troupe. Ainsi, lorsqu'ils n'atteignaient pas les objectifs visés au cours d'une offensive, ils avaient comme tactique de se retirer pendant que des renforts et des munitions leur étaient apportés en vue d'une autre tentative.

Par conséquent, l'opération des Nations Unies était essentiellement une question d'avancement de groupes de régiments, individuellement ou de concert avec les unités de flanc. Les combats menés par les troupes canadiennes étaient semblables à ceux qui se déroulaient dans d'autres secteurs sur le front.

Le 24 mai 1951, la 25e Brigade fut confiée au commandement de la 25e Division d'infanterie américaine et elle se dirigea vers un secteur au nord-est d’Uijongbu. La première opération de la brigade, portant le nom codé Initiate, consistait à franchir par étapes une série de lignes jusqu'à la ligne Kansas, au sud de la rivière Imjin. Elle fut précédée par le groupement opérationnel Dolvin, un groupe de combat conjugué de chars et d'infanterie conçu de façon à pouvoir se déplacer rapidement afin de capturer et de retenir l'objectif jusqu'à ce que le gros des troupes arrive pour établir de fortes positions défensives.

L'axe de la brigade empruntait la vallée de la rivière Pochon. Deux bataillons, appuyés par des chars et un détachement du Génie royal canadien, s'avançèrent de chaque côté de la vallée, le 2ebataillon du RCR sur la gauche et le 2e bataillon du R22eR sur la droite.

Ne rencontrant dans son avance qu'une faible résistance, la brigade atteignit les positions sur la ligne Kansas le 27 mai. Elle remplaça le groupement opérationnel Dolvin le 28 mai et le lendemain entreprit une avance au nord du 38e parallèle, ne s'arrêtant qu'une fois rendue près d'un village détruit situé aux pieds d'une barrière montagneuse impressionnante appelée Kakhul-bong (côte 467).

L'ATTAQUE DE CHAIL-LI

Kakhul-bong dominait la ligne d'avance du 2e bataillon du RCR. Par conséquent, le bataillon prépara son attaque contre cet accident géographique et le village de Chail-li qui se trouvait derrière.

Le plan du bataillon prévoyait que la compagnie (A) s'emparerait du village de Chail-li au nord de la colline; la compagnie (B) devait protéger le flanc gauche en occupant la côte 162 à l'ouest, et la compagnie (C) devait s'emparer de la cote 269 entre Chail-li et la cote 467. L'assaut principal sur Kakhul-bong avait été confié à la compagnie (D). Le bataillon avait l'appui du 2e régiment de la RCHA.

L'opération débuta tôt dans la matinée du 30 mai sous une pluie battante. Les compagnies (A), (B) et (C) atteignirent leurs objectifs avec assez de facilité, mais la compagnie (D) rencontra une résistance acharnée et subit des pertes sous le tir des mitrailleuses ennemies.

Au début de l'après-midi, les Chinois qui détenaient encore la colline, contre-attaquèrent la compagnie (A) et le village de Chail-li, débordant par l'arrière afin d'encercler la compagnie et de l'isoler. Entre-temps, la compagnie (C), sur la cote 269 à mi-chemin entre les deux points, ne pouvait apporter une aide efficace ni à l'une ni à l'autre. La visibilité faible rendait difficile la reconnaissance des troupes dans la vallée et la distance était trop grande pour que le tir de la compagnie atteigne l'ennemi.

Kakhul-bong était un centre vital pour les voies d'approvisionnement des Chinois et leur système de communications traversant la plaine de Chorwon, et ils résistèrent avec acharnement à l'avance de la compagnie (D). Des tentatives renouvelées échouèrent et on ne put déloger les défenseurs qui avaient l'avantage d'un réseau extensif de tranchées et d'une mitrailleuse bien située sur le sommet de la colline. De plus, la situation de la brigade était précaire. L'avance avait percé une brèche profonde dans les lignes ennemies, laissant les flancs de la brigade sans protection. Puisqu'il semblait que le RCR ne pouvait continuer à tenir Chail-li ou prendre Kakhul-bong, le brigadier Rockingham ordonna un recul afin de constituer une solide position défensive. Harcelé de près par les Chinois, le RCR dut livrer combat tout le long du retour vers ses nouvelles positions.

L'action à Chail-li fut le premier engagement important de la brigade, qui s'est très bien acquittée de sa tâche. Les pertes, au nombre de six morts et 54 blessés, témoignent de l'ardeur du combat qu'elle a livré.

Le 27 mai, le 2e bataillon du PPCLI, qui était resté avec la 28e Brigade du Commonwealth pendant toute cette période, se déplaça vers le sud afin de rejoindre le commandement canadien qu'elle avait quitté plus de six mois auparavant à Fort Lewis.

LES OPÉRATIONS CANADIENNES JUIN ET JUILLET 1951

Du 2 au 18 juin 1951, la 25e Brigade demeura en réserve au sud du point de rencontre de l’Imjin et de la Hantan. À cet endroit, la rivière Imjin décrit un méandre aigu vers le sud-ouest, piquant une pointe profonde dans le no-man's-land. Le contrôle de cette pointe était essentiel puisque l'extrémité se trouvait près de la voie d'approvisionnement venant de Séoul et passant par Uijongbu vers le secteur de Chorwon. Durant le mois de juin, le commandement des Nations Unies assura la domination du secteur par des patrouilles acharnées. Plus tard au cours de l'année, des opérations seraient menées en vue de supprimer cette pointe.

Peu après avoir rejoint la 25e Brigade, le 2ebataillon du PPCLI fut à nouveau rattaché à la 28e Brigade du Commonwealth britannique et se vit confier la mission d'établir et de maintenir une base de patrouilles à l'extrémité de la pointe. Les bases de patrouilles étaient des zones défendues comprenant une aire ordinairement assignée à un bataillon ou à une brigade et étaient établies dans le no-man's-land à des distances variables par-delà les postes défensifs avancés. De ces bases, les troupes pouvaient exercer une surveillance sur la zone et fouiller en profondeur les hauteurs derrière. Le 6 juin, les Patricias établirent leur base et la défendirent jusqu'au 11 juin lorsqu'ils furent relevés par le Royal 22e Regiment.


11/06/2013
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LE CANADA ET LA GUERRE DE CORÉE 3 partie

EN PATROUILLE À CHORWON

Vers la mi-juin, la 8e Armée américaine avait élargi sa percée sur la côte est et s'était avancée environ 16 kilomètres en direction du centre de la péninsule. Cette ligne devait demeurer substantiellement la même jusqu'à la fin de la guerre.

La brigade canadienne se vit assigner un front long de 6 900 mètres s'étendant au sud-ouest de Chorwon. La plaine de Chorwon se prolongeait au nord-est; devant le front, il y avait un réseau de collines et de vallées étroites. C'est là, au cours des semaines qui suivirent, que les troupes furent affectées à des raids et à des patrouilles. La position canadienne était vulnérable car les vallées et les ravins offraient un accès facile aux infiltrations ennemies et les troupes devaient être constamment sur un pied d'alerte.

La première de la série des grandes patrouilles sur le front de la brigade fut exécutée le 21 juin. La patrouille se composait de fantassins du RCR et de chars du Lord Strathcona's Horse, appuyée par l'artillerie de campagne de la RCHA et d'un élément de contrôle aérien tactique. Une base sûre fut établie près de Chung-masan où l'artillerie se déploya tandis que le reste de la patrouille poursuivit plus avant. Lorsqu'un avion de reconnaissance aérienne signala la présence de l'ennemi en force sur une colline voisine, la patrouille ordonna une attaque aérienne sur la position et se retira dans la zone de la brigade. Les patrouilles subséquentes suivirent en somme le même mode d'opération et obtinrent à peu près les mêmes résultats.

LE DÉBUT DES POURPARLERS DE TRÊVE ET LA FORMATION DE LA 1RE DIVISION DU COMMONWEALTH

Au cours de l'été 1951, deux événements importants eurent lieu. Au début de juillet, à la demande des communistes, on entreprit des négociations pour un cessez-le-feu. Des difficultés surgirent dès le début des pourparlers de trêve. On soupçonnait les communistes d'avoir entrepris ces pourparlers non pour obtenir la paix mais plutôt pour en tirer des avantages militaires. Comme la guerre elle-même, les pourparlers trainèrent en longueur pendant les deux années suivantes.

Également en juillet, on annonça que la 25eBrigade canadienne rejoindrait la 1re Division du Commonwealth nouvellement formée et confiée au commandement du major-général J.H. Cassells. Dès sa formation, la division, sous le contrôle opérationnel du 1erCorps d'armée américain, détenait un secteur de la ligne Kansas s'étendant en direction ouest sur 10 000 mètres à partir du point de rencontre de l’Imjin et de la Hantan. Les positions ennemies principales s'échelonnaient sur 5 000 à 7 500 mètres au nord de l’Imjin.

Comme nous l'avons déjà mentionné, l'activité ennemie dans ce secteur menaçait la voie d'approvisionnement vers Chorwon. Par conséquent, au cours des mois suivants, on vit la 1re Division du Commonwealth s'occuper activement de patrouiller en profondeur la pointe avant qu'elle n'occupe enfin ce secteur lors des opérations Minden et Commando.

Du 28 juin au début de septembre 1951, alors que la 25eBrigade fut tenue en réserve, on lui confia un certain nombre de missions. À la mi-août, le RCR effectua une patrouille de bataillon. Plus tard au cours du mois, le PPCLI et le Royal 22e Régiment rencontra une certaine résistance pendant qu'ils consolidaient leurs positions et patrouillaient jusqu'aux cotes 187 et 208.

 LE FRANCHISSEMENT DE L’IMJIN

Comme les négociations de paix demeuraient au point mort, le commandement des Nations Unies accéléra son offensive sur le front du 1er Corps d'armée. Au cours des mois de septembre et d'octobre, deux opérations dont les noms codés étaient respectivement Minden et Commando, furent exécutées afin d'assurer la défense en profondeur de ce secteur et de fournir une meilleure protection latérale à la voie d'approvisionnement Séoul-Chorwon. Au cours de la première de ces opérations, Minden, la ligne Wyoming fut prolongée de manière à supprimer la saillie créée par le méandre dans la rivière Imjin.


