LE CANADA ET LA GUERRE DE CORÉE 1 partie
L'histoire de la Corée est marquée de conquêtes successives. Longtemps dominée par la Chine, la péninsule passa aux mains des Japonais en 1910, après la guerre entre la Russie et le Japon.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les chefs d'État des pays alliés de la Grande-Bretagne, des États-Unis et de la Chine se rencontrèrent pour décider du sort du Japon et des territoires qu'il avait conquis une fois les hostilités terminées. Dans leur déclaration au Caire, en novembre 1943, ils promirent qu’en temps opportun, la Corée deviendrait libre et indépendante.
Lorsque le Japon se rendit en 1945, l'Union soviétique occupait la Corée du Nord, tandis que les États-Unis contrôlaient la Corée du Sud. Le 38e parallèle fut choisi comme ligne de démarcation. On présumait que l'occupation serait temporaire et qu'un pays unifié et indépendant serait éventuellement formé.
Malheureusement, la défaite des puissances de l'Axe en 1945 n'apporta pas la paix dans le monde. Les alliés occidentaux se trouvèrent bientôt engagés dans une nouvelle lutte contre leur ancien allié, l'Union soviétique. Comme la guerre froide se répandait dans d'autres parties du monde, en Corée le 38e parallèle se transformait graduellement en une frontière permanente. Au nord, les Russes avaient établi un régime communiste qu'ils alimentaient en armes. Dans le sud, les États-Unis avaient installé une démocratie chancelante sous la gouverne de Syngman Rhee. Compliquée par la frontière artificielle, la situation politique et économique devenait de plus en plus désespérée et en 1946, Syngman Rhee réclamait la fin du morcellement de son pays.
En septembre 1947, les États-Unis annoncèrent leur intention de soumettre toute la question aux Nations Unies. L'Union soviétique répliqua en suggérant que les deux parties retirent leurs forces et laissent les Coréens libres de choisir leur propre gouvernement. Les Américains rejetèrent cette proposition qui aurait laissé les Sud-Coréens à la merci du Nord fortement armés; ils soumirent la question à l'Assemblée générale des Nations Unies.
Le 14 novembre 1947, l'Assemblée créa une commission temporaire sur la Corée afin de surveiller des élections libres par scrutin secret et de contrôler le retrait des forces d'occupation. Puisque les communistes refusèrent l'accès à la Corée du Nord à la Commission, celle-ci reçut l'ordre de mettre en oeuvre le programme dans les parties du pays où elle pouvait se rendre. Le 10 mai 1948, des élections eurent lieu en Corée du Sud; le 15 août, le gouvernement de la République de Corée était formé. Ce gouvernement fut reconnu par l'Assemblée générale des Nations Unies. L'Union soviétique créa immédiatement en Corée du Nord la République démocratique populaire de Corée sous le contrôle d'un chef communiste de guérilla, Kim II Sung.
En décembre, l'Union soviétique annonça qu'elle retirait ses troupes de la Corée du Nord forçant ainsi les États-Unis à faire de même en Corée du Sud. L'armée sud-coréenne, munie d'armes portatives et de mortiers et dépourvue de chars, d'artillerie lourde ou d'avions, était laissée à la merci des forces nord-coréennes nombreuses et bien armées.
Comme les deux parties en cause réclamaient le droit de gouverner toute la Corée, il y eut des escarmouches à la frontière. Des patrouilles de la Corée du Nord commencèrent à envahir la République du Sud et la commission des Nations Unies donna à plusieurs reprises l'alerte d'une guerre civile imminente.
Le 25 juin 1950, les Forces armées nord-coréennes franchissaient le 38e parallèle pour pénétrer dans la République de Corée. Cet événement marquait le début des hostilités qui devaient faire rage pendant plus de trois ans dans ce pays que ses habitants avaient baptisé le Pays du matin calme. L'importance de cette attaque démontrait qu'il s'agissait bien là d'une invasion en règle.
