INTRODUCTION GUERRE DE CORÉE 2partie
GUERRE DE CORÉE 2partie
LE CANADA
En décembre 1947, le premier ministre Mackenzie King réprimande son ministère des Affaires extérieures pour avoir accepté que le Canada fasse partie de la Commission temporaire de l'ONU sur la Corée. Néanmoins, le 27 juillet 1950, après les funérailles de King, ses anciens collègues décident en principe de fournir un contingent de l'armée canadienne pour appuyer les forces de l'ONU en Corée. De l'avis du gouvernement, le Canada combattra non pas pour la Corée, mais pour l'ONU et pour le principe de la sécurité collective.
La guerre (1950-1953) éclate le 25 juin 1950. Le lendemain, le général Douglas MacArthur informe le président américain Harry Truman que la défense sud-coréenne s'effondre et que la défaite est imminente. Les Américains décident d'aider le Sud à se défendre contre le Nord communiste, mais par le biais de l'ONU. L'Assemblée générale de l'ONU est dominée par les pays occidentaux, mais, comme les Soviétiques boycottent le Conseil de sécurité à cause du refus de l'ONU d'admettre le nouveau régime communiste chinois au sein du conseil, ils ne peuvent exercer leur droit de veto. Le Conseil de sécurité condamne alors les Nord-Coréens et exhortent les États membres de l'ONU à accorder toute leur aide à la Corée du Sud assiégée. Les Américains offrent aussitôt une aide aérienne et navale. Le 28 juin 1950, Lester Pearson, secrétaire d'État canadien aux Affaires extérieures, les félicite, croyant que le Canada doit aussi réagir par le biais de l'ONU et sous le leadership militaire des États-Unis.
En 1950, période où la Guerre froide soulève les pires craintes, les Canadiens acceptent que les Américains prennent l'initiative dans la résistance à l'expansion communiste et les encouragent même à le faire. On craint parfois, cependant, que les Américains mettent trop d'impétuosité à défendre le monde libre. Pearson insiste donc sur le fait que la participation canadienne s'inscrit dans une opération de l'ONU, non des États-Unis. Au début, le Canada envoie trois destroyers et un escadron de transport aérien.
Les Américains, jugeant que cette aide est insuffisante, incitent le secrétaire général de l'ONU, Trygve Lie, à faire pression sur le Canada et sur d'autres États membres pour qu'ils fournissent une contribution plus importante. Le gouvernement canadien n'a pas besoin de pression extérieure, car les intérêts nationaux exercent l'influence nécessaire. Même la socialiste Co-Operative Commonwealth Federation (CCF) enjoint le gouvernement d'engager des forces terrestres. La principale difficulté du Canada est le piètre état des forces armées, mais, le 7 août, le premier ministre Saint- Laurent lance des mesures et des plans de réarmement en vue de mettre sur pied une Force spéciale de l'Armée canadienne (FSAC) destinée à remplir les obligations du Canada envers l'ONU.
Au début, il semble que les soldats canadiens n'auront jamais à tirer. Sous MacArthur, les forces de l'ONU repoussent les Nord-Coréens à la frontière du 38e parallèle. Les Canadiens et la plupart des autres pays membres s'attendent à ce que MacArthur, ayant vaincu l'agresseur, mette fin aux combats. À la surprise et à la déception de Pearson, il poursuit l'offensive. Le Canada, néanmoins, appuie publiquement la décision de l'ONU de pousser la guerre en Corée du Nord. Les Canadiens cherchent alors à limiter l'action militaire menée par les Américains, de peur que les communistes chinois ne soient entraînés dans le conflit. À la fin d'octobre, des volontaires chinois, après avoir franchi le fleuve Yalu, refoulent les forces de l'ONU.
À la mi-novembre, Pearson exprime publiquement son inquiétude lorsqu'il souligne que le Canada a toujours voulu une guerre confinée et localisée, qui ne mette pas en péril la sécurité des voisins de la Corée. MacArthur n'exagère pas quand, le 28 novembre 1950, il parle d'une guerre complètement nouvelle. Les Canadiens n'échapperaient pas aux combats.
Princess Patricia's Canadian Light Infantry en Corée 1951
En décembre 1950, le 2e Bataillon, Princess Patricia's Canadian Light Infantry atterrit en Corée, suivi de la FSAC en mai. Les Canadiens combattent en terrain accidenté et dans un environnement inconnu. Les forces de l'ONU établissent un front stable près du 38e parallèle et les combats se poursuivent le long de cette ligne jusqu'à la fin de la guerre, le 27 juillet 1953. Les Canadiens se distinguent lors d'une action importante à Kap’yong en avril 1951. Au total, 21 940 Canadiens servent dans l'armée et près de 3600 dans la marine. Onze officiers de l'armée, 298 soldats d'autres rangs et trois marins meurent au combat. Cinquante-neuf officiers et 1143 soldats d'autres rangs sont blessés. Selon toutes les évaluations, les Canadiens ont été admirables.