Le jour J de l'opération Minden fut le 8 septembre 1951. La Brigade du Commonwealth établit une tête de pont solide dans le no-man's-land, sur la rive nord du cours inférieur d’l'Imjin. C'est de cette base, que, trois jours plus tard, les deux autres brigades devaient se diriger vers l'objectif : une ligne reliant Sanggorang à Chung-gol, portant le nom codé Wyoming. Pendant ce temps, les sapeurs avaient construit ou réouvert les routes sillonnant ce secteur et construit deux ponts, Pintail et Teal, enjambant la rivière Imjin. Ces ponts étaient des liens vitaux aux secteurs de ravitaillement situés au-delà de l'Imjin et, dans les mois à venir, joueraient un rôle important dans les activités des Canadiens.

Le 11 septembre, la division composée de la 29eBrigade sur la gauche et de la 25e Brigade sur la droite, quitta la tête de pont pour se diriger vers le nord. Les Sud-Coréens et les Américains avançaient sur les deux flancs. Le 13 septembre, sans grande opposition et avec peu de pertes, l'opération prenait fin.

De la mi-septembre jusqu'à la date de l'opérationCommando qui débuta le 3 octobre, la 25e Brigade s'occupa principalement d'asseoir ses positions et d'exécuter des patrouilles de routine. Ces patrouilles, il faut le souligner, étaient dangereuses et constituaient souvent pour ceux qui y prenaient part une activité qui était loin d'être routinière.

L'opération Commando, qui réunissait les quatre divisions du 1er Corps d'armée américain, permit d'établir une nouvelle ligne de front, appeléeJamestown. La partie de la ligne défendue par les forces du Commonwealth était située sur un terrain élevé d'un affluent de la rivière Sami-chon. Les divisions américaines se trouvaient sur la droite et la 1re Division de la République de Corée était située sur la gauche. Les brigades de la Division du Commonwealth lancèrent leurs attaques pendant plusieurs jours de suite, car chacune pouvait alors compter sur un appui plus massif de l'artillerie. Les Canadiens, auxquels on avait rattaché les 1st Royal Ulster Rifles de la 29e Brigade britannique, s'ébranlèrent le lendemain du jour J. L'objectif principal du RCR était la cote 187, tandis que les objectifs du PPCLI comprenaient une deuxième côte, portant aussi le numéro 187, et la cote 159. Les Ulsters devaient prendre la zone sise entre les villages de Yongdong et Chommal.

Les Ulsters lancèrent l'attaque et sans grande difficulté atteignirent tous leurs objectifs cet après-midi-là. Vers la fin de l'après-midi du jour suivant, soit le 5 octobre, le RCR et le PPCLI signalaient que leurs missions étaient accomplies avec succès. La 28e Brigade du Commonwealth, qui avait entre-temps essuyé une plus forte opposition, réussissait à emporter son objectif, la cote 217, le 8 octobre.

La division installa alors la ligne Jamestown entre les rivières Sami-chon et Imjin, avec les lignes Wyoming et Kansas à l'arrière. Elle devait maintenir un front d'environ 19 000 mètres avec sept bataillons sur la ligne d'attaque. Dans la zone géographique située devant elle, la ligne principale ennemie se trouvait beaucoup plus proche qu'auparavant et les collines nouvellement conquises étaient plus exposées aux attaques.

Ces opérations avaient également servi à fondre la 1re Division du Commonwealth, composée de groupes de diverses nationalités, en une force d'attaque imbattable. Un sens de la cohésion et un esprit de corps s'étaient développés qui seraient d'une valeur inestimable au cours des longs mois à venir.

LE PREMIER ROULEMENT OCTOBRE À NOVEMBRE 1951

Au cours des mois d'octobre et de novembre 1951, les troupes canadiennes firent l'objet de leur premier roulement. Le 1er bataillon du PPCLI, commandé par le lieutenant-colonel N.G. Wilson-Smith, remplaça graduellement le 2e bataillon du PPCLI afin de permettre l'initiation des hommes de troupes inexpérimentés.

Une compagnie du 1er bataillon du PPCLI se retrouva dans le feu de l'action presque deux semaines avant l'entrée officielle de l'unité sur le front, au cours de l'opération Pepperpot, rôle attribué aux Canadiens dans plusieurs raids menés par la 1re Division du Commonwealth contre certaines positions ennemies connues. On visait à infliger des dommages et des pertes à l'ennemi et par la même occasion, obtenir des renseignements sur la disposition de ses troupes. Pour ces opérations qui débutèrent le 23 octobre la brigade canadienne fournit une compagnie de chaque bataillon. La côte 166, principal objectif des Canadiens, fut confiée à la compagnie du Royal 22e Régiment, tandis que d'autres objectifs, la côte 156 et un autre mamelon sans nom entre les deux, furent attribués à la compagnie (A) du 1erbataillon du PPCLI et au RCR respectivement. Le Royal Canadian Regiment et le PPCLI atteignirent leurs objectifs devant une opposition assez faible, mais le Royal 22e fut empêché d'atteindre le sien par le tir nourri de mitrailleuses. L'opération coûta la vie à cinq Canadiens et fit 21 blessés tandis qu'on rapporta 37 morts connus chez l'ennemi et autant de présumés tués ou blessés.

LES ATTAQUES-ENEMIES NOVEMBRE 1951

Entre-temps, l'ennemi adopta lui aussi des mesures offensives. À compter de la mi-octobre, en riposte à l'opération Commando, les Chinois organisèrent une série d'attaques qui se poursuivirent avec de plus en plus d'intensité jusqu'en novembre.

Dans la nuit du 2 au 3 novembre, l'ennemi attaqua le centre de la ligne canadienne maintenue par les compagnies (A) et (C) du Royal Canadian Regiment. Les premières attaques furent repoussées, mais, au cours d'une attaque à l'aube, le peloton d'avant, à court de munitions et affaibli par les pertes, fut forcé de se replier, ce qu'il fit en livrant un combat d'arrière-garde efficace. L'ennemi continua de harceler la compagnie, mais sous le feu nourri de l'artillerie et des mortiers, il finit par se retirer.

Le 4 novembre, la 28e Brigade du Commonwealth britannique affronta des bombardements forts violents suivis d'attaques en force. Après un combat acharné, la côte 217 tomba aux mains des Chinois, dans la soirée, et la côte 317 de même, pendant la nuit. Pendant que les combats se poursuivaient sur le front de la 28e Brigade, l'ennemi lança une série d'attaques contre une compagnie du 1erbataillon du PPCLI. La première attaque fut brisée par l'artillerie et les mortiers; la deuxième et la troisième furent repoussées tant par le feu des armes de soutien que par celui des propres armes de la compagnie. Après avoir essuyé son troisième échec, l'ennemi se retira.

Le combat suivant auquel participèrent les troupes canadiennes fut un autre raid contre la côte 166, le 9 novembre, par la compagnie (C) du Royal 22e Régiment. Au cours de ce raid, deux pelotons atteignirent leurs objectifs intermédiaires et le peloton d'avant-droit atteignit un point à moins de 90 mètres du sommet de la colline. Alors que l'ennemi mit en branle une forte contre-attaque, le groupe tout entier, ayant accompli l'essentiel de sa mission, fut retiré.

Un rajustement des secteurs divisionnaires, effectué à ce stade, rétrécit la largeur du front du Commonwealth d'environ 4 600 mètres. La côte 355 qui dominait le centre de la ligne d'attaque passa aux mains de la 3e Division américaine. La brigade canadienne fut chargée d'un front de presque sept kilomètres s'étendant vers le nord-est à partir de la rivière Sami-chon.

Les Canadiens, avec leurs trois bataillons en ligne, terminèrent l'occupation de leur nouveau secteur le matin du 22 novembre. L'après-midi de ce même jour, l'ennemi entreprit le bombardement intensif de la côte 355, aux mains des Américains, qu'il fit porter jusqu'au secteur étenu par le Royal 22e Régiment, plus particulièrement la compagnie (D). Les obus continuèrent à pleuvoir pendant toute la nuit. La pluie se changea en neige et le terrain se transforma en boue, ce qui rendait extrêmement difficile le travail des sapeurs pour maintenir ouvertes les voies d'accès aux compagnies assaillies.

Le lendemain, l'ennemi accéléra le tir d'obus. Il lança, par la suite, en fin d'après-midi, une attaque contre les deux positions. La compagnie canadienne conserva le terrain gagné, mais au début de la soirée, la majeure partie de la côte 355, qui avait essuyé le plus fort de l'attaque, tomba aux mains de l'ennemi. Entre-temps, les Chinois avaient également repris la côte 227.

La perte permanente de la côte 355 aurait constitué une grave menace à la force des Nations Unies en permettant à l'ennemi de contrôler la voie latérale qui traversait le secteur américain et aurait rendu les positions canadiennes intenables. Déjà la présence de l'ennemi sur les côtes 227 et 355 présentait un danger d'encerclement pour le Royal 22e Régiment. Au cours des nuits du 23 au 24 et du 24 au 25 novembre, le lancement d'obus et les attaques se poursuivirent avec une intensité accrue sur les deux fronts, et la côte 355 passa des mains des Chinois à celles des Américains, puis à celles des Chinois et enfin à celles des Américains. Chaque fois que l'ennemi reprenait le contrôle, le Royal 22e Régiment était menacé d'autres attaques. Dans la soirée du 25 novembre, après quatre jours et quatre nuits de bombardements continuels d'obus, la côte 355 était à nouveau aux mains des Américains et la compagnie (D) du Royal 22e Régiment, malgré un état d'épuisement presque total, conservait toujours le terrain conquis.

Avec la reprise des négociations d'un cessez-le-feu, des ordres furent émis, le 27 novembre, interdisant la sortie de toute autre patrouille de combat et restreignant le tir de l'artillerie à la défense et au contre-bombardement.

LES OPÉRATIONS DE DÉCEMBRE 1951 À AVRIL 1952

Le cessez-le-feu partiel se révéla bientôt unilatéral et temporaire puisque l'ennemi continuait de bombarder et d'envoyer des patrouilles. L'artillerie du Commonwealth fut bientôt autorisée à reprendre ses activités normales et les restrictions imposées à l'infanterie furent graduellement levées. Le programme de la brigade comportait une patrouille de combat pour chaque unité de même que des patrouilles de reconnaissance nocturne et d'embuscade. Il visait à obtenir des renseignements sur les positions ennemies en vue de raids éventuels et à capturer des prisonniers. Dans la nuit du 10 décembre 1951, une compagnie du PPCLI exécuta un raid derrière la côte 277 et le RCR envoya une patrouille de combat de 35 hommes attaquer la côte 166. Les deux patrouilles atteignirent leurs objectifs et réussirent à obtenir des renseignements utiles concernant les défenses ennemies.


À la mi-janvier 1952, la 25e Brigade assuma le rôle de réserve divisionnaire après quatre mois et demi au front. En réserve pendant les sept prochaines semaines, les Canadiens furent occupés principalement à asseoir les positions de défense des lignes Wyoming et Kansas.