C'était la première attaque ouvertement lancée depuis la fondation de l'Organisation des Nations Unies (ONU) et la réaction de cet organisme revêtait une grande importance pour son prestige et sa crédibilité, en fait pour son avenir même. L'ONU déclara que cette invasion rompait la paix et 16 pays membres réunirent leurs forces pour combattre cette agression.
La participation du Canada, dépassée seulement par celles des États-Unis et de la Grande-Bretagne, témoignait de la volonté de notre pays de défendre les idéaux des Nations Unies et de prendre les armes pour sauvegarder la paix et la liberté. Au total, 26 791 Canadiens ont servi pendant le Conflit coréen et environ 7 000 ont continué à servir sur le théâtre des opérations entre le cessez-le-feu et la fin de 1955. Les noms de 516 Canadiens morts au combat figurent dans le Livre du Souvenir sur la Corée.
La participation canadienne au cours de ces hostilités marquait un revirement dans notre politique traditionnelle. C'était le début d'une nouvelle ère de participation aux affaires internationales au cours de laquelle on assista au déploiement des troupes canadiennes autour du monde dans des équipes de trêve, des commissions de maintien de la paix et des forces d'urgence. Une nouvelle page de la fière histoire militaire du Canada était écrite.
Le présent ouvrage est dédié aux Canadiens qui ont servi dans les Forces armées, dans les montagnes et les rizières, sur mer et dans les airs, pour freiner l'agression et rétablir la paix mondiale.
LE COMBAT À KAPUOMG
Il était évident que les Chinois se préparaient à une contre-attaque en force. Leur retraite antérieure leur avait permis de redresser leur ligne, d'installer leurs forces sur un terrain élevé au nord de la rivière Imjin, de remplacer leurs troupes fatiguées et de réorganiser leur matériel.
Dans la nuit du 22 au 23 avril 1951, les forces chinoises et nord-coréennes attaquèrent dans les secteurs ouest et centre-ouest. Les 1er et 9e Corps d'armée américains reçurent tous deux l'ordre de se replier. Dans le secteur du 9e Corps d'armée, c'est la 6e Division de la République de Corée qui essuya l'offensive. Écrasée et forcée de battre en retraite, elle était dangereusement menacée d'être coupée du reste des troupes et d'être complètement détruite.
Heureusement, l'emplacement qu'occupait la 27e Brigade du Commonwealth, qui était alors en réserve, constituait une route idéale d'évasion que pouvaient emprunter les Sud-Coréens. Ce secteur se trouvait dans la vallée de la Kapyong près de l'endroit où elle rencontrait la rivière Pukhan. À cet endroit, la largeur de la vallée atteignait quelque 2 800 mètres. Au nord, elle se rétrécissait, décrivait un méandre et était dominée par les collines avoisinantes. De ces collines, on pouvait contrôler les entrées et les sorties de la vallée. Une position défensive y fut installée : le 3e bataillon du Royal Australian Regiment s'installa sur la côte 504; le 2ebataillon du PPCLI s'accrocha à la côte 677 et le 1er Régiment du Middlesex se fixa au sud des Patricias.
Les premiers à subir l'attaque, les Australiens résistèrent à un engagement massif durant la nuit du 23 au 24 avril. Le lendemain, l'infiltration chinoise s'intensifia, forçant les Australiens à se retirer sous un feu nourri. Le retrait des Australiens exposa aux attaques ennemies les positions des Patricias. Les postes du bataillon étaient répartis sur le versant nord de la côte 677 : la compagnie (A) à la droite, la compagnie (C) au centre et la compagnie (D) sur le flanc gauche.
La compagnie (B), qui occupait d'abord une saillie devant la compagnie (D), fut retirée plus au sud sur une colline immédiatement à l'est du poste de commandement tactique. De cet endroit, elle pouvait observer l'ennemi concentrer ses troupes à travers la vallée de la Kapyong vers le nord et l'est, près du village de Naechon. Vers 22 heures, l'ennemi commença à bombarder au mortier les positions des Patricias et, peu de temps après, le peloton de tête subit l'attaque. Celui-ci fut partiellement débordé mais put se désengager et rejoindre les postes du restant de la compagnie d'où l'on put préparer une contre-attaque.