Pearson et ses collègues ont cru que le leadership américain était essentiel, mais celui-ci s'est exercé de façon de plus en plus troublante. Tout d'abord, le président Truman a émis des commentaires irréfléchis quant au droit du général MacArthur de décider seul de l'utilisation des armes atomiques. Puis MacArthur a clairement indiqué son intention d'étendre le conflit à la Chine, un geste qui aurait pu déclencher une troisième guerre mondiale. Même le fait que Truman ait démis MacArthur de ses fonctions le 10 avril 1951 n'a pas réussi à dissiper toutes les inquiétudes.
Les renforts canadiens se présentent au sergent de section placé à l'avant, les bras levés au ciel, Corée, janvier 1953. Un des soldats tués a le bras levé comme pour faire signe.
Au cours de la guerre, les diplomates canadiens ont cherché à contraindre les décideurs américains à renoncer aux gestes dangereux qu'ils envisageaient parfois. Les Canadiens ont certes fait preuve d'un zèle et d'un talent exceptionnels dans les coulisses de l'ONU et dans les bureaux de Washington pour fournir des arguments en faveur d'une paix négociée. Cependant, leur influence demeure discutable. Bien que certains Canadiens croient que les interventions du Canada ont réellement servi à restreindre l'agressivité des Américains, on doit reconnaître que les documents de sources américaines appuient assez peu ce point de vue. La guerre de Corée fait donc maintenant partie d'une controverse historique plus vaste concernant la nature des relations Canado-américaines.
Plus de 26 000 Canadiens ont servi pendant la guerre de Corée et un autre contingent de 7 000 militaires a servi sur le théâtre des opérations entre l’armistice et la fin de 1955. Certains y sont restés jusqu’en 1957. Proportionnellement à sa population, la contribution du Canada a été plus importante que celle de la plupart des nations qui ont envoyé des troupes pour constituer la force internationale. Plus de 1 500 Canadiens ont été blessés au combat; 516 d’entre eux y sont morts. Les noms des 516 Canadiens morts à la guerre figurent dans le Livre du Souvenir de la guerre de Corée.
TÉMOIGNAGES
Mais je sais qu’il y avait Tremblay, Fong, eux autres sont morts, parce que les gars les ont trainés pour rentrer dans nos positions. Puis Paul Dugal, on ne l’a pas trouvé, ce sont les Chinois qui l’ont trouvé.
Le vendredi 10 août, les négociations commencent en territoire communiste.
Après trois jours de patrouille le Royal 22e est de retour dans les lignes amies. Pour les soldats, même éloignés de leur Québec natal, le dimanche est jour de messe. René Lévesque y assiste avec le bataillon, dans une clairière derrière la ligne de front. Malgré la guerre, les soldats québécois ont toujours en tête les idéaux de la charité chrétienne. Ils tentent donc d'apporter un peu de réconfort à la population coréenne qui subit le conflit.
Pour tenter de soulager la misère des civils qui les entourent, les membres du Royal 22e créent un organisme caritatif nommé Charité Khaki. Dons de nourriture, de vêtements, de soins médicaux, ces gestes ne sont que quelques exemples qui parsèment et illustrent le séjour des Québécois en Corée. À la signature de la convention d'armistice, le 27 juillet 1953, le coût de la guerre de Corée est estimé à 2 millions de morts civils et à 3 milliards de dollars de pertes matérielles. La majorité des décès civils, des enfants, sont des victimes indirectes de la guerre. Ils meurent de faim et de maladie, plutôt que des combats.
En juin 1950, la Corée du Nord communiste attaque la Corée du Sud. Les États-Unis réagissent rapidement en envoyant des troupes pour aider la Corée du Sud. Les Américains obtiennent l'appui du Conseil de sécurité de l'ONU, qui décide de rétablir la paix en Corée en y envoyant des casques bleus. Au camp de Fort Lewis, dans l'État de Washington, le général Brooke Claxton, ministre de la Défense du Canada, encourage les soldats et les officiers du Royal 22e Régiment qui partent combattre en Corée sous la direction de l'ONU. L'opération en Corée est la première mission de l'Organisation des Nations unies à laquelle le Royal 22e Régiment participe. Trois bataillons du Royal 22e Régiment, dont deux récemment formés, se rendent en Coréeentre 1950 et 1954. Au cours du conflit, le rôle des militaires est plutôt défensif et consiste surtout à patrouiller dans des zones démilitarisées, aussi appelées le no man's land. Cette tâche est dangereuse, car ces zones sont surtout contrôlées par les Nord-Coréens et les Chinois. En avril 1954, le Royal 22e Régiment quitte la Corée. La guerre est alors terminée depuis juillet 1953, soit près d'un an. Lors de ce conflit, comme au cours des deux précédents, les officiers du Royal 22e Régiment ont inculqué à leurs hommes la volonté de bien combattre pour représenter dignement les Canadiens français auprès des corps d'armée étrangers.