Les 9 et 10 mars, la 25e Brigade revint sur le front dans des positions de long de la rivière Sami-chon avec deux bataillons (le RCR et le PPCLI) à l'ouest de la vallée et un bataillon (le Royal 22e Régiment) à l'est. La venue du printemps fut témoin d'une activité accrue chez l'ennemi. Dans la nuit du 25 mars, les Chinois lancèrent un raid en force et bien coordonné contre la côte 132. L'attaque porta sur un peloton du 1er bataillon du PPCLI qui occupait la côte. Encerclés, les Patricias conservèrent leur position jusqu'à ce que les Chinois finalement se retirent quelque deux heures et demie plus tard.

EN PATROUILLE DE MAI À JUIN 1952

Durant les mois de mai et de juin 1952, les unités de la Division du Commonwealth devaient organiser de fortes patrouilles. Une politique arrêtée par le quartier général du 1er Corps d'armée exigeait que chaque bataillon d'avant effectue une forte patrouille de combat à chaque semaine contre des positions ennemies connues. Celles-ci devaient ramener au moins un prisonnier tous les trois jours. Cette politique, qui se révéla difficile et coûteuse, fut par la suite abandonnée.


Bien que les détails des activités de ces patrouilles soient trop nombreux pour être racontés ici, il y avait certaines similitudes dans les tactiques et les contacts. L'effectif du raid variait depuis une patrouille de 20 hommes jusqu'à une compagnie complète, et le feu nourri d'appui était assuré par l'artillerie et les chars d'assaut. Dans le secteur canadien, les patrouilles devaient d'abord traverser leur propre champ de mines et de barbelés et franchir ensuite la vallée pour atteindre les collines d'en face. Après avoir établi une base sûre de défense et de contrôle de l'artillerie, aussi près de l'objectif que possible, le groupe principal se dirigeait vers l'objectif détenu par l'ennemi où il devenait souvent la cible des mortiers et des armes portatives ennemis. Les objectifs eux-mêmes se caractérisaient par un réseau de tranchées souvent reliées par des tunnels dans lesquels l'ennemi pouvait facilement se déplacer. Dans ce réseau, il était possible d'infliger des pertes, mais la patrouille elle-même était exposée aux attaques et trouvait qu'il était extrêmement difficile de faire des prisonniers.

Une patrouille de ce genre fut exécutée par le 1er bataillon du PPCLI dans la nuit du 20 au 21 mai. Un groupe de 33 hommes fut réparti en une base sûre, une section de feu de couverture et une section de combat, alors que le tir de souien fut assuré par une troupe du Lord Strathcona's Horse, une troupe du 1er régiment de la RCHA et les pelotons de mitrailleuses et de mortiers de l'unité. La base sûre fut établie au creux de la vallée de la Nabu-ri à 23 heures, le gros du détachement y passant à minuit. La section de tir de couverture prit ensuite position au pied de la colline, sous les tranchées ennemies. La section de combat poursuivit l'escalade de la pente. L'ennemi ouvrit le feu. On ordonna la retraite, le groupe de patrouille étant surpassé en nombre. Il y eut un mort et quatre blessés. Les pertes ennemies furent évaluées à sept morts ou blessés. Il n'y eut aucun prisonnier.

En plus des patrouilles de combat, dirigées contre le territoire ennemi, les Canadiens exécutèrent également un certain nombre d'autres genres de patrouilles. Des patrouilles d'embuscade, des patrouilles stationnaires, des patrouilles de reconnaissance furent exécutées en grand nombre afin de capturer des prisonniers, de déceler les mouvements ennemis et de fournir des renseignements au sujet de l'emplacement des armes ennemies.

À la fin de mai 1952, la 1re Division du Commonwealth reçut l'ordre d'affecter deux compagnies de fantassins, une britannique et l'autre canadienne, à la garde des prisonniers de guerre sur l'île Koje. Une unité canadienne du RCR fut chargée de ce travail sur l'île Koje jusqu'au 10 juin.

À la fin de juin, la 25e Brigade passa dans la réserve divisionnaire. En plus des activités normales de réserve, elle travailla aux ouvrages de défense des lignes Kansas et Wyoming et reçut une instruction de perfectionnement; elle prit également part à une opération nommée Arche de Noé. La mousson de juillet et la crue consécutive de la rivière Imjin menaçaient d'effondrement les ponts Teal et Pintail. En dépit des efforts, le pont Teal ut emporté. Cependant, vers la mi-septembre, lorsque la crue diminua, le pont Pintail tenait toujours et le pont Teal était en voie de restauration.

Entre-temps, les Canadiens étaient retournés au front le 10 août. Ce retour fut marqué par un changement important dans la situation générale. Au cours de l'été 1952, l'ennemi était devenu graduellement plus agressif. Il avait occupé une partie du no-man's-land, envoyé des patrouilles, lancé des raids sur les positions avant, et augmenté le volume du bombardement des positions avant. Cette activité accrue devait atteindre des proportions gigantesques en octobre et novembre.

Le front établi par la brigade s'étendait entre ce qui avait été les villages de Paujol-gol et Kojanharisaemal dont la gauche était assurée par le Royal 22e, la droite par le PPCLI et le centre par le RCR sur la côte 355. Au cours des trois mois qui suivirent, la 25eBrigade allait essuyer des tirs de mortiers et d'obus beaucoup plus nourris qu'en toute autre période sur le front. Des pluies torrentielles virent faire taire l'artillerie ennemie, mais l'eau entraîna l'effondrement des casemates ou les rendit inutilisables. Lorsque les pluies cessèrent, les bombardements reprirent. Occupés à améliorer leurs défenses, les Canadiens ne patrouillèrent pas en grand nombre jusqu'à la fin du mois d'août lorsque des patrouilles de combat du PPCLI et du RCR franchirent la vallée.

Au cours de la première partie d'octobre, le front américain à l'est fut l'objet de combats soutenus mais la Division du Commonwealth demeura relativement intouchée. Cette situation ne devait pas durer. Les bombardements ennemis s'accrurent et les ripostes aux patrouilles s'intensifièrent. Un raid contre la cote 227, mené par la compagnie (B) du RCR les 12 et 13 octobre, tomba dans une embuscade à proximité de son objectif. Trois nuits plus tard, une patrouille de 25 hommes du PPCLI tomba sur un peloton chinois dans le secteur de la côte 217; elle y perdit 10 hommes, deux morts et huit blessés. L'accroissement de l'activité ennemie, surtout dans les environs des côtes 227 et 217, laissait prévoir que les Chinois se préparaient à quelqu chose dans ce secteur du front. Leurs intentions devinrent manifestes une semaine plus tard.

L’ATTAQUE DE LA CÔTE 355

La côte 355, connue sous le nom de Petit Gibraltar, avait été le théâtre de combats acharnés depuis que le secteur avait d'abord été occupé au cours de l'opération Commando en octobre 1951. L'activité canadienne la plus remarquable avait été la défense des positions dans le col de la cote 227 par le 2e bataillon du Royal 22e Régiment du 22 au 25 novembre. Depuis le début de septembre 1952, le Royal Canadian Regiment gardait la cote. Cinq secteurs de compagnie se trouvaient à l'intérieur de ses limites.

L'ennemi prépara l'attaque par un bombardement nourri pendant les trois premiers jours d'octobre, surtout contre la zone II qui se trouvait immédiatement à l'est du col, entre les côtes 355 et 227. Du 17 au 22 octobre, les bombardements reprirent. Ainsi, lorsque la compagnie (B) occupa le secteur, le 22 octobre, elle trouva les fortifications en très mauvais état, les lignes téléphoniques coupées et les tranchées effondrées. Les tirs d'obus ennemis rendaient impossible l'amélioration des fortifications et des lignes de communications.

Peu après 18 heures le 23 octobre, l'ennemi fit pleuvoir une autre concentration de feu d'artillerie très intense avant de passer à l'attaque. Sous la violence de l'assaut et sans communication, la compagnie (B) se retira dans le secteur de la compagnie (A). Le commandant du bataillon ordonna alors un tir de mortiers et de canons de chars d'assaut sur les secteurs tombés aux mains de l'ennemi ainsi que contre la côte 227, la zone à l'ouest de la côte 355 et la vallée au nord. Il ordonna ensuite une contre-attaque. La contre-attaque par la compagnie (D) se poursuivit vers minuit. Le peloton de gauche rencontra une forte résistance et subit des pertes, mais réussit à reprendre la position.

Le front de la division demeura relativement calme pendant les quelques jours qui suivirent, avant que la brigade ne termine son service. Ainsi prenait fin, pour la brigade, l'une des périodes les plus difficiles de la guerre et certainement la plus coûteuse : en moins de trois mois, le RCR avait subi 191 pertes, lePPCLI, 18, et le Royal 22e Régiment, 74.

LE DEUXIÈME ROULEMENT D’AUTOMNE NOVEMBRE 1952

Le 3 novembre 1952, le 3e bataillon du PPCLI remplaça le 1er bataillon dans l'ordre de bataille et entreprit la dernière étape de son entraînement avant de partir pour le front. Il était également chargé des contre-attaques afin de reprendre les positions que l'ennemi avait prises du Black Watch de la 29eBrigade britannique. Comme c'était à prévoir, la répétition de la contre-attaque se muta en action réelle sur un terrain appelé le Crochet. Ce terrain accidenté allait devenir le lieu de bien des pertes aux unités du Commonwealth dans les mois à venir.

En provenance de l'ouest, un affluent sans nom de la rivière Sami-chon séparait les forces belligérantes dans la région du Crochet. Le versant sud de la vallée de cet affluent était dominé par une crête qui s'étendait du nord-ouest au sud-est. La cote 146 formait l'extrémité est de cette ligne de faîte. Le Crochet marquait la limite ouest de la chaîne de collines. Du Crochet on pouvait surveiller la vallée du cours inférieur de la Sami-chon; par conséquent, la vallée était l'objet de fréquentes attaques ennemies.

Le Black Watch défendait la ligne de la cote, la nuit du 18 novembre, lorsque l'ennemi attaqua avec des effectifs équivalents à ceux d'un bataillon, et réussit à prendre pied sur le Crochet. Au moment où la compagnie du Black Watch, postée sur la cote 146, contre-attaqua, le 3e Bataillon du PPCLI assisté d'une troupe de chars du Lord Strathcona's Horse s'avança pour prêter main forte à l'unité et la relever à la défense de la cote 146. À l'aube, le Black Watch avait nettoyé la position principale et le PPCLI occupait le terrain sans difficulté. Le PPCLI demeura sur le Crochet pendant plusieurs jours avant de rejoindre le bataillon à l'entraînement en vue du retour de la brigade au front.