Pendant que la compagnie (B) subissait l'attaque, l'ennemi s'efforça également d'infiltrer d'autres points, y compris une tentative contre le poste de commandement tactique. Ces attaques furent repoussées par le tir de mitrailleuses et de mortiers du bataillon.
En raison de sa position exposée du côté nord-ouest, la compagnie (D) supporta le fort de l'attaque suivante lorsque l'ennemi l'assaillit en grand nombre des deux flancs. Lorsqu'un peloton et un groupe de mitrailleurs furent débordés et un autre peloton retranché, le commandant de compagnie fit appeler un tir d'artillerie sur sa propre position. Après deux heures de combat acharné, l'avance ennemie fut freinée. Pendant toute la nuit, l'ennemi renouvela ses attaques qui furent toutes repoussées par le tir d'artillerie. À l'aube, la pression s'évanouit et la compagnie (D) put réoccuper ses anciennes positions.
Bien que les Patricias aient maintenu leurs positions, le bataillon était encerclé et la voie d'approvisionnement contrôlée par l'ennemi. Ses réserves de munitions et ses rations d'urgence épuisées, le lieutenant-colonel Stone demanda l'approvisionnement aérien. Celui-ci lui fut parachuté à peine quelques heures plus tard. Vers 14 heures la route menant à la position du PPCLI fut réouverte après que le régiment du Middlesex eut balayé les troupes ennemies de son arrière.
Pendant ces combats, les Canadiens avaient maintenu leur position, vitale à la défense de la brigade, tout en infligeant de lourdes pertes à l'ennemi. Le nombre peu élevé des pertes (10 morts et 23 blessés) que les Patricia savaient eux-mêmes subies, témoignent de l'habileté et de l'excellente organisation avec lesquelles la défense fut assurée. En récompense de leur bravoure à Kapyong, le président des États-Unis octroya la citation présidentielle au 2e bataillon du Princess Patricia's Canadian Light Infantry et au 3e bataillon du Royal Australian Regiment.
Le 1er mai, l'offensive ennemie avait pris fin. Les 1er et 9e Corps d'armée américains détenaient alors une ligne irrégulière d'environ 30 kilomètres au sud du 38e parallèle, formant un arc au nord de Séoul. On prépara immédiatement des plans pour réoccuper la ligne Kansas, le nom codé d'une chaîne de collines juste au nord du 38eparallèle. En même temps on renforça la position défensive contre toute possibilité d'une nouvelle attaque chinoise. Au nord, les Chinois avaient déplacé leurs troupes vers l'est en vue d'un assaut contre le secteur occupé par la 8e Armée.
APPUI AÉRIEN ET NAVAL
Bien que le récit des hostilités en Corée soit dominé par les combats des forces terrestres contre l'ennemi dans les collines, les marécages et les rizières, sous les pluies torrentielles et la neige, il faut souligner que toutes les étapes de la campagne de Corée consistaient en des opérations conjuguées au cours desquelles les forces des Nations Unies sur mer et dans les airs jouèrent un rôle vital et prépondérant. Un des principaux délégués communistes aux pouparlers d'armistice en août 1951 affirma que : Sans l'appui de vos forces aériennes et navales ONU, vos forces terrestres auraient été chassées de la péninsule coréenne par nos forces terrestres puissantes et aguerries. Il ne fait aucun doute que l'appui aérien et naval fut vital aux accomplissements des Nations Unies en Corée.
APPUI AÉRIEN
Dès le tout début de la guerre, les forces des Nations Unies jouissaient d'une suprématie complète des airs au-dessus du champ de bataille. Les forces aériennes nord-coréennes furent détruites au cours de l'été de 1950 et l'entrée des forces chinoises dans la guerre en novembre de la même année ne changea rien à la situation. Leurs avions à court rayon d'action, construits en Russie, exigeaient des terrains d'atterrissage en Corée et ceux-ci furent détruits avec succès par des bombardiers américains. Les bombardiers lourds des Nations Unies atteignirent des objectifs aussi loin au nord que le fleuve Yalu, frontière avec la Mandchourie, et infligèrent de lourdes pertes et des dommages énormes aux tunnels. Les chasseurs pilonnaient sans relâche les positions avancées de l'ennemi, le contraignant à déplacer hommes et matériel pendant la nuit, tandis que les reconnaissances aériennes facilitaient la tâche des troupes terrestres des Nations Unies dans leurs opérations.