La première unité de l'armée choisie pour intervenir en Corée est le 2e bataillon du Princess Patricia's Canadian Light Infantry. Il s'embarque pour la Corée le 25 novembre 1950. Il fait son entrée sur le front coréen à la mi-février 1951 et déplore ses premières pertes le 22 février. Face au prolongement du conflit, le gouvernement canadien décide d'envoyer le reste de la 25e brigade d'infanterie. C'est dans ce contexte que le Royal 22e Régiment quitte le Canada, comme l'explique Lucien Côté.
En avril 1951, la guerre en Corée dure depuis près de 10 mois. Cependant dès l'année précédente, le 7 août 1950, le Canada, pour faire face à ses engagements de plus en plus croissants vis-à-vis des Nations Unies, décide de créer un contingent spécial de l'armée canadienne. Ce contingent, formé de volontaires, servira à entraîner et à fournir les renforts destinés au front coréen.
Pendant la première année du conflit, la situation fut fluide et chaotique. La ligne de front changeait de jour en jour. Cependant, lors de l'arrivée de la 25e brigade d'infanterie en Corée, le conflit entra dans sa phase statique. C'est-à-dire que les belligérants se cantonnaient et s'observaient de part et d'autre d'une ligne qui chevauchait le 38e parallèle.
Pour les soldats, le quotidien se résume souvent à de longues heures de marche dans les montagnes.
Au moment du reportage de René Lévesque, en septembre 1951, le conflit en Corée est une guerre d'usure, d'attente et de solitude. De toute époque, les guerres de tranchées se sont caractérisées par de longues périodes d'inactivité, où l'on passe son temps à observer l'ennemi, à entretenir ses armes et équipements, mais surtout à s'ennuyer.
À cette époque le front chevauche le 38e parallèle. C'est un terrain montagneux, coupé d'innombrables ravins abritant des rizières marécageuses. Le climat y est aussi rigoureux qu'au Canada avec des étés très chauds et des hivers sibériens. Le temps au front se passe à consolider les abris et les systèmes de tranchées, qui doivent être continuellement entretenus, car ils subissent l'assaut des intempéries, principalement les pluies diluviennes de l'automne. Le tout est entrecoupé de patrouilles dans les lignes ennemies. Pour pallier l'épuisement physique et moral des hommes, le commandement des troupes alliées instaure un système de roulement annuel des unités, une unité fraîche remplaçant une unité au front depuis un certain laps de temps. Ainsi, en octobre 1951, le 1er bataillon du Princess Patricia's Canadian Light Infantry (PPCLI) remplace le 2e bataillon, qui était en Corée depuis décembre 1950.
Vieillards abandonnés, enfants blessés, risques d'épidémie, famine. Le conflit pèse sur la population.
Alors que le conflit devient statique et s'enlise dans une guerre de tranchées, les armées, face à face, cherchent à s'évaluer, se jauger pour découvrir une faille, une faiblesse qui pourrait les avantager. Cette période de la guerre voit l'émergence des patrouilles de nuit, comme le raconte le journaliste René Lévesque.
Pendant près de deux ans, soit de juillet 1951 à juillet 1953, le cours des combats est déterminé par la situation statique de la guerre. Durant cette période, ce qui caractérise la guerre, c'est qu'elle se poursuit sur une petite échelle, la nuit, entre des patrouilles allant de 30 à 100 hommes. Ces patrouilles ont pour but de recueillir des renseignements, de faire des prisonniers mais surtout de harceler l'ennemi, physiquement et psychologiquement.
Le 8 juillet 1951, des pourparlers de paix s'ouvrent dans la ville de Keasong, juste au nord du 38e parallèle, entre les représentants communistes et ceux des Nations Unies. En octobre 1951, les pourparlers sont transférés dans la ville de Panmunjom, qui se trouve directement dans la zone démilitarisée entre les deux ennemis.
Les négociations durent deux ans. Les points les plus litigieux sont le mode de surveillance de l'armistice qui est mis en place, mais surtout le problème du rapatriement des prisonniers de guerre.