À la fin de novembre, la 1re Division du Commonwealth entreprit un nouveau déploiement général de ses troupes. Au lieu d'avoir deux brigades au front avec trois bataillons à l'avant, les trois brigades se trouvaient sur la ligne de front avec chacune seulement deux bataillons à l'avant. Ainsi, chaque commandant de brigade contrôlait un front plus étroit et disposait de bataillons de réserve pour contre-attaquer et effectuer la relève.

Lorsque les Canadiens revinrent au front, ils s'installèrent sur la gauche du front de la division; le brigadier Bogert plaça le Royal 22e sur la hauteur de Yongdong, à l'est de la rivière Sami-chon, et le PPCLI sur le Crochet. Le RCR fut de réserve, à l'exception d'une compagnie rattachée au PPCLI.


Les deux mois qui suivirent devaient être relativement tranquilles. La principale activité portait sur l'amélioration des ouvrages de défense, notamment ceux du Crochet. L'importance de tunnels et de tranchées efficaces avait été démontrée lors des attaques d'octobre contre la cote 355, lorsque l'artillerie chinoise avait tellement détruit les défenses que toute résistance était impossible. Par contre, au cours des attaques des 18 et 19 novembre contre le Crochet, lorsque les postes défensifs à découvert avaient été rasés, les défenseurs du Black Watch pouvaient trouver asile dans les tunnels existants et demander à l'artillerie d'ouvrir le feu sur l'ennemi. Ils avaient ainsi empêché que la position ne tombe aux mains de l'infanterie d'assaut. Au cours de cette période au front, les tranchées furent approfondies et prolongées, les postes de commandement, les postes d'observation et les casemates furent fortifiés, et l'on construisit toutes sortes d'autres terrassements. Le programme de tunnels fut exécuté par le gros des hommes du 23eEscadron de campagne du Génie royal canadien, aidé de trois compagnies d'ouvriers sud-coréens. Le travail était à la fois difficile et dangereux. Se frayant un chemin dans le roc solide et le sol gelé, les sapeurs avaient prolongé de 112 mètres les tunnels existants à la fin janvier.

Pendant ce temps, les attaques ennemies et les patrouilles actives se poursuivaient, mais ni les unes ni les autres n'avaient la même importance qu'auparavant. Les Canadiens ne prirent part à aucun raid de compagnie pendant cette période, mais les patrouilles stationnaires et les patrouilles de reconnaissance, d'embuscade et d'attaque, accompagnées de fréquentes alertes sous la menace d'attaques ennemies, obligeaient les troupes à demeurer vigilantes. Cependant, sur la droite du front de la division, la 28e Brigade n'eut pas autant de chance. Plusieurs rencontres violentes dans le secteur des cotes 355 et 227 se soldèrent par des pertes plutôt lourdes.

À la fin de décembre, le PPCLI et le RCRavaient changé de position. Le Royal 22e Régiment demeura sur le mamelon Yongdong jusqu'au 30 janvier. Le mois passé au Crochet par le RCR fut aussi calme. Bien que l'unité se soit adonnée à des patrouilles actives, elle ne rencontra que rarement l'ennemi et ces rencontres ne lui infligèrent aucune perte importante.

Le 30 janvier 1953, toute la 1re Division du Commonwealth (à l'exception de l'artillerie) passa en réserve pour la première fois depuis sa formation en juillet 1951. L'artillerie divisionnaire demeura au front afin d'apporter son appui aux unités américaines qui prirent la relève.

La Division du Commonwealth demeura en réserve jusqu'au 8 avril, période durant laquelle elle effectua des exercices d'entraînement au niveau des bataillons, des brigades et de la division. Deux événements importants allaient se produire au cours de cette période. Le premier fut l'ajout de soldats sud-coréens à la Division du Commonwealth. L'autre fut le début du deuxième roulement important des unités canadiennes en Corée.

LE PERSONNEL CORÉEN DANS LES FORCES CANADIENNES  KATCOMS

Peu avant d'être rappelée sur la ligne de front, au printemps de 1953, la Division du Commonwealth fut renforcée par 1 000 soldats coréens appelés en anglais (Katcoms), abréviation signifiant l'apport coréen au Commonwealth (Korean Augmentation to Commonwealth). Les Sud-Coréens avaient servi au sein des forces du Commonwealth depuis le tout début de la guerre comme porteurs, pourvoyeurs et interprètes, rôles de nature non combattante. Un Corps de service coréen avait été formé à cette intention et un régiment avait été rattaché à la 1re Division du Commonwealth. Pendant ce temps, le commandement des Nations Unies avait entrepris l'entraînement des nationaux coréens comme renforts d'infanterie. Ces hommes de troupe qui avaient reçu l'entraînement de base étaient maintenant plus nombreux que pouvaient équiper et absorber les unités coréennes existantes. Les soldats sud-coréens servaient déjà dans les formations américaines.

En mars 1953, les premiers (Katcoms) furent intégrés dans les bataillons canadiens. Rémunérés par le gouvernement coréen, ils étaient équipés, habillés et armés par les unités qui les acceptaient. Bien que des difficultés aient surgi en raison des différences de langues, de façons de voir les choses, et de coutumes ainsi que des problèmes de solde, l'expérience connut un assez bon succès et permit l'apport d'une main-d'oeuvre valable.


11/06/2013
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LE CANADA ET LA GUERRE DE CORÉE 4 partie

LE ROULEMENT DE 1953

Le début du programme de Katcom coïncida à peu près avec le retour au front de la 1re Division du Commonwealth et la deuxième grande opération de roulement des unités canadiennes. Les unités qui prirent la relève comprenaient : les troisièmes bataillons du Royal Canadian Regiment et du Royal 22eRégiment, l'escadron (A) du Lord Strathcona's Horse, le 81e régiment de campagne de l'Artillerie royale canadienne, le 59e escadron de campagne indépendant du Génie royal canadien, ainsi que quelques unités de service.


Le 6 avril 1953, la Division du Commonwealth retourna au front pour occuper des positions à la cote 355 et au Crochet de l'autre côté de la rivière Sami-chon. Désormais sous le commandement du brigadier J.V. Allard, la 25eBrigade occupait le secteur central. Ce devait être la dernière période de service au front durant la guerre de Corée. Bien que les derniers mois de la campagne aient été loin d'être calmes, la 25e Brigade n'essuya qu'une seule attaque violente. Dans la nuit du 19 avril, le 3e Bataillon du RCR se rendit au front pour la première fois, sur la cote 187 la plus au sud. La position ressemblait à la paume d'une main géante, la cote 187 formant la base du pouce à partir de laquelle des arêtes, semblables à des doigts, s'étendaient vers l'ouest. Le commandant s'employa immédiatement à améliorer les fortifications et à accroître les patrouilles dans le no-man's-land où l'ennemi avait lancé ses initiatives. Même si l'ennemi avait augmenté ses patrouilles et ses tirs d'obus dans le secteur, il n'y avait aucun avertissement de l'attaque qui devait porter en force sur les positions de la compagnie (C).

Dans la nuit du 2 au 3 mai, une patrouille de la compagnie (A) traversa la position (C) à 20 h 30 dans le but de tendre une embuscade à toute patrouille ennemie qui s'infiltrerait dans le secteur. Deux heures plus tard, la patrouille fut soudainement attaquée par l'ennemi, le chef de patrouille fut tué et la moitié de ses hommes, blessés ou tués. Les survivants reçurent l'ordre de se retirer et un peloton de la compagnie (C) fut dépêché pour livrer combat à l'ennemi. Une section avant de ce peloton se trouva bientôt impliquée dans un combat perdu d'avance et dut lutter pour assurer sa retraite. À minuit, l'ennemi entreprit un bombardement intense qu'il fit suivre par un assaut de l'infanterie. Les Canadiens firent appel à un tir nourri de l'artillerie pour répondre à cette attaque; à une heure et demie du matin, l'ennemi commença à battre en retraite et les Canadiens reprirent leurs positions.

Les 12 dernières semaines de la guerre furent relativement sans événement important pour l'infanterie canadienne, même si les artilleurs furent fort occupés. Les combats en Corée prirent fin lorsque l'accord d'armistice en Corée fut signé à Panmunjom le 27 juillet 1953.

LE CAMP BONIFAS PANMUNJOM

Le Camp Bonifas est le camp de base de la Force de sécurité du Commandement des Nations Unies - zone commune de sécurité (ZCS). Il est situé à 400 mètres au sud de la zone démilitarisée. Le Camp Bonifas loge les soldats qui appuient la Commission militaire d'armistice à la ZCS, lUnited Nations Command Security Group.


Le camp Bonifas, Panmunjom, Corée

Autrefois appelé Camp Kitty Hawk, le Camp Bonifas prit ensuite le nom d'un officier de la ZCS, le capitaine Arthur G. Bonifas, après que ce dernier fut tué par les soldats de l'Armée populaire de la Corée du Nord le 18 août 1976, alors que son groupe tentait d'élaguer un arbre qui cachait la vue entre deux avant-postes, près du Pont de non-retour. L'événement est plus communément connu sous l'appellation L'incident du meurtre à la hache. Un officier de l'UNC, le lt Mark T. Barrett, fut également tué lors de cet affrontement.


En réaction au meurtre des deux officiers de l'UNC, l'arbre bien connu qui se dressait près du point de contrôle no 4 de l'UNC, fut enlevé. Aujourd'hui, une portion du tronc de l'arbre se trouve encore au Monastère, le centre d'accueil des visiteurs de la ZCS. Un monument a été érigé à la mémoire des deux officiers tués à l'endroit précis où l'arbre fut abattu.

Le personnel du camp assure, 24 heures sur 24, la sécurité du personnel des Nations Unies et de leurs invités dans les limites de la ZCS; il contrôle aussi l'entrée et la sortie de la ZCS. Ils assurent également la sécurité des villageois de Tae Song Dong et la supervision des affaires civiles du village.

Les soldats assument aussi la responsabilité et le maintien du programme de visites de la ZCS, que l'on appelle habituellement Panmunjom. Cela comprend jusqu'à 12 visites par jour, six jours par semaine, pour un nombre moyen de 150 000 visiteurs par année.