La participation canadienne à l'effort aérien commença au tout début de la guerre avec le détachement du 426e escadron de transport de l'ARC auprès du Service du transport aérien militaire des États-Unis. En juin 1954, lorsque cette affectation prit fin, cette unité avait effectué 600 vols aller-retour au-dessus du Pacifique, transportant ainsi plus de 13 000 passagers et 3 000 000 kilos de marchandises et de courrier sans subir une seule perte.
Vingt-deux pilotes de combat de l'ARC et un certain nombre d'officiers techniciens ont servi dans la 5e Armée de l'air américaine. Les Canadiens portèrent à leur crédit 20 chasseurs ennemis détruits ou endommagés, ainsi que la destruction de plusieurs trains et camions ennemis.
APPUI NAVAL
La Corée étant une péninsule, elle présentait une situation assez spéciale à l'appui naval. Pour assurer cet appui, un total de huit navires de la Marine royale du Canada (MRC) se joignit à la marine des Nations Unies et à celle de la République de Corée pour exécuter une grande variété de tâches. Ils maintinrent un blocus permanent de la côte ennemie, empêchèrent l'ennemi d'effectuer des débarquements amphibies, protégèrent les porte-avions de la menace d'attaques aériennes et sous-marines et appuyèrent les forces terrestres des Nations Unies en bombardant les zones côtières occupées par l'ennemi. De plus, ils protégèrent les îles amies et apportèrent aide et soulagement aux personnes malades et dans le besoin des villages de pêcheurs isolés de la Corée du Sud.
La destruction de l'armée de l'air nord-coréenne et de sa petite flotte de canonnières au tout début de la guerre avait pratiquement éliminé le danger d'attaques ennemies contre les navires des Nations Unies. Il restait cependant le danger des mines ennemies et des tirs de canons des batteries côtières, ainsi que celui que présentaient la géographie et le climat de la région.
Le 5 juillet 1950, seulement 11 jours après le début des hostilités, les navires Cayuga, Athabaskan et Sioux quittaient Esquimalt sous le commandement du capitaine J.V. Brock. Le 30 juillet, date locale, les destroyers canadiens arrivaient au port de Sasebo, au Japon, prêts à entrer dans la bataille pour établir la tête de pont de Pusan en Corée. Avant la fin de la guerre en 1953, cinq autres navires canadiens devaient aussi servir dans la Division des destroyers canadiens, en Extrême-Orient, au cours de la campagne de Corée : les navires Nootka, Iroquois, Huron, Haida et Crusader.
Comme la force navale canadienne en Corée se composait seulement de destroyers, il fallait habituellement les utiliser séparément. Ce n'est donc que très rarement que les navires canadiens servirent côte à côte dans les eaux coréennes. Ils furent d'abord rattachés au commandement britannique pour maintenir le blocus de la côte ouest, mais ils prirent également leur tour de service dans les opérations près de la côte est.
Dès leur arrivée, les destroyers canadiens furent chargés de fonctions d'escorte et de patrouille, car le besoin immédiat le plus urgent était le transport rapide d'hommes de troupe à la tête de pont assiégée de Pusan. En août, ils se déplacèrent vers la côte ouest de la Corée où ils prirent part au bombardement des positions ennemies et aidèrent au débarquement des forces de la République de Corée dans les îles nord-coréennes. Les trois navires participèrent ensemble à des opérations pour la première fois en septembre 1950 afin d'appuyer les débarquements d'Inchon. Aidés de quelques vaisseaux légers sud-coréens, les navires canadiens avaient pour mission particulière de protéger un flanc de la force d'invasion. Ils exécutèrent cette tâche sans rencontrer d'opposition ennemie.
Après les débarquements d'Inchon et les succès remportés par les Nations Unies à l'automne de 1950, il semblait que la guerre serait bientôt finie, mais l'intervention chinoise transforma complètement la situation. En décembre, des ordres furent donnés afin d'évacuer Chinnampo, le port de Pyongyang, et de préparer le retrait d'Inchon.
Le groupement stratégique du capitaine Brock, la plus grande force navale se trouvant dans la région, se composait de six destroyers, dont trois navires canadiens, deux australiens et un américain. Cette force fut chargée de protéger la flotte de retrait. La situation militaire était grave. Il y avait danger que l'ennemi attaque le port. Par conséquent, les destroyers reçurent l'ordre d'entrer dans le port et d'être prêts à fournir un tir de canon d'appui.
Dès qu'il eut reçu un message décrivant l'urgence de la situation à Chinnampo, à la fin de la journée du 4 décembre 1950, le capitaine Brock ordonna aux six destroyers de remonter la rivière Taedong à la faveur de la nuit afin d'atteindre le port situé à environ 32 kilomètres en amont. C'était une entreprise dangereuse. Le chenal, étroit et peu profond, avait été truffé de mines par les Nord-Coréens. Deux navires s'échouèrent et durent rebrousser chemin pour être réparés. Les quatre autres destroyers, guidés par le Cayuga, continuèrent à remonter lentement et avec précaution le chenal au cours d'un voyage particulièrement harassant dans l'obscurité et à marée basse. Après avoir terminé cette opération dangereuse, la force navale monta la garde contre toute attaque ennemie qui, heureusement, ne se produisit pas.
Une fois les troupes évacuées en sécurité, les destroyers bombardèrent le port afin de détruire les voies ferrées, les installations portuaires, ainsi que d'énormes approvisionnements de matériel stratégique qu'il avait fallu abandonner. Le lendemain, 6 décembre 1950, tous les navires avaient quitté le chenal et le capitaine Brock signalait que sa mission avait été accomplie avec succès.
Du 20 novembre 1950 au début de janvier 1951, pendant que les forces terrestres des Nations Unies subissaient de lourds échecs, les navires canadiens demeurèrent presque continuellement de service le long de la côte ouest. En plus de leur fonction de protection des porte-avions, ils escortèrent les navires marchands, effectuèrent des patrouilles de blocus et assurèrent une protection antiaérienne et un appui général aux forces évacuant Inchon. Le 22 décembre, l'Athabaskan fut retiré du service afin de subir des réparations et des travaux géneraux d'entretien. Le Sioux retourna à Sasebo le 2 janvier afin de se préparer à son retour au Canada, et fut remplacé par le Nootka. Le Cayuga, après avoir établi un record pour le Commonwealth avec 50 jours de patrouille, rejoignit les autres vaisseaux à Sasebo le 8 janvier.
À la mi-janvier 1951, les destroyers canadiens essuyèrent le feu ennemi pour la première fois au cours du Conflit coréen lorsqu'ils se joignirent aux forces des Nations Unies pour bombarder le port d'Inchon, alors aux mains de l'ennemi. Pendant que les navires Cayuga et Nootka quittaient le port d'Inchon le 25 janvier, l'ennemi ouvrit le feu. Heureusement, les canons ennemis étaient imprécis. Les navires firent machine arrière, et avec leurs canons de quatre pouces, firent taire les batteries côtières. Le Cayuga fut à nouveau attaqué par des tirs ennemis lors de son retour à Inchon deux jours plus tard, mais encore une fois, s'en tira indemne tout en poursuivant le bombardement.
À l'exception de ces combats, les premiers mois de 1951 furent assez calmes pour les navires canadiens. Ils consacraient la majeure partie de leur temps à la protection des porte-avions. C'était une tâche difficile, mais généralement sans imprévu. Les destroyers avaient mission de les protéger contre les attaques aériennes et sous-marines et les équipages devaient être toujours vigilants.