La Force de sécurité de l'UNC - ZCS a pour tâche d'assurer l'ensemble des tâches relatives au soutien logistique et à la sécurité de tout le personnel du Commandement des Nations Unies travaillant dans la ZCS. Au cours de l'histoire de la Zone commune de sécurité, il est arrivé à plusieurs reprises que la tension ait monté et que des événements inabituels se soient produits. Parmi les opérations effectuées, mentionnons le rapatriement de 82 493 PG de l'Armée volontaire populaire de Chine et de l'Armée populaire de la Corée du Nord et le retour de 13 444 PG des Nations Unies du 20 avril au 6 septembre 1953; la libération, le 21 janvier 1954, par les forces de surveillance de l'Inde, de 23 000 Chinois et Nord-Coréens anticommunistes qui refusaient d'être rapatriés; le retour de l'équipage du USS Pueblo, le 23 décembre 1968, et le rapatriement de 39 passagers civils sud-coréens de l'appareil des Korean Air Lines détourné le 14 février 1970.

La devise de cette force, Devant eux tous (In Front of Them All) reflète l'engagement de ses membres à contribuer au maintien de la paix dans un pays divisé.

CIMETIÈRE COMMÉMORATIF DES NATIONS UNIES

En janvier 1951, les divers cimetières militaires aménagés à l'arrière du champ de bataille furent regroupés à Tanggok, en banlieue de Pusan. Le terrain du cimetière fut cédé aux Nations Unies par la République de Corée en guise de reconnaissance envers tous ceux qui avaient donné leur vie pour combattre un acte d'agression et rétablir la paix et la liberté. Le cimetière est divisé en sections nationales marquées de drapeaux et les tombes portent une stèle permanente, chacune ayant une plaque de bronze où figurent le nom et l'unité du défunt.

Il y a 2 267 militaires d'inhumés dans le cimetière commémoratif des Nations Unies. De ce nombre, 1 558 sont des soldats du Commonwealth, dont 378 sont des Canadiens.

Un mémorial de pierre orné de panneaux en bronze fut érigé afin de perpétuer la mémoire des soldats du Commonwealth qui sont morts au combat et dont la sépulture est inconnue. Les noms de 16 Canadiens figurent sur les plaques de bronze du mémorial qui portent l'inscription suivante:

Sur ce mémorial sont inscrits les noms des hommes de la Grande-Bretagne, du Canada, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et de l'Afrique du Sud, morts en Corée et dont la sépulture est inconnue. Ils moururent avec des hommes d'autres pays en combattant pour le maintien des idéaux des Nations Unies.

 Un monument commémoratif pour honorer les soldats du Commonwealth dont les sépultures sont inconnues a été érigé dans le Cimetière commémoratif des Nations Unies situé à Pusan, en Corée. On peut y lire une inscription en anglais dont voici la traduction:

SUR CE MÉMORIAL SONT INSCRITS LES NOMS DES HOMMES DE LA GRANDE-BRETAGNE, DU CANADA, DE L'AUSTRALIE, DE LA NOUVELLE-ZÉLANDE ET DE L'AFRIQUE DU SUD, MORTS EN CORÉE ET DONT LA SÉPULTURE EST INCONNUE. ILS MOURURENT AVEC DES HOMMES D'AUTRES PAYS EN COMBATTANT POUR LE MAINTIEN DES IDÉAUX DES NATIONS UNIES.


Monument commémoratif du Commonwealth à Pusan

Le monument se présente sous la forme d'une pierre montée sur une base peu élevée à laquelle ont été fixés des panneaux de bronze sur lesquels est inscrite toute la liste des noms dont seize sont ceux de Canadiens.

Le cimetière est un endroit de paix et de tranquillité. Plus de dix mille arbres et arbustes, donnés par de nombreux pays, y ont été plantés pour accentuer le charme de l'emplacement.

PHOTOGRAPHIES DE CANADIENS EN CORÉE DE 1950 À 1953


Des aviateurs du 426e Escadron de l'ARC parlent à des enfants coréens, Corée, avril 1951.


Les troupes de la Compagnie (B), 2e Bataillon, régiment Princess Patricia's Canadian Light Infantry, traversent un pont en bois rond, Corée du Nord, février 1951.


Troupes du 2e Bataillon du régiment Princess Patricia's Canadian Light Infantry au cours d'une patrouille, mars 1951.


 
Équipe de mitrailleuse du RCR, mai 1951


Pièces d'artillerie du 2e RCHA à l'appui du 2e Bataillon du RCR, juin 1951.


Le personnel du 23e Escadron de campagne, Corps royal du génie canadien, place des charges explosives lors de travaux de construction routière, Corée, le 18 juillet 1952.


Une équipe de dépollution du Corps royal du génie canadien, Corée, le 7 septembre 1951.


Des membres de la 25e Brigade d'infanterie canadienne poussent une jeep et une remorque, Corée, le 25 mail 1951.


Les canons de la Troupe (A), Batterie (A) de la RCHA tirent sur les troupes chinoises qui attaquent les positions de la Compagnie (B), 1er Bataillon, RCR, sur la colline Petit Gibraltar, Corée.


Le caporal V. Lloyd Fenton, de la Compagnie Able, 1er bataillon, P.P.C.L.I., juin 1952


Le personnel des CMRC utilise un récepteur radioélectrique, novembre 1951


Les membres du 426e Escadron de l'ARC causent avec un pilote canadien attaché à l’U.S. Fifth Air Force, dans une base aérienne en Corée, le 21 mars 1951.


Le NCSM Sioux dans une mer de glace pendant une patrouille le long de la côte coréenne. Février 1952.


 
Poêle, fait à partir de divers types de boîtes métalliques de munition vides, subit la dernière vérification avant d'être installé dans l'abri, janvier 1952.


Une compagnie de la Princess Patricia's Canadian Light Infantry traverse des rizières en file indienne en s'avançant vers des positions de l'ennemi situées à l'autre côté de la vallée, mars 1951.


Le personnel de la 25e Brigade d'infanterie canadienne prépare une position de mitrailleuse, mai 1951.


11/06/2013
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HOMMES ET FEMMES DE LA FORCE AÉRIENNE

Le 25 juin 2010 marquait le 60e anniversaire du début de la guerre de Corée (de juin 1950 à juillet 1953).

Ce jour là, en 1950, l’armée de la Corée du Nord pénètre en Corée du Sud aux environs du 38e parallèle. Cela déclenche un mouvement ininterrompu qui force les troupes sud coréennes et américaines à se replier dans un petit coin de la péninsule coréenne, qui est maintenant connu sous le nom de périmètre de Pusan. L’Organisation des Nations Unies (ONU) réagit immédiatement à l’attaque et nomme les États-Unis à titre de pays organisateur sous le commandement du Général Douglas MacArthur.



Une carte de la Corée indique les emplacements de Séoul, des terrains d’aviation Suwon et Kimpo, du couloir de MiG, du terrain d’aviation Chonchun, du périmètre de Pusan (1950) et du 38e parallèle. Le couloir des MiG était situé au 40e parallèle, juste sous la rivière Yalu, et Fort George était situé sur la rivière Imjin, au nord de Séoul.

Au cours de l’année suivante, les forces de l’ONU réussissent à reconquérir la péninsule, aux environs du 38e parallèle, et à la contrôler, même malgré l’intervention de la Chine. Durant les deux dernières années de combat, les lignes de front demeurent relativement constantes.

Tout au long des trois années de combat et de la période subséquente de maintien de la paix (jusqu’en 1957 pour le Canada), le Canada fournit 27 000 militaires : 23 000 de l’Armée canadienne, 3 000 de la Marine royale du Canada (MRC) et 1 000 de l’Aviation royale du Canada (ARC), en plus d’autres aviateurs canadiens.

La majorité du personnel de l’ARC, environ 800 membres, provient du 426e Escadron d’entraînement au transport (qui, à ce moment, était situé à la Base de l’ARC de Lachine, au Québec), alors que le reste du personnel est constitué de pilotes de chasse, d’infirmières navigantes, d’un cadre de personnel d’approvisionnement, technique et de renseignement photographique, ainsi qu’un juge avocat général. Les équipages de bord de Lignes aériennes Canadien Pacifique (LACP) et plusieurs autres aviateurs de la MRC et de l’Armée canadienne participent également, de même que certains Canadiens qui franchissent la frontière pour se joindre directement à l’United States Army ou à l’United States Air Force (USAF).

ENGAGEMENTS DURANT LA GUERRE FROIDE

 
Pendant toute la durée de la guerre de Corée, le Canada est au cœur des engagements de l’OTAN visant à fournir 16 escadrons de chasse de jour en Europe, tous dotés de la version construite au Canada du jet F-86E Sabre. Les premiers escadrons sont formés au Royaume-Uni, en mai 1951, en tant que Division aérienne à North Luffenham.

D’autres escadres sont établies et formées en Allemagne et en France au début des années 1950. En outre, neuf escadrons sont reformés avec des chasseurs d’interception tout temps CF-100 Canuck conçus et construits au Canada, le premier étant arrivé en juin 1953.


En avril 1953, on ajoute le C-119 Flying Boxcar à la flotte de transport de l’ARC, alors qu’en mai, on ajoute l’avion de ligne Comet de Havilland et la version construite au Canada de l’avion d’entraînement T-33 Silver Star, qui vole pour la première fois à la fin de 1952, à l’inventaire de l’ARC.


 
C’est une période occupée pour l’ARC et la participation d’escadrons à la guerre de Corée – autre que les capacités d’emport instantané fournies par le 426e Escadron – n’est pas possible. En dépit de cela, le Canada fournit un nombre important d’aviateurs et d’aviatrices pour aider, directement ou indirectement, à la guerre aérienne en Corée.


Les aéronefs construits au Canada durant la guerre de Corée comprennent le North Stars de Canadair piloté par le 426e Escadron, des centaines d’aéronefs DHC-2 Beavers de Havilland Canada en service au sein de l’armée américaine (connus sous le nom de L-20 dans l’armée américaine) et de l’USAF, ainsi que 60 modèles plus anciens de l’aéronef F-86 Mk II Sabre de Canadair en service au sein de l’USAF.

Le 426e Escadron a effectué 599 vols aller retour entre la base aérienne McChord (près de Tacoma, Washington) et le terrain d’aviation de Haneda, à Tokyo, tout en assurant le transport aérien avec le Material Air Transport Service (MATS) de l’USAF.

Les Canadiens n’ont pas piloté les Beavers en Corée, cependant, de Havilland a envoyé un technicien là bas pour effectuer l’entretien des aéronefs. L’analyse de la majorité des journaux de bord des pilotes de chasseurs de l’ARC indique qu’environ 20 pour cent de toutes les missions de combat, y compris certains MiG abattus par des pilotes canadiens de Sabre en Corée, ont été effectuées à bord de Sabre construits au Canada.

PREMIERS PARTICIPANTS AÉRIENS

Le premier aviateur canadien ayant participé à la guerre de Corée était le Commandant d’escadre Harry Malcolm. Il a d’abord été envoyé en compagnie du Lieutenant colonel de l’armée Frank White, en juillet 1950, pour rendre compte directement de l’état de la guerre. Des Canadiens ont participé à la Commission des Nations Unies pour la Corée (UNCOK). Même s’ils étaient stationnés à Séoul à l’origine, ils ont vite suivi le repli dans le périmètre de Pusan.


Hawker Sea Fury

Plus tard, en octobre 1950, la MRC a envoyé le Capitaine de corvette Pat Ryan, un aviateur naval. Sa fonction était d’enquêter sur tous les aspects aéronavals qui pouvaient nécessiter la participation d’un escadron de chasseurs Sea Fury de la MRC. Cependant, tout comme l’ARC, la MRC avait un engagement – le sien étant de jouer un rôle avec l’OTAN dans la lutte anti-sous-marine dans l’Atlantique Nord.


En novembre, le premier combattant de l’ARC, le Capitaine d’aviation (Capt avn) Omer Levesque, qui était en poste d’échange pour un an à l’USAF lorsque la guerre a éclaté, s’est envolé vers la Corée en compagnie de son escadron. Durant ce vol entre San Francisco et Honolulu, le Capt avn Levesque était assis à côté de la première infirmière navigante de l’ARC à participer à la guerre de Corée, le Lieutenant d’aviation (Lt avn) Joan Fitzgerald. Le Capt avn Levesque a terminé sa période de service en juin 1951, alors que le Lt avn Fitzgerald est retournée au Canada en mars 1951.

INFIRMIÈRES NAVIGANTES

L’Armée canadienne a commencé à prendre part aux combats en février 1951, et les premières pertes canadiennes sont survenues peu après.

Durant le conflit, environ 1 200 militaires de l’Armée canadienne ont été blessés. Environ la moitié d’entre eux sont demeurés en Corée ou au Japon pour recevoir des soins médicaux, puis sont retournés dans leurs unités en Corée. Les autres ont été transportés par avion au Canada en utilisant les services du 1453e Medical Air Evacuation Squadron (1453 MAES), qui faisait partie de la Division du Pacifique du MATS de l’USAF, située à Honolulu.


Un aspect important de la guerre de Corée était le retour des blessés canadiens et américains qui étaient soignés par les infirmières de l’USAF, de l’USN et de l’ARC. Une infirmière de l’ARC, le Lt avn Joan Drummond (à gauche) et des infirmières de l’USAF observent l’équipe médicale prodiguer des soins à un soldat blessé.

Le 1453 MAES a travaillé en tandem avec l’US Navy (USN) et a utilisé des aéronefs spécialement gréés, quadrimoteurs et long-courriers comme le Constellation, le C-97 et le DC-4. L’aéronef pouvait transporter jusqu’à 60 patients sur civière et les membres de l’équipe médicale spécialisée (y compris des infirmières navigantes de l’ARC) pour fournir des soins médicaux professionnels en route.

L’aéronef s’est envolé du terrain d’aviation de Haneda, à Tokyo, pour se rendre à Honolulu, puis à la base aérienne Travis, en Californie. Le Canada a conclu une entente avec l’USAF pour évacuer les soldats canadiens et américains blessés à la base aérienne Travis et de là, à la base aérienne McChord.

Les vols d’évacuation médicale se ravitaillaient souvent en combustible à Guam, au terrain d’aviation Clarke aux Philippines, à Iwo Jima, aux îles Midway, à Okinawa (une île au sud du Japon), à l’île de Wake et à l’île Kwajalein.

Au début de la guerre, le 426e Escadron a transporté des Américains blessés à Honolulu, puis certains des blessés canadiens capables de marcher, au Canada. Les infirmières de l’ARC, qui avaient déjà suivi une formation complète d’infirmière navigante aux États Unis, ont consolidé cet engagement lorsque la guerre de Corée a éclaté.

Des cours et des formations pratiques, y compris des vols de familiarisation et des exercices d’entraînement à l’amerrissage forcé, ont eu lieu à la base aérienne Gunter, en Alabama, durant sept semaines. Cela a été immédiatement suivi d’une période de service de trois mois à effectuer des évacuations médicales aériennes dans le Pacifique durant la guerre de Corée. Toutes les infirmières navigantes diplômées (USAF, USN et ARC) volaient avec le 1453 MAES et étaient stationnées à Honolulu.

Le programme des infirmières navigantes de l’ARC dans le Pacifique s’est déroulé de façon continue de novembre 1950 à mars 1955; 40 infirmières qui ont servi en paires y ont participé durant cette période. Ces infirmières n’ont jamais servi en Corée et elles n’ont pas volé avec le 426e Escadron de l’ARC durant leurs périodes de service dans le Pacifique au sein de l’USAF.


Le 435e Escadron de l’ARC, stationné à la station d’Edmonton de l’ARC (et plus tard à Namao), a reçu la mission de transporter les blessés canadiens de la base aérienne McChord à différents endroits du Canada, au besoin. L’Escadron a été doté de DC-3 Dakota, dont trois étaient munis de moteurs suralimentés à haute altitude. Les aéronefs étaient aussi aménagés spécialement pour transporter 16 patients sur civière avec l’équipement nécessaire pour administrer de l’oxygène. À l’occasion, le 412e Escadron de la station Rockcliffe de l’ARC à Ottawa (également formé de Dakota) et le 426e Escadron ont participé à des évacuations de blessés canadiens de la base aérienne McChord.

Les infirmières navigantes ayant terminé leur période de service aux États Unis ou dans le Pacifique étaient stationnées dans divers terrains d’aviation canadiens, et au moins une infirmière navigante qualifiée était toujours présente à bord des vols d’évacuation médicale de l’ARC au Canada.

PILOTES DE CHASSE VOLONTAIRES

Vingt et un pilotes de chasse volontaires de l’ARC (sans compter le Capt avn Levesque) ont été envoyés en Corée pour exercer des fonctions de combat à bord de F-86. Ils ont servi en petits groupes désignés, de mars 1952 à novembre 1953.

Ils ont effectué des vols uniquement avec la 4e Escadre de chasseurs d’interception (ECI) de l’USAF à Kimpo (à environ 24 kilomètres au nord ouest de Séoul) ou avec le 51e ECI à Suwon (à environ 32 km au sud de Séoul). Les deux ECI comptaient chacun trois escadrons de chasseurs et des Canadiens ont servi dans ces six escadrons. Certains Canadiens devaient aussi exécuter des fonctions supplémentaires au niveau des ECI.

Les pilotes de l’ARC servaient pendant six mois ou pour 50 missions de combat, selon la première occurrence. En général, il fallait trois ou quatre mois pour accomplir 50 missions. À leur arrivée dans l’escadron qui leur avait été assigné, les pilotes suivaient généralement un court programme d’introduction au pilotage du Clobber College (littéralement, collège du barda), à la suite duquel ils se rendaient au combat.

Une mission de combat consistait généralement à voler pendant environ 320 km au dessus du territoire de l’ennemi jusqu’à la zone tristement célèbre du couloir des MiG (près de la frontière avec la Chine), à patrouiller, à établir un contact avec les MiG-15 communistes puis à les combattre, et à retourner à la base.

Une mission aller retour prenait environ 90 minutes : 30 minutes pour se rendre au couloir des MiG avec des réservoirs largables et 60 minutes avec le carburant interne. Les pilotes effectuaient fréquemment deux missions par jour, et parfois même trois. Lors d’un contact avec les MiG, il fallait se défaire des réservoirs largables avant d’engager le combat. Les aéronefs ayant éprouvé des défaillances avec les réservoirs largables n’étaient pas autorisées à combattre.

Des MiG ont été aperçus lors d’environ seulement 10 pour cent de toutes les missions dans le couloir des MiG, et encore moins de missions ont donné lieu à des combats. Les MiG disposaient d’un sanctuaire de l’autre côté de la rivière Yalu, en Chine, mais les pilotes, y compris des Canadiens, transgressaient souvent les règles durant des poursuites effrénées ou traversaient ouvertement la rivière Yalu pour attraper les MiG qui entamaient leur descente pour atterrir. Lors d’entrevues, il a été établi qu’environ 75 pour cent des MiG abattus l’avaient été de l’autre côté de la rivière Yalu.


Le pilote de l’ARC, le Cmdt avn Mackenzie, qui a détenu en tant que PG pendant deux ans, a continué son service jusqu’en 1967. Cette photo a été prise en 2003, il est décédé en 2009.

Même s’il n’y a eu aucun décès dans ce groupe, on est souvent passé près durant les combats. Un pilote de l’ARC, le Commandant d’aviation (Cmdt avn) Andy Mackenzie, a dû abandonner son avion en raison d’une défaillance mécanique ou d’un tir ami ou ennemi; il s’est éjecté, puis a été prisonnier de guerre pendant deux ans. Même si les circonstances de la destruction de l’aéronef du Cmdt avn Mackenzie prêtaient à la controverse, ce n’était pas le cas de son internement, qui constitue une autre histoire incroyable de l’ARC.

Le Capt avn Bob Carew a subi une panne de moteur au dessus du territoire ennemi et, alors que son escadron survolait l’endroit pour le couvrir, il a fait un vol plané jusqu’à la côte. À 2 130 mètres d’altitude, il s’est éjecté au dessus d’une île amie et a été secouru immédiatement par l’USAF.


Les Cmdt avn Eric Smith et Doug Lindsay ont tous les deux échangé des tirs de front avec des MiG. Alors qu’il patrouillait à proximité de la rivière Yalu, le Cmdt avn Smith a aperçu une tache au loin qui a rapidement été identifiée comme étant un MiG faisant feu. Le MiG était muni de deux canons de 23 mm et d’un canon de 37 mm. Il a tiré à son tour alors que le MiG passait à bâbord. Le MiG a viré à gauche et le Cmdt avn Smith a viré en direction du MiG pour un deuxième affrontement. Ils ont tous les deux ouvert le feu en même temps durant le deuxième passage, qui n’a duré que quelques secondes. Le MiG a ensuite effectué une montée en direction du sanctuaire de la rivière Yalu.