Un certain nombre de changements à l'égard des navires canadiens furent apportés au cours du printemps et de l'été de 1951. En mars, le Cayuga rentra au Canada et fut remplacé par le Huron. En mai, le Sioux retourna sur le théâtre de guerre afin de prendre la relève de l'Athabaskan. En juillet et en août, le Nootka et le Huron quittèrent la Corée à destination du Canada tandis que le Cayuga et l'Athabaskan retournèrent pour une deuxième période de service.
La période des offensives et des contre-offensives terrestres qui s'étendit d'avril à juin 1951 fut également une époque fort occupée pour les navires canadiens car ils commencèrent à mener des opérations beaucoup plus fréquentes sur la côte est et à effectuer de plus nombreuses patrouilles de blocus. Une patrouille régulière comprenait habituellement le bombardement des voies ferrées, des routes, des installations d'artillerie et de nombreux autres objectifs.
Sur la côte ouest, la protection des îles ayant une valeur stratégique devint une part importante des opérations des navires de ces unités spéciales. Sur la côte est, le port de Wonsan devint le point central des opérations navales.
Au cours des derniers mois de 1951, pendant que les négociations de trêve se poursuivaient sporadiquement, les forces aériennes et navales assistèrent à un accroissement des combats en raison d'attaques ennemies contre les îles. La chute de Taehwa illustre bien la difficulté de défendre ces îles. Cette île, située à l'intérieur du golfe Yalu à moins de deux kilomètres de deux petites îles aux mains des communistes, était défendue par deux officiers de l'armée américaine et un petit groupe de guérilleros coréens. Pendant plusieurs mois, les destroyers canadiens avaient participé à l'approvisionnement et à la défense de l'île. Puis, dans la nuit du 30 novembre 1951, une flottille de petites jonques en bois et d'embarcations pneumatiques franchit le bras de mer à la dérive pour atteindre les plages du nord. Les destroyers canadiens, munis d'installations de radar modernes, n'étaient pas de service dans le secteur cette nuit-là et, lorsque les embarcations furent détectées, il était déjà trop tard. Les troupes communistes bien armées envahirent rapidement les défenses des guérilleros.
Au début de 1952, la situation en Corée était sombre car les pourparlers de trêve étaient dans une impasse. Les opérations navales cependant se poursuivirent comme à l'habitude pendant toute l'année. Les destroyers canadiens s'occupèrent principalement d'activités de défense des îles, de protection des porte-avions et de patrouilles côtières. Sur la côte ouest, le secteur de Haeju, en particulier, devint le théâtre d'une activité navale canadienne intense. Ce secteur, qui s'étend de l'extrémité est de la baie de Haeju-man jusqu'à l'île de Kirin, se compose d'une agglomération hétéroclite d'îles et de péninsules fortement découpées. Pour le Nootka (revenu sur le théâtre des combats pour prendre la relève du Sioux en février), ce secteur devait être la scène d'une période fort occupée. Pendant qu'il opérait dans le voisinage de Haeju, au cours de la seconde moitié de juillet et des premiers jours d'août, il débarqua quotidiennement des équipes du service des renseignements militaires et à sept reprises se trouva sous le feu de l'ennemi. Heureusement, il n'y eut aucune perte.
C'est en octobre 1952 que la Marine royale du Canada devait déplorer ses premières et seules pertes dans la guerre. Au cours d'une patrouille le long de la côte est, l'Iroquois fut atteint d'un coup direct par une batterie côtière. Trois hommes furent tués et dix autres blessés.
En novembre 1952, le Nootka et l'Iroquois repartirent pour le Canada; l'Athabaskan retourna sur le théâtre de guerre pour y accomplir une troisième période de service, et le Haida s'y rendit pour la première fois. Le Haida était le huitième destroyer canadien à être en service dans les eaux coréennes.