Il s’agissait de la 50e et dernière mission du Cmdt avn Lindsay en Corée. Il venait tout juste de revendiquer son deuxième MiG et retournait à la base. Il restait environ 20 minutes de vol à sa période de service dans la guerre de Corée. Le radar de l’USAF l’a informé qu’un MiG seul s’approchait devant lui. Le plan du Cmdt avn Lindsay était d’enfoncer la détente et de cribler le ciel de balles de calibre 50 avant que le MiG puisse réagir. Toutefois, alors que le ciel était parsemé de traceurs, le MiG a ouvert le feu avec ses trois canons et des projectiles orange de la taille d’une balle de golf ont surgi en direction du Sabre. Le MiG disposant clairement d’une puissance de feu supérieure, le Cmdt avn Lindsay a effectué un piqué et cela a été terminé en quelques secondes.

Le Capt avn Bob Lowry et le Lt avn Gene Nixon se sont trouvés tous les deux dans des situations dangereuses et intenses tout en étant la cible de tirs. Le Capt avn Lowry n’a pas été capable de larguer les réservoirs largables de son aéronef alors qu’une action des MiG était imminente, il a donc été exclu du combat. Durant le vol de retour à la base en compagnie d’un autre Sabre, ils ont repéré un train ennemi dans une vallée. Les Sabre ont mitraillé le train, toutefois, un piège avait été tendu à l’extrémité de la vallée et plusieurs batteries d’artillerie antiaérienne ont ouvert le feu à partir des collines avoisinantes. Les tirs des canons antiaériens étaient intenses, mais ils ont tous les deux réussi à s’échapper.

Le Lt avn Nixon a été séparé de son escadrille et a été pourchassé par deux MiG. Il a été en mesure de les déjouer, mais pas de les distancer. Seuls, ils ont vrillé et tourné dans le ciel, ils ont plongé près de la rivière Yalu et ont volé sous un pont. Ce n’est que lorsqu’il s’est dirigé vers l’océan que les MiG ont fait demi tour. Les MiG ont tiré dans sa direction à plusieurs reprises. Dans son agitation, le Lt avn Nixon a allumé la photomitrailleuse qui a enregistré l’événement en entier, et cela est devenu une grande source d’amusement.

L’ARC a comptabilisé près de 900 missions de combat, neuf MiG abattus, deux probablement abattus et 10 endommagés. Parmi les meilleurs pilotes, on retrouve le Capt avn Ernie Glover, qui a abattu trois MiG et en a endommagé trois autres, et le Cmdt avn Doug Lindsay, qui a abattu deux MiG et en a endommagé trois autres.


Le Capt avn Ernie Glover, un pilote de l’ARC qui a servi au sein de l’USAF durant la guerre de Corée avec son Sabre (Rufus) construit au Canada. Les étoiles sur l’aéronef représentent cinq de ses six affronts avec des MiG. À ses côtés se trouve le Sergent Allan Reveley, un Canadien qui a joint l’USAF directement à partir du Canada.

En plus de ces cinq MiG, le Capt avn Claude LaFrance, le Capt avn Larry Spurr, le Cmdt avn John Mackay et le Capt avn Omer Levesque ont abattu chacun un MiG. Les pilotes de l’ARC ont reçu huit Croix du service distingué dans l’Aviation (DFC) des forces américaines et 10 US Air Medal. Ernie Glover a été le dernier et le seul pilote de l’ARC à recevoir la DFC du Commonwealth depuis la Seconde Guerre mondiale.

TRANSPORT 

Deux semaines seulement après l’invasion des Nord Coréens, le 426e Escadron d’entraînement au transport a été avisé de se rendre à la base aérienne McChord pour participer à l’opération Hawk, la partie militaire canadienne du pont aérien durant la guerre de Corée. Les directives données au 426e Escadron étaient précises : il y aurait 12 aéronefs North Star en tant qu’effectifs de guerre, il devait s’intégrer au MATS de l’USAF, il devait interrompre tous les vols intérieurs à l’exception de ceux qui étaient essentiels, et il devait opérer au Japon, mais pas en Corée.

C’était le début d’une nouvelle ère pour l’escadron, une période remplie d’intensité et de défis. Les vols au dessus de la voie du Pacifique Nord nécessitaient une planification minutieuse afin d’affronter le temps difficile et imprévisible, et les vols au dessus de la voie du milieu du Pacifique requéraient de la précision afin de traiter avec les longs tronçons d’eau libre.

Il y avait des aides de radionavigation à chaque extrémité de l’île Shemya vers le tronçon du Japon, mais elles ne fonctionnaient que dans un rayon d’environ 160 km à chaque extrémité. Les terres situées à l’ouest appartenaient à la Russie et le brouillage des ondes était un mode de vie le long de ce tronçon. La voie située au nord nécessitait deux arrêts de ravitaillement en carburant, un à la base aérienne Elmendorf, près d’Anchorage, en Alaska, et l’autre à l’île Shemya. La route du sud passait par la base aérienne Travis, en Californie, Honolulu et au moins deux autres îles du Pacifique, comme Midway ou Guam. La route du sud prenait 10 heures de plus de McChord à Tokyo.

Le terrain d’aviation de Shemya, situé à 1 770 km de la côte ouest de l’Alaska à l’extrémité la plus éloignée des îles Aléoutiennes, était une escale essentielle pour tous les vols en direction et en provenance du Japon. Le temps à proximité des îles Aléoutiennes est aussi mauvais que partout ailleurs dans le monde.

Pour y faire face, l’USAF fournissait un système d’approche contrôlée du sol (GCA) et des opérateurs de tout premier ordre pour assurer la sécurité des arrivées, même lorsque le temps était en deçà des limites. Malgré cela, en décembre 1953, un North Star de l’ARC, après avoir fait un atterrissage sécuritaire, mais difficile, en raison d’une tempête de neige aveuglante et de forts vents de travers, a été poussé hors de la piste glissante. Même s’il n’y a eu aucun blessé ni aucune perte de cargaison, l’aéronef a été complètement détruit.


Un North Star du 435e Escadron d'être chargé pour la prochaine mission, à environ 1954.

Bien qu’il y ait eu des accidents évités de justesse et des incidents, il n’y a eu aucun décès ni aucune perte de cargaison durant le pont aérien.

L’opération Hawk a constitué une excellente formation pour l’escadron puisqu’elle comprenait de la navigation à longue distance, des opérations à partir de terrains éloignés et de l’expérience dans la manipulation de divers types de cargaison, allant des munitions aux patients blessés. Durant l’opération Hawk, le 426e Escadron a effectué 599 vols allé retour entre la base aérienne McChord et Tokyo – et quelques vols non autorisés en Corée – de juillet 1950 à juin 1954.

En juin 1954, l’USAF a mis fin au service nécessaire de la GCA à l’arrêt essentiel pour le ravitaillement en carburant situé à l’île Shemya, et l’ARC ne pouvait plus participer au pont aérien.

DES AVIATEURS DE LA MARINE ROYAL DU CANADA

Un pilote de la MRC a été affecté à l’Escadron VF-781 (devenu plus tard le VF-121) de l’USN pour exercer des fonctions de combat en Corée en pilotant le Grumman F9F-5 Panther. À la suite d’un exercice d’entraînement préparatoire ardu aux fonctions de combat, l’escadron a été assigné à un porte avions, le USS Oriskany, l’un des quatre porte avions opérant en tout temps avec la force opérationnelle 77 dans la mer du Japon.


USS Oriskany (CV-34)

En raison de son expérience, le Lieutenant (Lt) Joe MacBrien a été nommé au poste d’officier de l’armement de l’escadron. Sa mission consistait à effectuer des patrouilles aériennes de combat au dessus de la flotte, à exécuter des missions d’escorte photo, à offrir un appui aérien rapproché et à faire des vols de reconnaissance armée. Il a effectué des vols dans le cadre de 66 missions de combats et a réalisé 92 appontages durant l’exercice d’entraînement préparatoire et la période de combat. Le Lt MacBrien a reçu la DFC des forces américaines pour son courage et son leadership lors d’une mission d’attaque au sol difficile qu’il a menée en février 1953.

LES MOSQUITOS


Un Mosquito T 6 (aussi connu sous le nom de Harvard) en route vers une mission de combat le long des lignes de front. Les membres de l’équipage dirigeaient les chasseurs bombardiers dans les airs, armés seulement de roquettes fumigènes qu’ils larguaient sur des cibles ennemies au sol.

Durant les périodes d’affectation des divers régiments de l’Armée canadienne en Corée, une organisation aérienne, officieusement appelée les Mosquitos, a été formée. Il s’agissait d’une opération dirigée par l’USAF, officieusement connue sous le nom de 6 147e Groupe de contrôle tactique aérien (TACG).

Les Mosquitos étaient constitués de deux escadrons aériens – le 6 148e et le 6 149e Escadron de contrôle tactique aérien (TACRON) – et de plusieurs équipes au sol de trois hommes à bord de Jeep munies de radio – le 6 150e Élément de contrôle aérien tactique (ECAT) – qui demeuraient avec les unités d’infanterie.

La principale fonction des Mosquitos était de contrôler toutes les frappes aériennes tactiques entre les lignes de front et la ligne de bombardement (limite nord des tirs d’artillerie amis) et d’infliger le plus de dommages possible à l’ennemi tout en assurant le plus haut degré de sécurité possible des forces amies. Cela a été fait en marquant adéquatement les cibles à l’aide de roquettes fumigènes aériennes et en dirigeant les chasseurs bombardiers dans la zone cible.

Les Mosquitos étaient très efficaces et, outre la destruction et la dévastation de l’ennemi, ils ont sauvé d’innombrables vies des forces terrestres de l’ONU.


T-6  Harvard

Cette activité a été menée à l’aide d’un aéronef T-6 non armé, monomoteur, biplace (connu sous le nom de Harvard au Canada). Le Canada a fourni, dans le cadre d’un détachement durant une période de service d’un an en Corée, 16 officiers de l’Armée en tant que co contrôleurs aériens avancés (CAA) provenant de cinq régiments, entre le début de 1951 et la mi 1954.

Les missions se déroulaient de façon continue de l’aube au crépuscule dans toute la péninsule, sous la direction d’un navire mère. Une mission type durait jusqu’à trois heures. Il n’était pas rare qu’il y ait de nombreux contacts de combat lors d’une mission ni qu’il y ait deux missions par jour. Les chasseurs bombardiers étaient toujours en service et prêts en quelques minutes pour l’acquisition d’objectifs.


Le Lieutenant canadien Peter Worthington de la Princess Patricia’s Canadian Light Infantry a réalisé plusieurs missions de combat à titre de contrôleur aérien tactique à bord de Mosquitos avec l’USAF avant l’armistice et a, par la suite, effectué de nombreuses patrouilles le long des lignes de front. Il a ensuite eu une carrière longue et distinguée en tant que journaliste, chroniqueur et auteur.