Sur la côte est où le terrain accidenté obligeait les voies ferrées à longer le littoral à maints endroits, les trains ennemis devinrent des cibles de prédilection pour les canons de la marine. Lorsqu'un club de Trainbusters (destruction de trains) fut constitué vers le milieu de 1952, les navires canadiens y participèrent volontiers. Le Crusader se distingua avec une fiche de quatre trains à son crédit. Ensemble, les navires canadiens inscrivirent huit des 28 trains détruits, soit un record hors de proportion du nombre des navires canadiens et de la durée de leur service dans le secteur.
C'est à Noël 1952 que l'on vit pour la première fois depuis le début des hostilités les trois navires canadiens au port. Malheureusement, avant la fin de l'année, ils reprirent une fois de plus les patrouilles pour affronter les dangers des batteries côtières ennemies, les risques de la navigation près du littoral et les caprices désagréables de l'hiver sur la mer Jaune.
Au cours des six derniers mois de la guerre, ce fut le retour aux activités régulières pour les destroyers canadiens. Ils s'adonnèrent à la protection coutumière des porte-avions et aux patrouilles le long de la côte ouest, ainsi qu'à des missions plus dangereuses et exaltantes sur la côte est.
Après la signatue de l'armistice le 27 juillet 1953, la force navale des nations Unies demeura sur place afin d'évacuer les îles qui devaient être remises à la Corée du Nord et d'effectuer des patrouilles opérationnelles de routine. Le dernier destroyer canadien quitta la Corée en septembre 1955.
La contribution de la Marine royale du Canada aux efforts de guerre des Nations Unies en Corée fut importante. Avec seulement neuf destroyers, la MRC a maintenu une force de trois destroyers sur le théâtre des combats pendant toute la campagne. Au moment où l'armistice fut signé, 3 621 officiers et marins de la Marine royale du Canada avaient servi en Corée.
Le 27 juillet 1953, la Convention d'armistice en Corée était signée à Panmunjom, mettant fin à trois ans de combats. La trêve qui y fit suite ne fut pas facile et la Corée demeura un pays divisé. Cependant, l'intervention des Nations Unies en Corée fut un geste d'une signification inestimable. Pour la première fois dans l'histoire, un organisme international était intervenu efficacement grâce à des forces armées multinationales, pour enrayer un acte d'agression. Les Nations Unies sortirent du conflit avec un prestige accru.
Juste avant la fin des hostilités, les deux parties belligérantes avaient atteint le sommet de leurs forces militaires. Du côté communiste, les effectifs totaux étaient évalués à 1 155 000 hommes dont 858 000 étaient des Chinois. De plus, il y avait peut-être quelque 10 000 hommes de troupes soviétiques occupant divers rôles non guerriers. Le commandement des Nations Unies se composait de 272 000 Sud-Coréens et de 266 000 hommes représentant 16 nations différentes. À ces chiffres s'ajoutent des milliers d'autres membres des effectifs affectés au maintien des lignes de communication et à des rôles paramilitaires.
Au total, 26 791 Canadiens ont servi pendant la guerre de Corée et environ 7 000 ont continué à servir sur le théâtre des opérations entre le cessez-le-feu et la fin de 1955. Le nombre de pertes au combat, morts et blessés, des Nations Unies (y compris les Sud-Coréens) se chiffre à environ 490 000. De ce nombre, 1 558 étaient des Canadiens. Les noms des 516 Canadiens morts à la guerre figurent dans le Livre du Souvenir sur la Corée.
La participation canadienne ne constitua qu'une petite partie de l'effort total des Nations Unies, mais elle fut néanmoins considérable. Elle fut plus importante en fonction de la population du Canada que celle de la plupart des nations qui ont fourni des troupes pour constituer la force internationale. Elle marque également une nouvelle étape dans l'évolution du Canada comme nation. La participation canadienne en Corée fut suivie par d'autres opérations de maintien de la paix où l'on vit des troupes canadiennes se déployer autour du monde dans de nouveaux efforts pour promouvoir la liberté internationale et maintenir la paix dans le monde.