En général, un détachement durait trois mois, mais quelques uns ont été prolongés, dont celui du Lieutenant Geoff Magee (Royal Canadian Regiment), qui a été en service durant trois périodes et a effectué 162 missions de combat, ce qui le place au deuxième rang de tous les CAA de l’ONU. Les Canadiens ont participé à près de 800 missions de combat des Mosquitos et ont reçu quatre DFC des forces américaines et cinq US Air Medal.

De courts programmes de formation ont été offerts aux candidats instructeurs des Mosquitos retenus aux 6 148e et au 6 149e TACRON. Dans le cadre de la formation sur place, ils ont acquis la capacité de transmettre des renseignements du sol à l’air, de réussir à repérer et à marquer des cibles à l’aide de roquettes fumigènes, de diriger la livraison d’explosifs à grande vitesse largués par des chasseurs bombardiers de l’USAF et de l’USN, dans un aéronef trop chaud ou trop froid, bruyant, tressautant, non armé, volant à faible vitesse et muni de radios de mauvaise qualité dans le poste de pilotage, qui était souvent piloté par de jeunes pilotes agressifs parlant avec l’accent traînant du sud des États Unis, tout en étant l’objet de tirs.

Les Mosquitos s’envolaient du terrain d’aviation de Chonchun, à proximité du 38e parallèle. Cette activité était considérée comme étant le vol le plus dangereux de la guerre de Corée. L’ennemi savait très bien que s’il était repéré par les Mosquitos, une attaque aérienne – réalisée par des chasseurs bombardiers pouvant transporter du napalm et 500 lb de bombes et tirer à l’aide de canons de 20 mm – surviendrait peu après. L’ennemi avait pour réflexe de tirer en direction des Mosquitos, et les aéronefs ont été troués lors de la majorité des missions impliquant un contact avec l’ennemi.

Heureusement, le seul Canadien abattu a survécu, et seulement deux autres Canadiens ont été blessés par des tirs de Mosquitos en vol. Le Lieutenant Neil Anderson (Queen’s Own Regiment of Canada) a été tué dans un accident lors d’une formation après la guerre. Il a été inhumé au cimetière de Pusan (maintenant Busan), en Corée du Sud.

PILOTES D'OBSERVATION AÉRIENNE


L’Auster VI du vol d’observation aérienne 1903 retourne à Fort George après une sortie.

En 1952. l’Armée canadienne a commencé à envoyer une série de quatre pilotes d’observation aérienne en Corée pour des périodes de service d’un an afin de piloter des aéronefs Auster VI au sein de l’escadrille d’observation aérienne 1903 de la Royal Air Force (RAF).

Le terrain d’aviation était situé au quartier général de la Division du Commonwealth, qui était connu sous le nom de Fort George et était situé sur la rivière Imjin, à environ 48 km au nord de Séoul. Les pilotes ont soutenu les unités d’artillerie de la Division du Commonwealth et du Canada qui, à leur tour, soutenaient les unités d’infanterie de la Division du Commonwealth.

Après deux vols de formation, le Capitaine (Capt) Joe Liston a été abattu et capturé lors de sa 12e mission de combat (en 13 jours), en août. Il a été prisonnier de guerre (PG) pendant un an et a été libéré dans le cadre de l’opération Big Switch (un échange de PG) en septembre 1953. Durant son internement, il a été interrogé constamment et a subi de la pression pour donner des renseignements. Les Chinois utilisaient la menace nous sommes les seuls à savoir que vous êtes ici – et personne d’autre ne le saura. Selon le Capt Liston, c’était ça le pire dans le fait d’être un PG. Au Canada, il a été inscrit comme ayant disparu au combat et cela a entraîné d’importantes répercussions en matière de paie et de logement pour sa famille, qui a été obligée de quitter le logement militaire.

Le remplaçant du Capt Liston, le Capt Peter Tees, était un combattant dynamique et il a accompli 211 missions de combat durant son affectation d’un an. Il a subi trois pannes de moteur, dont une qui a complètement détruit l’aéronef. En outre, il a été touché par des tirs amis lorsqu’un obus d’artillerie pas encore armé a traversé son aile gauche à 2 130 m d’altitude. Deux autres pilotes d’observation aérienne ont suivi le Capt Tees et ont effectué quelques vols de combat, mais ils ont été essentiellement utilisés dans le cadre de fonctions de maintien de la paix. Le Capitaine Tees a été le deuxième et dernier Canadien à recevoir la DFC du Commonwealth en Corée.

LIGNES AÉRIENNES CANADIEN PACIFIQUE

Avant que la guerre de Corée éclate, Lignes aériennes Canadien Pacifique (LACP) effectuait déjà des vols hebdomadaires entre Vancouver et Hong Kong, en passant par Tokyo. LACP n’a donc pas eu de difficultés à convaincre le gouvernement du Canada et l’armée américaine qu’elle était capable de participer au pont aérien de la guerre de Corée. LACP a commencé à effectuer quatre (et plus tard cinq) vols nolisés par semaine dans le cadre de la contribution canadienne au pont aérien dès août 1950. Contrairement au service du 426e Escadron, LACP offrait seulement un service pour les passagers. LACP a fourni le premier service de première classe pour tous les grades et est devenue rapidement le moyen de déplacement préféré des militaires américains et canadiens.

Ces vols se sont poursuivis – d’abord avec des aéronefs North Star, puis des DC-4 remis à neuf, et ensuite le nouveau DC-6B – jusqu’en mars 1955, ce qui représente plus de 700 vols nolisés. En juillet 1951, un DC-4 dans lequel prenaient place un équipage de sept personnes (y compris deux jeunes agents de bord), deux marins canadiens et 29 passagers de l’armée américaine et de l’USAF, est disparu au large près de Juneau, en Alaska. Malgré deux mois de recherches intensives qui ont pris fin lorsque la région a été recouverte d’une épaisse couche de neige, aucune trace de l’aéronef et de l’équipage n’a été trouvée.

 OFFICIERS SUPÉRIEURS DE L'ARC


Les trois officiers les plus hauts gradés de l’ARC en Corée étaient le Colonel d’aviation (Col avn) Ed Hale, qui a piloté un F-86 dans le cadre de missions de combat avec l’USAF à Suwon, en 1952, et qui était le commandant de la 1re Escadre de chasse de l’ARC, à North Luffenham; le Col avn Robert BuckMcNair, l’attaché de l’aviation à l’ambassade du Canada au Japon; et le Col avn Ken Patrick, commandant de la Réserve de la Force aérienne à Montréal et fondateur et président directeur général de Canadian Aviation Electronics à Montréal.


Le Col avn Patrick a servi en tant qu’expert en communications lors de la Seconde Guerre mondiale et, en raison de ses connaissances approfondies, il a été invité par les gouvernements du Canada et des États Unis à effectuer des vols de recherche très secrets au dessus de la Corée du Nord. Pour ce faire, il a passé cinq semaines (de novembre à décembre 1951) à voler avec le 343e Escadron de bombardiers de l’USAF à Yokota, au Japon.

Il a effectué des vols à bord d’un B-29 dans le cadre de six missions de bombardement et a agi en tant qu’agent de radar afin d’analyser les radars ennemis et le matériel de contre mesures disponible. Lors de chaque mission, un ou deux des six B-29 des formations de bombardement ont été abattues ou sérieusement endommagés.

LE RÉSULTAT FINAL


Durant la période d’affectation canadienne en Corée, 516 militaires et sept civils (LACP) sont morts. Il y a eu 33 PG (majoritairement de l’armée, auxquels il faut ajouter deux aviateurs, le Capt Joe Liston, pilote de l’armée, et le Cmdt avn Andy Mackenzie de l’ARC).

Trente-trois Canadiens n’ont pas de tombe connue, dont 16 militaires de l’armée qui sont disparus au combat. La dernière perte canadienne officielle dans la guerre de Corée a été le Major Edward Gower. Lors de son vol de retour de la Corée vers Calgary en décembre 1956, son avion de transport et d’entraînement North Star est entré en collision avec le mont Slesse (près de Hope, en Colombie Britannique). On a retrouvé l’épave en mai 1957 et les restes des 62 membres de l’équipage et passagers reposent encore sur la montagne à ce jour.

En somme, les aviateurs canadiens ont fait du très bon travail en Corée – ils ont réalisé plus de 2 200 missions de combat et plus de 1 500 vols aller retour de transport aérien. Les infirmières de l’ARC ont participé à près de 250 vols d’évacuation médicale dans le Pacifique et encore plus au Canada.

Si l’accumulation de médailles et de distinctions est un autre indicateur des réalisations, les Canadiens ont fait bonne figure encore une fois, puisqu’ils ont reçu 57 distinctions, médailles et mentions élogieuses du Commonwealth et des États Unis. Ce nombre aurait été plus élevé si ce n’avait été d’une règle étrange imposée par l’Armée canadienne qui autorise la remise d’une seule médaille américaine par Canadien. Cette règle a souvent été ignorée par les pilotes individuels de l’ARC.

Les Canadiens ont été exceptionnels en Corée, et la guerre de Corée ne doit pas sombrer dans l’oubli.

Carl Mills, de Toronto, a servi pendant 24 ans dans la réserve aérienne à London et à Toronto. Il est membre de l’Association de la Force aérienne du Canada.

Nous invitons les lecteurs à visiter l’exposition Canadiens dans la guerre de Corée qui se tient actuellement au Musée national de la Force aérienne du Canada, à Trenton, en Ontario.

ABRÉVIATIONS

LACP – Lignes aériennes Canadien Pacifique

DFC – Croix du service distingué dans l’Aviation

GCA – Approche contrôlée du sol

ECI – Escadre de chasseurs d’interception

MATS – Military Air Transport Service

MiG – Entreprise de conception d’aéronefs militaires russe, participant principalement à la conception d’avions de chasse. « Mikoyan et Gurevich »

OTAN – Organisation du Traité de l’Atlantique Nord

PG – Prisonnier de guerre

RAF – Royal Air Force

ARC – Aviation royale du Canada

MRC – Marine royale du Canada

TACG – Groupe de contrôle tactique aérien

TACRON – Escadron de contrôle tactique aérien

ECAT – Élément de contrôle aérien tactique

RU – Royaume-Uni

ONU – Organisation des Nations Unies

USAF – United States Air Force

USN – United States Navy

Grades

Col avn – Colonel d’aviation, équivalent du grade actuel de colonel.

Cmdt Ere – Commandant d’escadre, équivalent du grade actuel de lieutenant colonel

Cmdt avn – Commandant d’aviation, équivalent du grade actuel de major

Lt avn – Lieutenant d’aviation, équivalent du grade actuel de lieutenant


10/06/2013
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