ÉLÉMENTS DES FORCES CANADIENNES QUI ONT PARTICIPÉ AUX OPÉRATION DES NATION UNIES EN CORÉE DE 1950 -1953
La Marine royale du Canada (MRC)
L'Athabaskan, Le Cayuga, Le Sioux, Le Nootka, Le Huron, L'Iroquois, Le Crusader, Le Haida
L'Armée canadienne
Lord Strathcona's Horse (Royal Canadians)
2e Régiment de campagne, Royal Canadian Horse Artillery (RCHA)
1er Régiment, Royal Canadian Horse Artillery (RCHA)
81e Régiment de campagne, Artillerie royale canadienne
Le Génie royal canadien
Le Corps des transmissions royal canadien
The Royal Canadian Regiment (RCR)
2e Bataillon
1er Bataillon
3e Bataillon
Princess Patricia's Canadian Light Infantry (PPCLI)
2e Bataillon
1er Bataillon
3e Bataillon
Royal 22e Régiment (R22eR)
2e Bataillon
1er Bataillon
3e Bataillon
L'Intendance royale canadienne
Le Corps de santé royal canadien
Le Corps dentaire royal canadien
Corps des magasins militaires royal canadien
Le Corps du génie électrique et mécanique royal canadien
La Trésorerie royale canadienne
Le Corps postal royal canadien
Le Corps royal de l'Aumônerie de l'Armée canadienne
Le Corps canadien de la prévôté
Service canadien des renseignements
L'Aviation royale du Canada (ARC)
L'escadron no 426 (Thunderbird)
(22 pilotes de l'Aviation royale du Canada servirent avec la 5eArmée de l'air américaine)
LA GUERRE DE CORÉE ET LA MARINE ROYALE DU CANADA
Retiré du service le 15 août 1949, il entre aux chantiers l'année suivante. Converti en destroyer d'escorte, il devient le DDE-213. Il est alors mandaté pour servir en Corée où il effectue deux termes complets d'une année chacun. Il gagne le théâtre de guerre en passant par le canal de Panama. Son premier départ est en décembre 1950. En 1952, il revient au Canada en passant par la Méditerranée, ce qui fait du HMCS Nootka le deuxième navire canadien à effectuer un tour complet du globe, le premier étant le HMCS Québec (C66).
Il effectue trois termes complets en zone de conflit lors de la guerre de Corée. Il revient au Canada en 1954 après l'Armistice. En 1952, entre ses deuxième et troisième termes en Corée, il subit des transformations majeures.
En 1952 et 1953, il effectue deux séjours dans les eaux conflictuelles de la Corée. Le 2 octobre 1952, lors de sa troisième patrouille dans le secteur de Song Jin (Corée du Nord), il devient la cible d'une batterie côtière qui le touche après l'avoir manqué de peu lors de deux tentatives précédentes. L'obus explose contre sa coque à tribord, près de la tourelle B, tuant sur le coup le Capitaine de corvette John Quinn et le Matelot de 3e classe Elburne Baikie, et blessant mortellement le matelot de 3e classe Wallis Burden. Huit autres marins sont également blessés par la détonation. Le lendemain, les corps sont transférés à bord de l’USS Chemong et ramenés au Japon pour y être inhumés avec les honneurs militaires par l'équipage du HMCS Crusader.
Après la Deuxième Guerre mondiale, le HMCS Haida a subi d'importants travaux de carénage et ses systèmes radar, sonar et de communication sont améliorés. Dans les années 1950, il a pour nouvelle mission de participer à la guerre anti-sous-marine. Il est alors converti en destroyer d'escorte et son numéro de fanion passe de G63 à 215. Le réaménagement est achevé en 1952, alors que les tensions de la guerre froide commencent à se faire sentir.
Le Haida sert à deux reprises en Corée entre 1952 et 1954. Il combat aux côtés des forces des pays membres des Nations Unies pour bloquer les voies d'approvisionnement, protéger les porte-avions et détruire les trains d'approvisionnement communistes.
Après une longue période de modernisation, il devient un destroyer d'escorte (DDE-225) et reprend du service afin de participer à la guerre de Corée en 1950. Il effectue trois termes dans les eaux coréennes entre 1951 et 1955. Le HMCS Sioux est le dernier navire canadien à se rendre en Corée.
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